31.12.06
30.12.06
"Jean Eustache aimait le rien"
Portrait de Jean Eustache
J'ai déjà évoqué ici l'admiration du cinéaste Jean Eustache pour Jacques Rigaut. Dans son film mythique "La maman et la putain" Eustache rend un hommage à J.R. dans une scène où Jean-Pierre Léaud mentionne "la secte d'hérétiques dont parle Borges, je crois, et dont la qualité essentielle est dans l'ennui. Pas dans la foi, l'enthousiasme : dans l'ennui, le nul". Léaud sort ensuite une feuille manuscrite de sa poche en disant "d'ailleurs j'ai fait mon autoportrait". Les phrases qu'on peut voir sur cette page sont celles du texte de J.R., le "passeport idéal" : "Cheveux....cheveux, front...front, etc." (Merci à Greg qui m'avait signalé cet hommage pour initiés.)
L'écrivain Jean-Jacques Schuhl, ami du cinéaste, dans le journal Libération du 6 septembre 2005, faisait le lien entre le suicide d'Eustache et celui de J.R. : ""...dans le coeur comme Jacques Rigaut..." A l'occasion de la rétrospective des films d'Eustache à Beaubourg, Schuhl cite à nouveau Rigaut (merci à Jefferson Selve qui m'a envoyé l'info), dans un bel article publié dans le Libération du 13 décembre 2006. Je me dis que je devrais rencontrer l'auteur d'"Ingrid Caven"...
JEAN EUSTACHE AIMAIT LE RIEN
"Tu as bien connu Eustache, tu devrais écrire sur lui !" Celle-là, je l'ai pas mal entendue. Qu'est-ce que ça veut dire ? Les meilleurs nous restent opaques... On apprend après des choses : à 20 ans, il récitait ivre mort des poèmes dans des bars, il se promenait avec un flingue à Pigalle où il se faisait appeler Robert et allait guincher au musette... Une suite de reflets... On n'en sait pas plus après dix ans, vingt ans... On se trompe toujours... Il rêvait d'un penthouse sur la Cinquième Avenue, il était royaliste, à la fin il croyait à l'au-delà, il avait acheté à Genet un scénario, titre : La plus belle ville du monde ne peut donner que ce qu'elle a, et il lui avait filé un chèque sans provision ! Je le revois, c'est comme si c'était hier, il est là, il arrive, son pas chaloupé, la Gauloise bleue au coin des lèvres, mains dans les poches, il aimait bien Gabin, Jean, Gueule d'amour . Son Burberry... Il aimait bien Bogey aussi... et sa Gauloise bleue qu'il allume en plissant les yeux, bleus.
«J'file à Narbonne demain... T'sais... Ils s'apprêtent à détruire le café... Faut que j'tourne vite avant que...» Il avait gardé un peu l'accent de là-bas. [...]
J'ai peine à imaginer deux personnes aussi passives et capables de ne rien faire si longtemps, strictement rien, une longue torpeur dans les bars, que Jean Eustache et moi, du moins en Occident. Non ! C'est pas juste : il jouait, au baccara, beaucoup ! Et puis les filles... beaucoup... de tout : des belles, des moches, des travelos du Bois... N'importe... En rentrant fauché du baccara... Et il a fini par faire un ou deux films. Moi, très longtemps, j'ai continué à ne rien faire. Là-dessus, c'était quand même moi le plus fort, qui ai tenu le plus longtemps. C'est ce qu'il appréciait en moi, je crois, cet aspect ascétique, plus nul que lui. Et puis j'ai cédé à mon tour : il a bien fallu que je commence à vaguement m'y mettre moi aussi... Il n'était plus là, quelques autres non plus, j'étais un peu seul alors à ne rien faire, c'est difficile, je ne suis pas un héros quand même ! Je n'avais plus personne avec qui ne rien dire, ou alors parler pour ne rien dire ! Alors autant un peu travailler, comme les autres.
De toute façon il aimait le rien, le nul, le beaucoup de bruit et puis rien, les foirades, quoi ! Ça devait bien finir comme ça : une annulation. Et bien sûr j'étais complice un ou deux autres, aussi. On voulait lancer un mouvement, nous si immobiles ! Le nullisme ! Il était allé raconter ça au Nouvel Observateur au Festival de Cannes le nul, le nullisme... n'être rien ! quand il a présenté la Maman et la Putain . Au fait, j'y pense : j'y suis dans la Maman et la Putain l'ami d'Alexandre, Charles, aucun doute, c'est moi ! Il fait des trucs de potache, de carabin, débiles, décadents... Non, même pas, juste un simulacre, une velléité : il vole un fauteuil chromé de paralytique dans une cage d'escalier et l'amène chez lui où il y a sur une table un bras artificiel dans la main duquel Charles a placé une rose or terni en plastique... Oh ! So kitsch ! So camp ! So chic !... L'espèce de morbide décadent que j'étais à l'époque... Et Alexandre et Charles reprennent mot pour mot les conversations idiotes à n'en plus finir que j'avais avec Jean : vaut-il mieux manger chaud et boire froid ou manger tiède et boire chaud ou dur et froid ou tout mou... ? Ils finissent après très longtemps par trouver la conclusion : il faut manger mou et boire tiède !
