On se souvient de la pharamineuse vente de la collection André Breton (4100 lots) en avril 2003 qui avait rapporté 46 millions d'euros et une polémique nationale. La maison Calmels Cohen qui organisait la vente avait eu la bonne idée de numériser l'ensemble des lots pour en faire un DVD que les chercheurs peuvent aujourd'hui consulter. Je pense qu'on devrait légiférer toute dispersion d'archives historiques en obligeant les acteurs d'une vente à procéder à la numérisation (aux frais de l'Etat) des précieux documents avant qu'ils ne disparaissent définitivement dans le coffre d'un collectionneur. Aujourd'hui, c'est la famille de la première femme de Breton qui met en vente des manuscrits appartenant à l'histoire du surréalisme. La vente aux enchères aura lieu le 20 mai à Paris chez Sotheby’s. Seront proposés aux acheteurs fortunés les lots suivants : le manuscrit final de Poisson soluble (édité par Simon Kra en 1924), un assemblage de textes et de collages estimé entre 200 000 et 300 000 euros; le manuscrit du Manifeste du surréalisme (1924), 21 pages estimées entre 300 000 et 500 000 euros.
29.1.08
Vendez tout!
28.1.08
Retrouvailles avec Madame Rigaut
Sans titre, Allemagne,
1911, collection Gérard Lévy.
Voici une image rigaltienne (et parfaite pour illustrer ce nouveau post) envoyée par mon ami poète Jacques Barbaut dont je n'avais plus de nouvelles depuis longtemps. Comme quoi, ce blog sert aussi à resserrer les liens d'amitié. Du nouveau dans mes recherches. En envoyant, comme une bouteille à la mer, une lettre aux Etats-Unis , j'ai reçu en réponse le courriel d'un membre de la famille de Gladys Barber, la riche américaine qu'épousa Jacques Rigaut en 1926. En 2005, lors de mon voyage de recherches à New York, j'avais trouvé quelques informations sur cette femme capitale dans la vie de J.R., mais je n'avais pas réussi à localiser des membres de sa famille, hormis une arrière-petite-fille qui savait très peu de choses. La personne qui m'a envoyé ce courriel possède deux photos de Gladys qui datent de 1915, mais également des informations sur la personnalité de Madame Rigaut. Bref, une importante pièce du puzzle qui viendra s'emboîter dans les autres...
25.1.08
Le choix de Jean
Octobre 2003, Jean Aebischer, 59 ans, est atteint de tumeurs cérébrales incurables. En stade terminal du cancer, certes, mais pas diminué. Excepté des moments de grande fatigue, il ne ressent aucun symptôme. Il vit presque normalement dans sa maison à Fribourg, en Suisse. Il sort un peu avec sa jeune compagne, Dan, et passe beaucoup de temps en consultation à l’hôpital. Sans espoir de guérison, Jean a pris sa décision : il veut choisir le moment de mourir. Mourir avant de perdre connaissance ou de tomber dans le coma. Mourir avec l’aide d’une association, puisqu’en Suisse l’assistance au suicide a été dépénalisée. Un nouveau diagnostic de ses médecins, prévoyant l’altération prochaine de ses fonctions vitales, va accélérer la mise en œuvre de sa décision.
Il y a dans cette poignante chronique des derniers mois de la vie de Jean des scènes surréelles comme celle du calendrier : avec le Dr Sobel de l’association Exit qui l’accompagne dans cette démarche, Jean fixe la date de son suicide sur un calepin. Après les fêtes de Noël, mais pas trop tard non plus : le 6 janvier 2004. Et bien sûr sa mort, dans la douceur, avec ses derniers mots à Dan : « J’aurais jamais cru que c’était aussi bien. » Acte militant ? Oui, même si Jean ne cherche à convaincre personne. Dignité extrême, liberté et courage surtout. Sans voyeurisme, Stephan Villeneuve et Stéphanie Malphettes ont filmé la fin de la vie et la mort de Jean, mais aussi son amour de la vie quand elle est belle… Ce magnifique film, sobre et bouleversant, aurait mérité d’être accompagné d’un débat.
