24.12.21

L'esprit de Noël

 


"Le désir, c'est probablement tout ce qu'un homme possède." (Jacques Rigaut) Lord Patchogue et moi-même vous souhaitons un Merry Xmas! 

29.11.21

Pèlerinage

 


Pèlerinage sur la tombe de Jacques Rigaut au cimetière de Montmartre le 6 novembre 2021. 



 

5.11.21

Demain


"Dans la chambre-refuge de la clinique du docteur La Barbinais où Maurice Ronet tourne en rond, le spectateur assiste à la chute de divers objets – une planche contact qui se décroche du mur, une pile de paquets de cigarettes qui s’écroule comme un jeu de cartes, un trench Burberry qui tombe dans la penderie – autant de métaphores de l’effondrement intérieur qui ronge Alain Leroy. Après avoir joué avec son Luger, Alain se met au lit et nous prévient : « Demain, je me tue. » Le lendemain matin, le monde extérieur paraît hostile à son égard : les klaxons des voitures dans les embouteillages, une course de cyclistes qui le frôle, un taxi qui freine brutalement. Tout au long du film, comme dans le trucage cinématographique de la transparence, la ville et ses habitants semblent être un décor flou sur lequel Ronet se détache en premier plan. Il voit monde extérieur à travers la vitre d’un aquarium. Pour Alain Leroy, le monde des vivants est celui des morts. Pour le monde des vivants, il est déjà mort. « Pauvre garçon ! Lui qui était si vivant ! », s’exclame la standardiste de l’hôtel du quai Voltaire. « T’as l’air d’un cadavre », lui dit Jeanne (Moreau). « Je vous présente un revenant », lance Solange Lavaud (Alexandra Stewart). Maurice Ronet est littéralement habité par son personnage et porte le film sur ses épaules. Dans une scène crève-cœur où Alain Leroy demande à son ami Dubourg de l’aider à mourir, Ronet a les yeux vitreux, le regard d’un noyé, insoutenable pour son partenaire qui baisse la tête. » in Jacque Rigaut, le suicidé magnifique, Gallimard, 2019.  
 

22.10.21

"Je t'ai tué Rigaut"

 




"L’« Adieu à Gonzague », ce mea culpa manuscrit de Drieu comporte une dizaine de feuillets écrits quasiment sans ratures ni corrections . Un texte déchirant dans lequel Drieu tente maladroitement de se justifier auprès de son ami pour le portrait assassin qu’il fit de lui, mais surtout pour ne pas l’avoir compris. (…) Au verso de la dernière page du manuscrit, cette phrase isolée où Drieu avoue enfin son crime : « Je l’ai tué je le sais bien, nous mourrons de l’impuissance de nos amis . » Lucide face aux contradictions qui émaillent son texte ou décidé à poursuivre le cycle Rigaut avec plus de consistance, Drieu range son manuscrit inédit dans le tiroir de son bureau, d’où Frédéric Grover son biographe l’exhumera en 1963. Malgré ces aveux sur papier, Drieu n’arrive pas à exorciser sa culpabilité. « Je t’ai tué Rigaut j’aurais pu te prendre contre mon sein et te réchauffer », note-t-il dans son agenda à la date du 5 janvier 1930. Quelques jours avant de commencer à rédiger Le Feu follet, dernier volet de son triptyque du cycle Rigaut, Drieu remercie les parents de J.R. de lui avoir envoyé une photo de leur fils qu’il leur avait demandée. « Mais surtout son image est fixée dans mon cœur . », écrit-il dans sa lettre. » in Jacques Rigaut, le suicidé magnifique, Gallimard 2019

"Ces carnets inédits de Pierre Drieu la Rochelle, rassemblés par Julien Hervier, livrent les derniers secrets de l’un des écrivains les plus brillants et controversés du XXe siècle. D’une étonnante maturité à 16 ans, fasciné par Nietzsche qui oriente sa méditation sur l’art et la civilisation européenne, il semble avoir déjà tout lu. Il affine ses apprentissages intellectuels à Londres et à Paris; il y suit le cursus de l’Ecole des Sciences politiques tout en s’interrogeant avec angoisse sur l’authenticité de sa vocation d’écrivain. » Collection Les Cahiers de la NRF, Gallimard, octobre 2021. 

22.9.21

So long Roland!


