Définitivement, les photographies de Man Ray méritent une observation attentive (voire un agrandissement) qui souvent révèle des détails surprenants que personne jusqu'alors n'avait remarqués. Sur cette célèbre image du groupe dada, Tristan Tzara tient dans sa main gauche un pistolet dont le canon est braqué vers la tête de Rigaut.
31.3.10
Mise en scène
30.3.10
Evelyn & Robert
"On May Day, just after leaving her fiancé, 23-year-old Evelyn McHale wrote a note. 'He is much better off without me ... I wouldn't make a good wife for anybody,' ... Then she crossed it out. She went to the observation platform of the Empire State Building. Through the mist she gazed at the street, 86 floors below. Then she jumped. In her desperate determination she leaped clear of the setbacks and hit a United Nations limousine parked at the curb. Across the street photography student Robert Wiles heard an explosive crash. Just four minutes after Evelyn McHale's death Wiles got this picture of death's violence and its composure."(Girl jumps to death from Empire State Building, magazine Life du 12 mai 1947, p. 43)
29.3.10
MARION
"Lorsque l'enfant était enfant,
il ne savait pas qu'il était enfant,
tout pour lui avait une âme
et toutes les âmes étaient une.
Lorsque l'enfant était enfant,
ce fut le temps des questions suivantes:
pourquoi suis-je moi, et pourquoi pas moi ?
Pourquoi suis-je ici et pourquoi pas là ?
Quand commence le temps et où finit l'espace ?
La vie sous le soleil n'est-elle pas un rêve ?
Ce que je vois, entend, sens, n'est-ce pas simplement
l'apparence d'un monde devant le monde ?
Le mal existe-t-il vraiment et des gens
qui sont vraiment les mauvais ?
comment se fait-il que moi, qui suis moi,
avant de devenir, je n'étais pas,
et qu'un jour moi, qui suis moi,
je ne serai plus ce moi que je suis."
(Peter Handke)
25.3.10
Sainte Mireille
Mireille Havet en 1927
Mireille Havet en 1931
Claire Paulhan publie le quatrième tome du magnifique Journal de Mireille Havet, qui témoigne d'une lente mais vertigineuse descente aux enfers de la « petite poyétesse » d’Apollinaire, méthodique et lucide organisation d'un suicide social (refus radical des conventions) et physique (polytoxicomanie effrénée): “Pas d’argent. Pas de rémission. Pas d’amis. Pas d’explication possible à leur donner qui, désormais, justifie que cet état se prolonge, du reste, et que je sois toujours empêchée de gagner normalement ma vie. Je ne suis plus un enfant qui attire la compassion et un intérêt attendri. Comme les autres, seule comme les autres, un cas entre des millions, sans autre singularité qu’un glorieux et étincelant début et une fin lamentable, complètement anonyme et obscure pour tout ce même monde qui, à 15, 16, 17 et jusqu’à 25 ans même, attendait de moi son divertissement intellectuel principal, m’accordait du génie et, en échange, me promettait une gloire sans précédent. (...) Progressivement, je le répète, comme un rouleau compresseur qui avance, ne connaît aucun obstacle et fait lentement son travail d’heure en heure, la morphine a tout détruit, tout sapé, tout anéanti, et j’ai tout perdu, mon amie, son argent, nos maisons, ma confiance, ma santé, mes années, mon talent, mon courage, ma fraîcheur, l’amour, même l’amitié, la poésie qui s’est retirée de moi comme la mer abandonne un rocher trop ingrat et qui, désormais, déchiqueté, rude, délaissé, presque effrayant dans son isolement dès lors éternel, s’élèvera seul des flots, sans oiseau et sans graine, sans terre surtout pour qu’y germent les graines apportées des oiseaux, sans rien à l’infini et dans l’Eternité que le ciel et la mer, tout deux aussi distants et aussi éloignés de lui.
J’ai tout perdu, ma vie, mon instinct de vivre, ma répugnance du mal, mon goût de me soigner. La morphine, cette écharde invisible du début, est devenue le poignard, la hallebarde qui, à travers mon corps, a transpercé mon cœur et m’a tuée, m’a clouée au sol le plus bas, à la terre boueuse où l’on m’enterrera… enfin ! La morphine, et sa sœur la cocaïne, et l’héroïne son aînée, sept fois plus dangereuse et toxique qu’aucun des poisons, ont peu à peu tout remplacé et maintenant me restent seules.
Comment voulez vous que, n’ayant plus rien, je n’aie pas fait le pacte du diable, de l’âme vendue, avec mes pires ennemies ? C’est pour les acheter que je donne mes derniers billets, que j’emprunte, mendie à n’importe qui. Je vendrai sans doute tout pour cette unique et dominante dépense qui me détruit, comme le vitriol dissout le squelette même de l’homme et ses bagues, car même tous les métaux sont détruits par lui et son acide inguérissable et brûlant.»
Mireille Havet est morte le 21 mars 1932 à Montana en Suisse dans le même sanatorium où son ami René Crevel avait séjourné. Elle sera enterrée au cimetière de Montana. Au fil du temps, sa tombe disparaîtra dans l'anonymat.
