"L’« Adieu à Gonzague », ce mea culpa manuscrit de Drieu comporte une dizaine de feuillets écrits quasiment sans ratures ni corrections . Un texte déchirant dans lequel Drieu tente maladroitement de se justifier auprès de son ami pour le portrait assassin qu’il fit de lui, mais surtout pour ne pas l’avoir compris. (…) Au verso de la dernière page du manuscrit, cette phrase isolée où Drieu avoue enfin son crime : « Je l’ai tué je le sais bien, nous mourrons de l’impuissance de nos amis . » Lucide face aux contradictions qui émaillent son texte ou décidé à poursuivre le cycle Rigaut avec plus de consistance, Drieu range son manuscrit inédit dans le tiroir de son bureau, d’où Frédéric Grover son biographe l’exhumera en 1963. Malgré ces aveux sur papier, Drieu n’arrive pas à exorciser sa culpabilité. « Je t’ai tué Rigaut j’aurais pu te prendre contre mon sein et te réchauffer », note-t-il dans son agenda à la date du 5 janvier 1930. Quelques jours avant de commencer à rédiger Le Feu follet, dernier volet de son triptyque du cycle Rigaut, Drieu remercie les parents de J.R. de lui avoir envoyé une photo de leur fils qu’il leur avait demandée. « Mais surtout son image est fixée dans mon cœur . », écrit-il dans sa lettre. » in Jacques Rigaut, le suicidé magnifique, Gallimard 2019
"Ces carnets inédits de Pierre Drieu la Rochelle, rassemblés par Julien Hervier, livrent les derniers secrets de l’un des écrivains les plus brillants et controversés du XXe siècle. D’une étonnante maturité à 16 ans, fasciné par Nietzsche qui oriente sa méditation sur l’art et la civilisation européenne, il semble avoir déjà tout lu. Il affine ses apprentissages intellectuels à Londres et à Paris; il y suit le cursus de l’Ecole des Sciences politiques tout en s’interrogeant avec angoisse sur l’authenticité de sa vocation d’écrivain. » Collection Les Cahiers de la NRF, Gallimard, octobre 2021.