Familles, je vous...
Plus j'avance dans mes recherches, plus la silhouette de J.R. sort de l'ombre, comme une photo dont le sujet apparaît peu à peu dans le bain du révélateur. Une sensation enthousiasmante même si j'ai connu ces derniers jours des moments de découragement. Tout d'abord, le cousin retrouvé (après une longue investigation) qui refuse de coopérer. On pense que les années passant, les ressentiments familiaux s'estompent, que nenni! les cadavres dans les placards résistent au temps... Puis, des responsables d'archives qui font du zèle et m'interdisent l'accès à des documents importants. Un moment de plaisir tout de même grâce à Nicole Aboulker, secrétaire de rédaction de la N.R.F., qui me signale un texte de Georges Henein (1914-1973) publié dans le numéro d'avril de la revue, où le surréaliste égyptien mentionne Rigaut.
Extrait : "Plus encore que Jacques Vaché, protégé par un monocle de circonstance, Jacques Rigaut mesurait avec effroi la vanité de toute création littéraire, et, d'autre part, l'impossibilité d'atteindre à cette suprême stérilité d'esprit qui eût été le repos. (...) De Jacques Rigaut on pourrait dire qu'il est l'homme qui se tue faute de pouvoir renoncer au monde, à ses droits sur le monde. Mais ceux qui, partageant ses déchirements, n'ont pas été jusqu'à l'accompagner dans la mort, ceux qui n'ont pas appuyé sur la gâchette, ceux-là ont un choix chaque jour plus restreint entre des solutions dont ils prennent eux-mêmes l'orgueilleux parti de contester la validité." (Georges Henein, Le Caire, septembre 1950)