Il y a un moment
où l'on se libère de sa biographie
et abandonne alors cette ombre déprimante,
cette simulation qu'est le passé.
Il ne faut plus utiliser
la formule mesquine du même,
ni tenter de poursuivre ses conquêtes,
ni gémir aux bifurcations.
Abandonner sa biographie
et ne pas reconnaître ses propres données,
c'est alléger la charge pour le voyage.
Ou comme accrocher au mur un cadre vide
pour qu'à s'y figer ne s'épuise aucun paysage.
Roberto Juarroz, « Douzième poésie verticale ».
Traduit de l’espagnol (argentin) par Fernand Verhesen.
© E.L.A. La Différence, 1993.