Je revois le sourire éclatant sous les flashs à Cannes au palais, Jeanne d'Arc-Ingrid Bergman remettant le trophée à Jean de France, l'ajusteur électricien... Car s'il se voyait en cloche, nul, ruiné... il aurait, je pense, aimé être cloche nulle ruinée dans un palace «Au Carlyle, t'sais ! Sur Madison Av... Le Russian Tea Room t'sais ! »
Ce n'était pas un caractère... fuyant... pas net... lâche... recherchant l'inconsistance... c'est pas facile... Etait-il même cinéaste ? ! Je n'ose qu'à peine écrire ce mot, il ne lui convient pas. Il me fait sourire, si chargé d'importance, de prestige prométhéen... Il a fait des films, oui... mais... Je lui avais suggéré : «Tu devrais avoir une boutique avec sur la plaque : "Jean Eustache, cinéaste pour Noces et Banquets"» ... Alors là maintenant... quoi faire ? De la pointe mal taillée du crayon ébaucher quelques phrases qui tracent le contour d'une forme plutôt vide, presque une ombre blanche... A quoi ça avance, les souvenirs, la vie... tout ça ? ! Face à son cinéma si neutre, si blanc, toute anecdote semble un effet de mauvais goût, un rien devient haut en couleurs, pittoresque. Ses films si discrets en un sens appellent le retrait. Ou bien alors, comme il l'a fait, laisser parler les autres ?
Cher Jean-Jacques,
Voici quelques raisons pour lesquelles j'ai dédié mon film Broken Flowers à Jean Eustache : Ici, dans ma maison située au milieu d'une épaisse forêt des montagnes des Catskill, il y a la petite pièce où j'écris, et dans cette pièce se trouve une vieille table en bois dont on m'a dit qu'elle a été fabriquée il y a plus d'un siècle comme table de travail d'un cartographe, et c'est là-dessus que j'ai assemblé chacun de mes scripts ( Dead Man , Ghost Dog et plus récemment Broken Flowers ). Au mur sont épinglées des coupures de journaux (nécrologies de William Burroughs, Fela Kuti, et Jean Rouch) et quelques petites photographies (Joe Louis, Robert Mitchum, Geronimo, et Buster Keaton). Mais la seule qui est encadrée, c'est une photo de Jean Eustache sur le tournage de la Maman et la Putain que j'ai découpée dans l'article nécrologique du New York Times remontant à l'automne de 1981. Elle est accrochée tout près du coin où je travaille.
Cette photo jaunie est la raison immédiate qui m'a fait dédier mon film à Jean Eustache. Le script a été écrit très vite en deux semaines et demie, et Jean Eustache semblait, alors plus que jamais, être présent, veillant sur moi pendant que je griffonnais tout le long des nuits (j'écris à la main dans des carnets à dessins et, cette fois, la première chose que j'ai écrite a été : «Pour Jean Eustache») [...].
Pendant que je t'écris ce fax, je suis à nouveau dans ma petite pièce dans les Catskill, et là, tout près de moi sur le mur, il y a cette image d'Eustache accroupi juste à côté d'un tourne-disque aujourd'hui démodé, la cigarette dans une main tandis qu'il fait doucement un geste de l'autre, son visage en partie caché par des lunettes noires et de fins cheveux longs, toute son énergie absorbée par le beau film compliqué qu'il est en train de créer.
Jim Jarmusch
«Comme le bouchon de liège au fil de l'eau», une métaphore qu'Eustache avait un jour employée pour m'expliquer son affinité avec Jean Renoir. Et lui c'était pareil. Il a toujours filmé selon... «Donc tu te dégages/Des humains suffrages/Des communs élans ! Tu voles selon» les circonstances, les commandes, les phrases en vol, les récits effilochés des autres, les soubresauts de la mémoire. «Les choses sont là. Pourquoi les manipuler ?» Il suffit de les recomposer un peu, les rythmer, c'est tout. Cinéma de poésie ! Scribe des autres, ethnologue de lui-même. «Jamais l'espérance Pas d'orietur. Plus de lendemain Braises de satin.»
