21.3.16

Le rideau se lève, ça nous apprendra









Le rideau se lève, ça nous apprendra 

Nous sommes donc allés au théâtre un samedi soir, pour assister à une représentation de la pièce Par-delà les marronniers de Jean-Michel Ribes sur le triptyque des suicidés de la société : Cravan-Vaché-Rigaut. Installés dans les fauteuils confortables de la salle Renaud Barrault, nous observons la salle se remplir peu à peu d'un public plutôt âgé, plutôt bourgeois. Cravan fera-t-il scandale devant ce parterre de lodens et de cheveux argentés? La salle est pleine, le rideau rouge se lève, ça leur apprendra. Ça commence dans les tranchées, avec des explosions d'obus et chants patriotiques. C'est Rigaut qui ouvre le bal des appelés. Vaché et Cravan le suivent de près. Des néons annoncent chaque chapitre. Après la guerre, l'amour, puis l'art et l'ennui, et enfin la mort. Des meneuses de revue ponctuent les thèmes façon French cancan. Gladys Barber et Mina Loy font des apparitions récurrentes. Les décors sont jolis et colorés. Tout était réuni pour passer un bon moment. Qui plus est avec trois excellents comédiens, pour les nommer Michel Fau (Cravan), Hervé Lassïnce (Rigaut), Maxime d'Aboville (Vaché), eh bien! bizarrement la mayonnaise post-dadaïste ne prend pas! On a frissonné un peu, quand une marionnette géante représentant le boxeur Jack Johnson a infligé une sévère correction au poète-boxeur Cravan, mais il faut bien avouer qu'on s'est pas mal ennuyé, même en essayant de se concentrer sur les jolies gambettes des meneuses de revue. On a souri tout de même en reconnaissant quelques bribes de textes des trois poètes. On était même un peu gêné pour Michel Fau quand imitant Cravan lors de sa fameuse conférence américaine, il nous montra son cul. On a fini par attendre avec impatience le dénouement mortel pour nos trois pauvres amis, en songeant que s'ils avaient été dans le public, ils n'auraient pas manqué de jeter sur la scène des tomates mûres, des œufs et de la farine, comme au bon vieux temps dada… Le rideau s'est enfin baissé, ça nous apprendra!