(Emmanuelle Skyvington)
22.1.08
20.1.08
Death Be Not Proud
Death Be Not Proud
by John Donne
(1572-1631)
DEATH be not proud, though some have called thee
Mighty and dreadfull, for, thou art not so,
For, those, whom thou think'st, thou dost overthrow,
Die not, poore death, nor yet canst thou kill me.
From rest and sleepe, which but thy pictures bee,
Much pleasure, then from thee, much more must flow,
And soonest our best men with thee doe goe,
Rest of their bones, and soules deliverie.
Thou art slave to Fate, Chance, kings, and desperate men,
And dost with poyson, warre, and sicknesse dwell,
And poppie, or charmes can make us sleepe as well,
And better then thy stroake; why swell'st thou then;
One short sleepe past, wee wake eternally,
And death shall be no more; death, thou shalt die.
Ne sois pas fière, ô Mort
Ne t’enorgueillis point, ô Mort, bien que parfois
Dite grande et terrible, car telle tu n’es point ;
Ceux sur lesquels tu t’imagines triompher
Ne meurent, pauvre Mort ; tu ne peux me tuer.
Nous tirons du repos, du sommeil, tes images,
Grand plaisir ; de toi-même en doit sortir bien plus ;
Et nos meilleurs sont les premiers à te rejoindre –
Tu soulages leurs os, tu délivres leurs âmes !
Tes maîtres sont : destin, hasard, rois, furieux ;
Tu demeures avec poison, maladie, guerre ;
Un charme, ou le pavot, peuvent nous endormir
Autant, mieux que ton dard. Pourquoi donc tant d’orgueil ?
Un somme, et nous nous éveillerons éternels ;
Et la Mort ne sera plus ; Mort, tu mourras !
17.1.08
PAN!
Carte Blanche à Tristan Ranx pour la soirée PAN 08
Musique, littérature, performances, peinture, photographie, films, vidéo...
Une soirée sous le signe des confins (interzone) : dadaïsme, poèmes étranges, guerres lointaines, langues exotiques, villes oubliées, zones grises ... Et bal des ardents !
Performances : Cédric Attias, Gamin Rary, Jean-Luc Bitton
Film & vidéo : "voice of the moon" documentaire poétique de Richard Stanley ( Hardware & Dust Devil), vidéo de Pierre Escot
Expos : Mathilde Tixier, Franck Knight, Cédric Attias, Milan Neuman, Vincent Gigot, PiF
Concert : Askan- groupe de gothique norvégien
Gaïa (pop rock )
Lectures : Mathilde tixier, Automne Lajeat, Pierre Escot, Pascal Guy, Tristan Ranx
Mix : Cédric Attias, Franck Knight
VERNISSAGE 15H00/23H00
LECTURES ET CONCERT 18H00
14.1.08
Spéciale dédicace
Daniel Darc sort aujourd'hui son dernier disque "Amours suprêmes". Il l'a dédié à Jacques Rigaut ou plus précisément pour Jacques Rigaut. Pour c'est beaucoup plus fort que à. "Amours suprêmes" est une réussite. Totale.
13.1.08
Quelques mondanités à venir
Francis Picabia
Dessins pour Littérature
Exposition du 10 janvier au 16 février 2008
Un catalogue illustré bilingue sera édité à l'occasion de cette exposition.
Galerie 1900-2000 (David & Marcel Fleiss)
8, rue Bonaparte
75006 Paris
Tél. 01 43 25 84 20
http://www.galerie1900-2000.com
Unconcerned but not indifferent : rétrospective Man Ray
Du 5 mars au 1er juin 2008 de 10:30 à 18:00
La Pinacothèque de Paris présente une rétrospective inédite des oeuvres de Man Ray. Pour la première fois, toutes les facettes de la création de l'artiste seront dévoilées. Une sélection exceptionnelle de près de 250 oeuvres comprenant : dessins, photographies, peintures, sculptures, objets et images personnels provenant directement du Man Ray Trust (Long Island, New York). La plupart d'entre elles seront présentées au public pour la première fois.