C'est Rimbaud qui continue. Et le mélange, chez Eustache, de son côté évangélique, catéchisme même, douce France, p'tits clochers, royauté, Jean de France, avec son goût pour le clandestin un peu louche m'évoque l'Enfance, Rimbaud dont le poème Mes petites amoureuses , titre d'un film d'Eustache, commence comme ça : «Un hydrolat lacrymal lave/Les cieux vert-chou...» L'enfant du film va au cinéma voir Pandora , le passage où Ava Gardner sort de l'eau, et je m'autorise cet innocent détournement en sampling : «un hydrolat lacrymal lave Ava Gardner mouillée».
Ça a été Jean le premier. Après, tout de suite, il y a eu Fassbinder et puis très vite Rassam le producteur, que j'ai nommé Mazar dans un roman, je dis ces trois-là parce qu'il se trouve qu'ils ont été proches de moi et que pour eux la vie et le cinéma ne faisaient qu'un, autant dire le réel et le rêve... Et aussi qu'ils ont fini pareil, cloîtrés chez eux sur un lit, au tournant du siècle et moi j'ai gardé, persistante, l'image, comme celle, décomposée, de l'Homme qui court de Etienne-Jules Marey, de ces trois-là, à peu de temps de distance, comme le même trois fois, mais ils ne courent plus : à plat ventre demi-nus sur le lit, les yeux vides encore rivés à un petit écran par terre, ça a été exactement ainsi, tous les trois, comme une parabole dont le titre serait : «Le Cinéma rendant les armes devant la Télévision» . Et c'est vrai, c'est de ce moment-là, j'ai songé, que le cinéma, ça n'a plus été pareil, de l'Art, des fois, sans doute, mais plus un art de vivre, un style de vie.
Louxor j'adore ! Quel rapport ce clip en tube techno-pop interprété par un chanteur dansant en collants et justaucorps pastel que les télés avaient montré et remontré ces derniers temps pouvait bien avoir avec un cinéaste janséniste qui refusait toute imagination et se reconnaissait comme maîtres Bresson et Dreyer ? je me demandais en allant à mon rendez-vous de l'hôtel Montalembert. Tout récemment alors que je préparais cet article, j'étais tombé sur une interview de Philippe Katerine, il avouait une passion pour le cinéma de Jean Eustache. Alors je lui ai téléphoné pour le rencontrer... Et sur Eustache il savait tout... Et sur ce monde d'avant et sur les films : des dialogues par coeur, et des phrases bêtes vite dites il y a longtemps, des surnoms de gens anonymes totalement oubliés étaient passés, grâce au regard, à l'oreille et à la caméra de quelqu'un, dans la tête d'une vedette electro-pop de notre ère colorée ultracellulaire. Et moi, sans doute stimulé par ce court-circuit dans le temps... je parlais... je parlais... d'Eustache... de Picq... son inspirateur, son comparse... et puis de Biaggi... qui, lui aussi, est évoqué dans la Maman et la Putain «Je suis en vert et contre tout» , il dit, vêtu de vert... enfin les bêtises qu'aimait Eustache. Philippe Katerine me regardait un peu sidéré : c'était moi qui faisais le récital...
«C'est pas tout ça, j'ai dit, mais vous ne m'avez pas soufflé mot sur Eustache.
Mais vous n'avez pas arrêté de par...
Oui d'accord mais, pour mon article, j'ai rien de vous alors j'ai une idée... Puisque vous êtes chanteur-compositeur, vous pourriez écrire une chanson sur Eustache, lui, ses films, comme vous voulez, ou même un début de chanson.» Je la collerai dans mon truc, je me disais, comme j'ai collé le fax de Jarmusch... Il a eu une expression curieuse entre l'intérêt amusé et le scepticisme. Et puis il a quitté le Montalembert avec sa valise à roulettes.
Le lendemain j'ai appelé Philippe Katerine et j'ai laissé un message, je regrettais d'avoir trop parlé : «Je suis désolé, j'ajoutais, et en plus j'ai l'impression d'avoir mis trop la pression pour obtenir de vous une chanson sur Eustache...» et que peut-être, à défaut, il pourrait me dire quel genre de chanson il imaginait, même s'il ne l'écrivait pas !
