28.10.20

Le retour de La valise vide


Événement ! Les éditions Fata Morgana rééditent « La valise vide » dont la version originale de 1923, parue dans la NRF n’avait jamais été rééditée dans son intégralité. Cette réédition est postfacée par le libraire Jean-François Fourcade qui raconte l’histoire de ce portrait biofictif assassin écrit par Drieu qui a pris pour modèle son ami Jacques Rigaut. « La valise vide » est, selon son biographe Frédéric Grover, « le premier grand texte littéraire de Drieu . » De tous les textes publiés dans ce numéro de la NRF, « La valise vide »s’impose immédiatement comme l’événement littéraire de l’été 1923, du fait de son contenu au relief saisissant et de sa longueur inhabituelle, quarante-quatre pages, qui en font l’axe central de la revue. Dès les premières pages de « La valise vide » le Gonzague de Drieu apparaît au lecteur comme un personnage ectoplasmique (prémices du Feu follet à venir, autre partie, avec Adieu à Gonzague, du triptyque consacré à Rigaut) qui s’épuise en vaines gesticulations et mondanités frénétiques de salonard pour tenter d’oublier la vacuité de son existence. Une version remaniée de « La Valise vide » paraît en septembre 1924 aux éditions Gallimard dans le volume de nouvelles de Drieu titré « Plainte contre inconnu ».Le texte corrigé par Drieu comporte de nombreuses variantes comme la francisation (parfois improbable) des mots étrangers : dancings devient « dansoirs », shakers « choqueurs », pokers « poquères ». L’écrivain a également supprimé plusieurs paragraphes de la version de 1923 publiée en revue dont la fin de la nouvelle qui en 1924 se termine sur une phrase de Gonzague à propos de ses pratiques onanistes : « Un jour, j’ai trouvé que cela même était superflu. » Dans la version originelle de 1923, le dialogue entre le narrateur et Gonzague se poursuit ainsi : « – Un jour, j’ai trouvé que cela même était superflu. Ma vie, par ailleurs, était si parfaitement vaine. / Il baîllait. – Je suis assez navré de tout cela. Je ne demande qu’à être comme tout le monde. – Mais vous êtes comme tout le monde. – Vous croyez ? Bonsoir. »