Pinacothèque de Paris
28 place de la Madeleine
75008 PARIS
Tarifs
Gratuit (enfants de moins de 12 ans)
Tarif de base - Adulte plein tarif : de 0 EUR à 7 EUR
Tarif réduit : de 0 EUR à 5 EUR
Accès bus : 42, 52, 24, 84, 94
Accès Métro : Madeleine
René Daumal centenaire 1908-2008
Halle Saint Pierre
Montmartre
2, rue Ronsard - 75018 Paris
M° : Anvers, Abbesses, Barbès
Tél. : 33 (0) 1 42 58 72 89
http://www.hallesaintpierre.org/
10.1.08
Des nouvelles de Daniel (3)
Extrait de l'entretien de Daniel Darc avec Christophe Honoré.
Magic Revue Pop Moderne N° 116 janvier 2008
L'ex-chanteur de Taxi Girl n'en finit pas de ressusciter : son nouvel album, une merveille, en témoigne. Rencontre avec le plus classique des rockeurs.
C'est un survivant. Personne ne comprend par quel miracle il est encore là. Des proches affirment que la mort le fuit : il a survécu à tout. Overdoses, ouvertures des veines en direct sur la scène du Palace dès l'époque Taxi Girl, pancréas en loque, misère, vie dans la rue, clochardisation. Son corps, hier à la Noureïev, est désormais cassé en mille morceaux. Le regard est à moitié mort, la silhouette, celle d'un vieillard.
Daniel Darc n'est pas « staracadémique ». Il ferait une bonne pub pour les Narcotiques et (ou) les Alcooliques anonymes. Mais, « dans l'obscurité de ses jours », comme il le dit lui-même, cet homme-là concocte une musique sans équivalent. Des textes d'une perfection humiliante pour tous les auteurs français. Des textes dont la puissance évocatrice est décuplée par la musique idéale d'un Fréderic Lo, déjà coauteur de Crèvecoeur (2004), premier chef-d'oeuvre d'un homme ayant accouché jusque-là d'albums réalisés à la va-vite dans l'unique but d'empocher l'argent nécessaire à l'entretien de ses vices.
Les deux hommes ont réédité l'exploit avec Amours suprêmes, nouveau chef-d'oeuvre inespéré. Les deux albums auraient été conçus afin de « pouvoir enfin entendre quelque chose de digne à la radio, et non pas la nouvelle chanson française », explique Daniel Darc. D'où un immense effort de concentration. « C'est vrai que ces deux albums sont concis, pensés, pas bâclés. Les deux sont composés de 10 morceaux. J'aime les oeuvres qui laissent chacun sur sa faim. C'est pour ça que mes deux auteurs français préférés sont Jacques Rigaud [sic]et Roger-Gilbert Lecomte. On les lit et on se dit : "Pourquoi n'ont-ils écrit que ça ?" C'est ainsi que je conçois les choses. Pas de détails superflus, il faut aller à l'essentiel, comme le faisaient Selby et Bukowski, pour moi les plus grands. »
C'est que Daniel Darc n'est pas le rockeur basique à peine capable, généralement, de citer son petit manuel du Che, Kerouac ou Burroughs. Tout le monde connaît sa vénération pour Drieu (« C'était un salaud, mais enfin pas tant que ça, puisqu'il s'est suicidé ! »), mais moins son amour de Céline et de Benjamin Constant ou de Charles Péguy. « Péguy est mon préféré avec Verlaine. C'est ainsi : je préfère Verlaine à Rimbaud et Tzara à Breton, qui ne m'intéresse pas du tout. »
De même ne soupçonne-t-on pas sa passion du jazz et de la musique classique. « Le rock, c'est trop étroit, il faut voir plus loin. J'aime les compositeurs russes et slaves, Rachmaninov, Lutoslawski, Rimski-Korsakov, Penderecki, mais aussi Mahler, Fauré et Satie. J'aime aussi le jazz, qui fait partie de ma vie depuis si longtemps : John Coltrane (auquel Amours suprêmes fait directement allusion, ndlr), Albert Ayler, Charlie Parker, Don Cherry, Mal Waldron. Ce sont des géants. Mais je pourrais tout aussi bien parler de la country, que j'adore, et dont je suis en train de revenir un peu après l'overdose Johnny Cash de ces derniers mois, même si je le vénère, bien sûr.»