Le jour d'après, j'ai écouté mon répondeur :
«Allô, c'est Philippe Katerine. J'ai eu votre message hier... Je suis à Nantes... J'ai essayé d'écrire un peu mais en vain... Sans la musique... noir sur blanc c'est un peu difficile... Le sujet aussi est difficile... J'étais parti quand même sur ses yeux bleus... Plutôt une chanson d'amoureux sur son physique, ses cheveux longs, ses yeux bleus délavés, ses habits... Quelque chose de plutôt sensuel comme si j'étais une de ses petites amoureuses... J'étais parti là-dessus, sur quelque chose de presque érotique... Comme sur une rock star... J'étais sur ce registre... Si j'écrivais une chanson sur lui, ce serait une chanson d'amour sur son physique, ses yeux, et ce qui en émane...»
Ce qui en émane ? Son «coup du regard», comme on appelait ça avec Picq, et qui en faisait en effet craquer pas mal... La séduction. Mais il y avait un autre regard, celui qu'il avait au tournage et dont m'avait parlé Ingrid Caven qu'il avait dirigée dans Mes petites amoureuses . «Jean était là sur le plateau. On ne l'avait pas entendu venir. Il corrigeait des petits détails ici et là, presque silencieux. Regard à travers la caméra... Chuchotement à Nestor. Il semblait s'absenter, le regard s'éloignait, il nous écoutait depuis un lointain, s'abandonnant à quoi ? Nous abandonnant au "silence, on tourne" de l'assistant.» Il l'avait choisie pour incarner la mère du petit garçon (lui à 13 ans) sans la connaître, pour l'avoir vue au cinéma, c'était la Paloma , elle était Viola, chanteuse d'un cabaret interlope, phtisique diaphane et pâle comme le drap où dans le temps on projetait. Sa mère était Viola. Le petit garçon voulait, face à sa mère, retrouver les sensations éprouvées devant l'écran.
Jacques Rigaut, le poète surréaliste rédigeait ainsi sa fiche anthropométrique : «Nez : Nez ; OEil : OEil ; Bouche : Bouche ; Barbe : Barbe ; Teint : Teint» ... Il écrivait quelque temps avant de se tuer, à 30 ans, d'une balle au coeur : «Je vais vous dire une bonne chose, la perte de la personnalité, c'est la seule émotion qu'il me reste.» Ça peut se dire autrement : Jean Eustache, quelque temps avant de se tuer d'une balle au coeur, vit reclus chez lui, couché, souvent déprimé, devant la télé. Il téléphone à Maurice Pialat qu'il n'a pas vu depuis assez longtemps : «Allô ! Maurice, salut, c'est Jean... Salut ! Ecoute, je vais faire un film, et j'aimerais que tu joues le rôle de moi. Mon pauvre Jean, tu n'y penses pas ! Je vis reclus chez moi, couché, déprimé, devant la télé !» «J'essaie, disait-il, d'une réalité qui existe et qui existe indépendamment de moi, de faire non pas une fiction mais un film.» La vie devenue film ? Sa vie un film, une fine pellicule que, presque comme une décalcomanie, on détacherait de sa peau et qui en garderait la marque ? J'imagine que ce que le film lui restituait, la projection plutôt, un peu immatérielle, fantomatique, c'était sa vie, détachée, immatérielle à son tour, moins pesante, et ailleurs... Le téléphone dans une main, le revolver à deux coups dans l'autre, le magnéto, avec lequel il a enregistré tout et tout le monde, à côté... Et puis les deux coups de feu, la dernière bande continue... Le monde enfin sans lui : il avait dû souvent essayer de s'imaginer cette chose impensable : voir le monde sans soi, pur, enfin lavé de son regard.
En quittant le cimetière, la belle mystérieuse qui avait filé trop vite m'a fait penser au jeu et au hasard, à Eustache et à la roulette... «Non, c'était le baccara...» , m'a fait Picq tandis que nous marchions dans la lumière d'après-midi d'un mois de novembre. A la table de baccara, Gauloise en coin, entre ces petites vieilles habituées qu'il affectionnait... «Banco ! Carte !...» Même à 7 il tirait toujours ! Je crois qu'il aimait dire «Carte !» et puis se retrouver juste off limits ... Et souvent retour d'Enghien, seul dans le vieux car brinquebalant à quatre heures du mat', ruiné ! Oui, il m'avait dit un jour : «C'est quand je rentre après avoir tout perdu que je bande le mieux... !» «C'est quand même un sacré dilemme !» j'ai ajouté, mon vieux fond huguenot qui revenait. «Non ! m'a dit Picq sagement, comme une leçon, il faut perdre ! - Oui ! Voilà ! Toujours tirer à 7 !»
Jean-Jacques Schuhl
23.12.06
Cadeau de Noël
Jacques Rigaut au début des années 20.
