La grande injustice du dernier festival de Cannes s'appelle "La Grande Bellezza" (La Grande Beauté en VF), le dernier film de Paolo Sorrentino aurait mérité la Palme d'Or qui a été attribuée à un réalisateur dont le démagogue discours de remerciements a déclenché, à juste titre, une vive polémique. On conseillera donc aux lecteurs et lectrices du blog Rigaut de se précipiter dans les salles obscures pour déguster le magnifique film de Sorrentino. Le vrai Gatsby est italien, il s'appelle Jap Gambardella aka l'excellent comédien Toni Servillo. Ecrivain sexagénaire presque sans oeuvre, Jap Gambardella dérive avec élégance dans une Rome sublime et mortifère, méditant sur la vacuité de son existence. Pour tromper son ennui, il organise sur sa terrasse d'incroyables fêtes où le Tout-Rome vient s'étourdir dans une sorte de transe collective alimentée par les drogues et l'alcool qui coule à flots. Le jour se lève, ça m'apprendra, semble dire la moue de l'écrivain désabusé mais juste. Il y a du Jacques Rigaut chez Jap Gambardella. Quand il fait une confidence au spectateur : "J'étais destiné à la sensibilité." Rigaut a écrit lui-même : "Le Désir a été la sensibilité de mon enfance." Quand Jap croise une mondaine et qu'il lui demande son métier, la belle lui répond : "Je suis riche". "Un très beau métier", conclut-il.