Et puis, il y a le Daniel Darc mystique, que les gens connaissent encore moins, même s'ils ont sans doute vibré en écoutant son adaptation du Psaume 23 sur son précédent album : « Je suis juif à l'origine, enfin à moitié, et je me suis récemment converti au protestantisme. Ça a été quelque chose d'incroyable, et ça l'est toujours, parce que, pour moi, le baptême, c'est chaque jour, chaque seconde. » A celui-là, on demande pourquoi il se détruit autant, aussi méticuleusement, depuis tant d'années, avec l'alcool et l'héroïne. La réponse ne tarde pas : « On me dit que j'ai des problèmes de drogue et d'alcool. J'affirme que j'ai des solutions de drogue et d'alcool. Sans ces solutions, je serais mort. La vie est trop dure pour moi, parfois. » Pourtant, depuis le succès de Crèvecoeur, les choses doivent aller mieux ? « Non. L'argent n'est pas une réponse. D'ailleurs, une fois que j'ai eu remboursé mes dettes, il ne restait plus grand-chose ! Là, je vais en avoir un peu et j'ai envie de me faire plaisir, de m'acheter une guitare et d'aller vivre à l'hôtel, parce que je n'en peux plus du taudis dans lequel j'habite. Et puis, je me dis que, pour mon prochain album, je ferais bien un exercice, à la manière de Perec avec La Disparition : un album entièrement composé de sonnets ! C'est très dur, mais ça me tente beaucoup. » Nicolas Ungemuth dans le Figaro 18/01/2008
9.1.08
What else?
Mon cher éditeur est "ennuyé" par ma demande de rallonge financière concernant mes frais et me fait remarquer (injustement) que j'ai du retard dans la remise de mon texte. Nul besoin d'une calculette pour comprendre qu'en dépit de généreux a-valoirs, dans le cas d'un travail éditorial au long cours, c'est principalement l'auteur qui finance son ouvrage. Aux Etats-Unis, certains éditeurs salarient les biographes, mais nous ne sommes pas aux Etats-Unis et c'est tant mieux pour la plupart d'entre nous. Réaliser la biographie d'un écrivain qui n'a presque rien laissé derrière lui est une gageure mais également un combat long et difficile qui demande un engagement total. Avec mon regretté ami Raymond Cousse, nous avions déjà combattu pour Emmanuel Bove dont on ne savait rien. Je me souviens qu'un "journaliste parisien connu" avait eu l'éphémère velléité de réaliser cette biographie de Bove. Raymond l'avait malicieusement invité à venir lui rendre visite dans sa campagne. L'autre n'avait pas eu la politesse de se déplacer, comprenant avec effroi qu'il aurait fallu qu'il se donne corps et âme à de laborieuses recherches pendant plusieurs années. On me pose souvent la question : pourquoi Jacques Rigaut? pourquoi lui? Souvent ma réponse est une question : pourquoi pas lui? Mon cher éditeur me demande de le rassurer alors que je lui demandais de me soutenir. João Pinto de Figueiredo (1917-1984) a attendu d'avoir soixante ans pour publier deux biographies dont il avait accumulé les matériaux pendant toute son existence. La première s'intitule "La vie de Cesário Verde", un poète portugais. Quant au second et dernier livre, "La Mort de Mário de Sá-Carneiro", il s'agit également d'une biographie d'un autre poète portugais, ami de Pessoa. Bref, une vie d'auteur qui s'achève sur deux livres magnifiques d'une évidente chronologie. Mário de Sá-Carneiro est né à Lisbonne en 1890. Le 26 avril 1916, dans un hôtel parisien, il enfile son smoking, avale de la strychnine et attend la mort. Extrait de "La Mort de Mário de Sá-Carneiro" : " (...) son bref passage sur la terre, aussi dramatique que celui d'un Vaché, d'un Rigaut, ces spectateurs désenchantés de la folie de leur époque, qui n'ont vécu que pour se détruire." What else? Merci à Bertrand Delcour qui m'a conseillé cette lecture.
4.1.08
1.1.08
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