Le suicide de Roland Jaccard qui aurait eu 80 ans aujourd'hui,  a provoqué des ondes comme un caillou jeté dans l'eau. Des ondes de tristesse qui ne cessent de se propager au fil des jours. Ceux qui restent vivent cette sortie définitive comme un abandon. On se souvient du dernier mot que laissa le comédien Georges Sanders pour expliquer son suicide : "Je m’en vais parce que je m’ennuie. Je sens que j’ai vécu suffisamment longtemps. Je vous abandonne à vos soucis dans cette charmante fosse d’aisance. Bon courage." Le cinéphile Roland Jaccard connaissait évidemment le flegmatique et cynique Sanders dont il avait lu avec jubilation l'autobiographie Mémoires d'une fripouille. Il aurait également jubilé en découvrant sa revue de presse nécrologique en se disant qu'il avait bien réussi sa sortie tout en plaignant ceux qui restaient dans cette "charmante fosse d'aisance". Je ne saurai jamais si Roland Jaccard avait lu ma biographie de Jacques Rigaut, mais en parcourant son blog (dont la lecture est jouissive),  je découvre qu'il avait évoqué le fondateur de L'Agence générale du suicide dans un post du 12 juin 2021: "Si j’avais dû définir en deux mots mon ami Kobayashi , j’aurais dit qu’il était un pèlerin du néant. Il admirait le poète Jacques Rigaut qui répétait volontiers que le suicide est une vocation."  

P.S. : Une cérémonie d'hommage à Roland Jaccard aura lieu au cimetière du Père Lachaise, salle Mauméjean, le vendredi 8 octobre à 14H30. 


  "A force de le voir reprendre cette apologie {du suicide} sur tous les tons, avec insistance, voire avec complaisance, beaucoup avaient fini par croire qu’il s’agissait seulement d’une posture littéraire, paroles en l’air de dandy nihiliste, qu’aucun acte décisif ne suivrait." Roger-Paul Droit, Le Monde.

"Les dernières années de sa vie, nous nous sommes moins vus. Je trouvais qu’il avait perdu de son humour. Il avait parié sur la victoire de Donald Trump, trouvait Poutine bon chef d’État et virait vers un extrémisme droitier que je ne lui connaissais pas." Tahar Ben Jelloun, Le Point

"Il s’était rapproché de la rédaction de Causeur, où il écrivait parfois. Sur son blog, son dernier article fustige le «concours de bêtises» médiatiques et fait l’éloge d’un presque candidat à la présidentielle française: «Je n’ai jamais caché ma sympathie pour Eric Zemmour», écrivait-il." Eléonore Sulser, Le Temps. 

"Quand vous aimez quelqu’un, vous ne l’écoutez pas, ou vous ne voulez pas le croire. C’est oublier que derrière la désinvolture de Roland, derrière son élégante et éternelle dégaine d’adolescent filiforme, il était d’une terrible rigueur. Il n’épargnait personne de ses sarcasmes et surtout pas lui-même. Mais on se rassure comme on peut, quand on aime. Après tout, un de ses maîtres et amis, Cioran, n’avait-il pas dans toute son œuvre parlé du suicide comme seule solution rationnelle à l’horreur du monde sans jamais passer à l’acte ? " Jérôme Leroy, Causeur

"Ce lundi 20 septembre, à 8h15, j’allume mon ordinateur. Je constate que Roland Jaccard m’a envoyé un mot à 7h38. « Je m’en vais ! Prends le relais ! » Je comprends que mon ami vient de se donner la mort et que ses derniers mots sont ceux d’un testament. " Frédéric Schiffter, Philosophie magazine.

"Convaincu donc, que Dostoïevski avait raison lorsqu’il disait que les hommes préfèrent la servitude à la liberté, le voici revenant sur sa terre natale, à Lausanne, dans cette ville « idéale quand on est très jeune ou très vieux ». N’ayant pas encore décidé s’il s'installait pour de bon, coincé dans cette entre-deux entre Lausanne et Paris, il décide de s’installer dans un Palace." Marc Alpozzo (Ouvroir de réflexions potentielles)

"Dans son dernier livre, autobiographique, il écrivait: "Après l'été, je mettrai un terme à mes tergiversations". Il ne faisait d'ailleurs pas mystère de cette fin possible pour lui. Il s'était aussi plusieurs fois prononcé et engagé pour le suicide assisté." RTS Culture

"Tu es parti en laissant tes amis désemparés, mais tu as retrouvé tes fantômes, bien vivants, qui t'entourent et sont heureux de retrouver un complice fidèle. Tu as mené ta barque comme tu l'entendais, en homme libre, à travers les remous et les faux calmes plats, tirant ta révérence au moment où tu le désirais : tu as tenu parole une dernière fois. So long, Roland !" Blog de Jean-Michel Olivier


"À ce propos, je laisse aux vertueux de cet acabit la tâche de taxer Roland Jaccard d'idéologiquement suspect, estimant personnellement que l'idéologie est un virus mortel pour l'Esprit et n'étant jamais entré, avec Roland, dans aucun débat, ni sur la droite française, dont je me foutais quoique publiant deux livres chez Pierre-Guillaume de Roux, classé par les bien-pensants à l'extrême-droite alors que jamais nous n'avons parlé politique ensemble, et je souriais quand Roland traitait mon ami Jean Ziegler d'arnaqueur, estimant que l'un et l'autre valaient mieux que leurs postures idéologiques respectives." Carnets de Jean-Louis Kuffer. 


