Eté meurtrier
Je me souviens de ce déjeuner sur l'herbe à l'IMEC avec Claude Rameil qui est mort d'un cancer le 31 juillet dernier. Ce fut notre seule rencontre, mais j'en garde un souvenir lumineux. Nous avions un ami en commun, Raymond Cousse. Suite à ce déjeuner, je lui avais envoyé la revue littéraire dans laquelle je rendais hommage à l'auteur de Stratégie pour deux jambons. Il avait pris la peine de m'écrire : "Le 18 ème Episode m'est parvenu ce matin : je viens de terminer la lecture du dossier Cousse et je vous remercie de m'avoir procuré ce plaisir.(...)" Claude Rameil était beaucoup plus qu'un chercheur, érudit ou spécialiste de Queneau, c'était quelqu'un de bien.
Je me souviens de cette soirée à la maison d'édition Les Petits Matins où j'ai rencontré Alain Deloose qui est mort d'un cancer le 1er août dernier. Il y a des êtres avec lesquels vous avez une amitié immédiate sans blabla. Une sorte de coup de foudre silencieux. C'est ce qui s'est passé avec Alain. Dans son abécédaire, Gilles Deleuze donne une juste définition de l'amitié : "Etre sensible aux signes émis par quelqu'un." Mon grand regret, ne pas avoir été assez sensible à ces signes émis. Par pudeur, cet ami en devenir ne m'avait pas parlé de ses problèmes de santé. Alain m'aura appris une chose importante, dans l'amitié comme dans l'amour, la procrastination n'a pas sa place.
Je me souviens enfin de ma rencontre avec Bernard Rapp qui est mort d'un cancer le 17 août dernier. A l'occasion de la parution de la biographie de Bove dont il avait fait des éloges, il m'avait invité à son émission littéraire "Jamais sans mon livre". C'était la première fois que je "passais" à la télévision. J'étais terrorisé. Grâce à son soutien, je m'en étais bien sorti. C'est grâce à lui également qu'Emmanuel Bove avait trouvé sa place dans la fameuse série "Un siècle d'écrivains".