Ce détail d'une photographie inédite où se trouve J.R. est un document extraordinaire qui a failli être perdu à jamais. Cette photographie non tirée se trouvait dans un sac avec d'autres négatifs, la personne qui possédait ces précieux négatifs allait tout jeter au moment de mon arrivée... Un document qui, malheureusement, ne sera peut-être pas publié dans la bio si je n'arrive pas à convaincre les ayants droit des personnes qui se trouvent aux côtés de J.R., de m'accorder leur autorisation de publication. Je trouve ce portrait de J.R. fascinant. C'est l'unique photo où on peut le voir sourire. On retrouve son regard malicieux et provocateur à l'instar de celui d'un enfant en train de faire une bêtise.
Ai retrouvé l'un des fils de Victor Crastre qui m'a indiqué où se trouvaient les archives de son père. Des archives inédites dans lesquelles j'ai pu retrouver les lettres de Jacques-Emile Blanche adressées à Victor Crastre où Blanche parle de son secrétaire Rigaut... Je remercie le journaliste et éditeur qui m'a envoyé cette correspondance.
Je vous souhaite à toutes et à tous de Joyeuses Fêtes!
15.12.06
Coup de foudre littéraire
Reçu courrier des ayants droit d'un poète surréaliste. A ma demande ils ont fouillé leurs archives et ont découvert une correspondance dans laquelle J.R. risque d'être mentionné. Un rendez-vous est pris pour début janvier. J'ai déjà évoqué ici le fantastique Journal de Mireille Havet publié par Claire Paulhan. Une biographie de Mireille Havet est en préparation. J'échange des informations avec sa biographe qui hier m'envoie par mail un précieux document qui confirme que J.R et M.H. se fréquentaient. Une brève amitié sous l'influence des stupéfiants.
Les critiques des écrits de J.R. de son vivant sont rares. La plupart des articles de presse sont posthumes. J'ai réussi tout de même à localiser un article (quelques lignes ironiques) dans "le Journal du Havre" en 1921. La Bibliothèque nationale possède la collection originale de ce quotidien régional, malheureusement incommunicable même exceptionnellement : "papier brûlé". Le papier journal vieillit très mal, il jaunit, s'émiette puis finit par tomber en morceaux. La numérisation est le seul moyen de sauvegarder ces journaux qui renferment des pépites pour les chercheurs. Reste à trouver les budgets pour réaliser cet immense chantier de numérisation. Heureusement les Archives municipales du Havre avaient microfilmé ce quotidien et viennent de m'envoyer une photocopie de l'article en question. Les instituts d'archives en province sont souvent plus souples que leurs confrères parisiens. Le chercheur en province ou à l'étranger, même pour un document, devra venir à Paris pour le consulter.
Les recherches permettent de faire des rencontres littéraires en annexe de son sujet principal. Par exemple, en m'intéressant à l'opium, je suis tombé par hasard sur la critique d'un ouvrage d'un certain Maurice Magre : Confessions sur les femmes, l'amour, l'opium, l'idéal, etc... En 1924, à propos de Maurice Magre, le Figaro écrivait : " Magre est un anarchiste, un individualiste, un sadique, un opiomane. Il a tous les défauts, c'est un très grand écrivain. Il faut lire son oeuvre." Voilà quelqu'un qui gagne à être connu.
Autre coup de coeur littéraire, plus proche de nous, l'écrivain Frédéric Berthet (1954-2003) dont j'ai parcouru les premières pages de son Journal de Trêve. Ai ressenti une proximité immédiate et foudroyante avec ses textes. Trop rare pour ne pas le remarquer.
7.12.06
Le feu sous la glace
Il y a des semaines fastes pour un biographe. Grâce à une correspondance inédite je viens de découvrir un article de Victor Crastre qui relate les derniers moments de Jacques Rigaut. Crastre est également l'auteur d'un autre article-hommage intitulé "Sur le suicide de Jacques Rigaut" publié dans la N.R.F du 1er août 1930. Suite à cet article, Crastre fut injustement et violemment pris à partie par les surréalistes qui saluèrent la disparition de leur ami J.R. par un silence assourdissant.
Pour vous lecteurs du blog Rigaut, voici un extrait de cet article : " (...) Son esprit, sa lucide, sa dure intelligence lui restaient; sa vie gardait un aliment : pur comme de la glace, mais le feu brûlant sous la glace. (...)"
Je n'avais pas lu "Jacques Rigaut est vivant!" l'article de Tristan Ranx en réaction à mon hommage filmé du 6 novembre dernier sur la tombe de J.R. au cimetière Montmartre. Ce blog d'érudit qui ne se prend pas au sérieux est à ajouter à vos favoris...
1.12.06
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