"Si le suicide demeure un acte profondément isolé, il n'est jamais cynique. Tout au contraire, ce passage définitif ne s'effectue jamais sans penser à un autre, aux autres, et parfois à tous les autres, contrairement à ce que les idiots complets affirment en évoquant un geste lâche et égoïste.
Mettre fin à ses jours ne saurait s'apparenter à la moindre gratuité, d'autant qu'en la matière il ne s'est jamais agi de prix ni de valeur car celui qui passe à l'acte a déjà pesé l'ensemble de ces piètres considérations et a déjà enduré tout l'insupportable poids du monde. Il nous signifie terriblement qu'il a choisi de s'abstraire d'une impensable et insupportable pesanteur, d'une incoercible douleur. Pourquoi lui en vouloir (on pourrait lui en vouloir longtemps), à moins de ne pas comprendre, de ne pas accepter ce qui est pourtant acceptable bien qu'intolérable ? 
Porter la main sur soi n'est pas innommable : c'est dire que, maintenant, ça suffit." Fabrice Lefaix





20.9.21

Pour Roland Jaccard

 

J’ai appris aujourd’hui la mort de l’écrivain Roland Jaccard (1941-2021). Il aurait mis fin à ses jours au petit matin. Le jour se lève, ça nous apprendra. Avant de baisser le rideau, il a envoyé un ultime message à un de ses amis : « Je m’en vais. Prends le relais ! » Il faudrait se tuer comme on s’en va. Je ne sais plus qui a écrit cet aphorisme, Vaché ? Rigaut ? Dans une de ses lettres, le poète Paul-Jean Toulet interrogeait son correspondant : « Ce que j’ai aimé le plus au monde, ne pensez-vous pas que ce soit les femmes, l’alcool et les paysages ? » Qu’est-ce que Roland Jaccard a aimé le plus au monde ? Probablement les jeunes femmes (souvent asiatiques), les philosophes désespérés (Cioran, Schopenhauer), la tentation du nihilisme et le vertige du suicide.

 Pour paraphraser, Jacques Rigaut, chez les Jaccard, le suicide est une vocation, le père et le grand-père de Roland Jaccard se sont également suicidés. Il est difficile de résister à un tel atavisme, il devient alors plus simple de porter son suicide à la boutonnière. Comme son aïeul, Roland Jaccard s’est suicidé deux jours avant ses 80 ans, un cap qu’il ne voulait pas dépasser. Sur la page Internet du journal helvétique 24 Heures, en dessous de sa nécrologie (rédigée par un journaliste stagiaire) un encart a été publié : « Suicidaire ? Faites-vous aider ! » Quelle ironie du sort, lui qui récemment avait dénoncé un totalitarisme hygiéniste  imposé aux citoyens par les gouvernants sous le prétexte d’une interminable  pandémie. A tous ces idolâtres de la vie, on leur fera lire la réponse ironique mais juste de Henri Roorda, autre écrivain suicidaire lausannois qui portait aussi son suicide à la boutonnière et dont le père de Roland Jaccard fut l’élève : "On attend la mort quand on ne peut plus rien attendre de la vie. Si les lois étaient faites par des hommes charitables, on faciliterait le suicide de celui qui veut s'en aller. Je n'ai jamais compris l'obstination avec laquelle les vivants retiennent dans leur agréable société le malheureux qui voudrait mettre une fin définitive à ses maux physiques ou à son désespoir. Le désespéré  parvient parfois à s'évader. Mais dans bien des cas, la fuite est impossible : des philanthropes surveillent celui qu'ils ont condamné à vivre. Je voudrais que le plus pauvres des hommes fût au moins le propriétaire d'une chose : de sa peau. Les malheureux n'ont pas demandé à venir dans le monde de la lumière. Qu'ils aient au moins le droit de s'en aller." 

  En son temps, Aragon s’était moqué des procrastinateurs du suicide comme Jacques Rigaut qui ne cessait d’écrire et de parler du suicide, jusqu’à dormir avec un revolver sous l’oreiller. Aragon avait tort, Jacques Rigaut (et Roland Jaccard) avaient raison. Comment pourrait-on supporter ce monde (de plus en plus insupportable) sans savoir qu’on a la possibilité de le quitter?

« Le plus beau présent de la vie est la liberté qu’elle vous laisse d’en sortir à votre heure, liberté au moins théorique mais qui vaut peut-être la peine d’être conquise par une lutte acharnée contre la lâcheté et tous les pièges d’une nécessité faite homme, en relation par trop obscure, par trop peu suivie, avec la nécessité naturelle. » (André Breton) 

 Je croisais souvent Roland Jaccard quand je faisais des incursions en territoire germanopratin, à chaque fois il me faisait penser à un oisillon tombé du nid, un peu perdu, comme un touriste qui cherche son chemin dans une ville étrangère. On ne devrait jamais quitter Lausanne. Des amis communs m’invitaient régulièrement à les rejoindre au premier étage du Flore ou dans ce restaurant japonais dont j’ai oublié le nom. Ma hantise des cénacles et ma sauvagerie naturelle m’ont toujours conduit à décliner ces invitations. Aujourd’hui, je le regrette.  J’aurais aimé rencontrer cet homme courageux (le courage, une qualité contemporaine en voie d’extinction) qu’était Roland Jaccard. Rappelons-nous qu’il fut l’un des rares à ne pas renier son amitié avec Gabriel Matzneff, quand ce dernier se retrouva seul contre tous. Des hommes qui ont une telle fidélité dans l’amitié méritent notre respect. Reposez en paix Monsieur Jaccard. Il nous reste vos livres et c'est pas rien.     


   

Belle couverture du numéro 13 de la revue Edwarda qu'aurait appréciée Roland Jaccard.






26.8.21

Un ami de Jacques







Joli documentaire consacré à un ami intime de Jacques Rigaut, le décorateur Jean-Michel Frank qui se suicidera à New York en 1941. 





 

24.7.21

1.7.21

Oslo 31 août

"Ton nom de scène Blondino est tiré du livre « Le Grand Blondino » de Sture Dalhström et ta chanson Oslo est inspirée du film « Oslo, 31 Août » qui est lui même tiré du « Feu Follet » de Drieu La Rochelle. Toutes ces œuvres ont pour point commun une critique du monde bourgeois. Tu réinventes la lutte des classes en chanson ?

Blondino : Pas du tout !

La chanson Oslo existait avant que je prenne le nom de Blondino.

Elle est inspirée par le film Oslo, 31 Août, car j’ai été touchée, voire troublée par le personnage du film qui déambule dans cette ville en quête de sens. Peut-être que certains de ses questionnements ont fait écho aux miens…"

 

3.6.21

Romain Bouteille (1937-2021)


Hommage à Romain Bouteille qui vient de nous quitter. Son apparition inoubliable dans Le Feu follet où il tient le rôle de François Minville, membre de l'OAS, nous émeut à chaque visionnage . Et ce rire incroyable!  "Good old time" cher Romain!  

 v

13.5.21

ça fait plaisir

 


L'écho d'un lecteur trouvé sur Instagram 


13.4.21

Dans la vitrine

 


Jacques Rigaut est à son insu (et probablement à l'insu de la rédaction) dans le magazine Télérama (page 9)  de cette semaine (N°  3717 du 10 au 16 avril 2021) avec en couverture une admiratrice de Jacques Rigaut, Louise Bourgoin pour la saison 2 d'Hippocrate. Merci à la librairie Tschann qui soutient ma biographie depuis sa parution. Une librairie légendaire comme Jacques Rigaut.  

29.3.21

On my radio

Le lundi 22 mars dernier sur les ondes de Radio Libertaire, j'évoquais la vie et l'oeuvre de Jacques Rigaut, dans le cadre de l’émission "Ondes de choc" animée par Jehan van Langhenhoven. Une émission dont le podcast est disponible en téléchargement sur sur le site de la radio .

24.2.21

Revue de presse (sans fin)

 




Belle et pertinente recension par Jean-Paul Goujon dans le dernier numéro de la passionnante et érudite revue Histoires littéraire. Note : concernant le manque de "transitions événementielles" il faut savoir aujourd'hui que ces "respirations" pour le lecteur dans un ouvrage sont souvent dictées par la charte graphique du service de fabrication de la maison d'édition et qu'elles sont parfois allégées pour éviter une trop importante pagination qui entraînerait des coûts supplémentaires dans le devis de fabrication. Une réduction de pagination qui nous a permis de négocier un cahier central iconographique de 16 pages et quelques illustrations hors cahier, véritables bonus pour le lecteur. Beaucoup de biographies aujourd’hui sont malheureusement publiées sans cahier iconographique.