20.3.10
Porter la main sur soi
"L'arme braquée par le suicide contre la vie en a toujours raison. Nuls débris, nulles ruines ne peuvent subsister après le passage de cette volonté qui brûle de tout détruire. Mais un tel attentat laisse entière la force de celui qui l'a commis.[...]" (Paul Eluard à propos de Jacques Rigaut)
12.3.10
8.3.10
Mark Linkous (1962-2010)
From the Linkous Family: "It is with great sadness that we share the news that our dear friend and family member, Mark Linkous, took his own life today. We are thankful for his time with us and will hold him forever in our hearts. May his journey be peaceful, happy and free. There’s a heaven and there’s a star for you." - March 6, 2010
"Cheveux fous, lunettes épaisses et démarche claudicante. Mark Linkous n'a pas vraiment changé depuis sa dernière venue à Paris, il y a trois ans. A peine remarque-t-on le sillon de ses rides un peu creusé. D'allure voûtée, l'homme qui se cache derrière Sparklehorse rassemble en lui seul deux styles antinomiques. Le bûcheron au volant de son pick-up croise l'intello hypersensible amateur de poésie et de musique abstraite.
Cloîtré. En quatre disques et près de dix années de rock taciturne, Mark Linkous est devenu une référence discrète et crédible, que l'on débusque au gré d'albums importants. Il a travaillé avec Christian Fennesz, producteur d'une electronica cérébrale. Il a finalisé le dernier disque de Daniel Johnston, l'homme aux huit cents chansons et autant de séjours en hôpital psychiatrique qui chante depuis vingt ans l'amour perdu de Laurie, cette adolescente partie avec un employé des pompes funèbres. Mark Linkous a tourné avec The Flaming Lips. Il est aussi (et surtout) resté cloîtré chez lui, en Virginie, dans cette ferme qu'il occupe avec sa femme Teresa, où deux chevaux côtoient des chats, des lapins et le chien Barko. Enfermé dans sa chambre, au fond de son lit, sans rien faire durant trois ans.
Dreamt for Light in the Belly of Mountain, le quatrième album, clôt une demi-décennie durant laquelle Mark Linkous n'a pas touché terre. Ou très peu, lors de ces rares collaborations en marge de Sparklehorse. Voilà pourquoi le disque flotte et délaisse les balises folk et country qui jalonnaient Good Morning Spider en 1999, ou It's a Wonderful Life, en 2001.
«Submergé». Plus aérien, sans être aéré, d'une mélancolie dénuée d'afféterie, Dreamt for Light... révèle une pop ouvragée aux voix serties d'effets. Précipité sensible d'une rémission : «Il m'a fallu du temps pour reprendre pied. Durant cette dépression, j'étais incapable de composer, d'écouter de la musique, ou même de lire un bouquin. J'ai passé des mois au fond du trou. Le 11 septembre m'a beaucoup affecté : voir mon pays s'enfoncer dans la bêtise avec l'administration Bush aux commandes m'a donné l'impression d'être perdu.C'est arrivé à un moment où j'étais déjà très affaibli : beaucoup de personnes autour de moi sont mortes, des amis très proches ou des membres de ma famille. Je me suis senti submergé, j'avais l'impression que tout le monde devenait fou. Faire de la musique n'avait plus aucun sens.»
Mark Linkous est un habitué des accidents de parcours. Il y a dix ans, une chute dans un escalier, un soir de bringue, l'a collé dans un fauteuil roulant pendant des mois. Il a fallu réapprendre à marcher, s'appuyer sur une canne et accepter de porter à vie une attelle à la jambe. Cette fois, la sortie de crise s'est imposée d'elle-même : «N'ayant plus d'argent, je ne pouvais même pas payer mon loyer. Mon manager m'a envoyé des disques pour que je me remue. Dans la pile, il y avait The Grey Album, de Danger Mouse. J'ai adoré et l'ai appelé. Il m'a alors avoué être fan de Sparklehorse.» La rencontre avec l'un des producteurs hip-hop les plus en vue du moment (Gnarls Barkley, c'est en partie lui) l'oblige à quitter le lit : «Il s'est pointé chez moi et je ne savais pas quoi lui dire. Il a pris possession de mon studio, on a ressorti des vieilles chansons et on s'est mis au boulot. J'ai alors commencé à me dire que j'étais peut-être capable de refaire de la musique.»
Au total, Danger Mouse a produit quatre titres de Dreamt for Light... Il y a Getting It Wrong, comptine minimaliste où Linkous, comme à son habitude, chante à travers un microphone d'enfant. Il y a aussi Don't Take my Sunshine Away, qui ouvre l'album sur des grésillements amnésiques, ou Return to Me, «très difficile à chanter en public, parce qu'elle exprime tant de peine qu'elle en paraît impudique».
Ravalement. Pour les autres titres, Linkous a souvent travaillé seul, notamment sur Some Sweet Day («écrite pour ma première petite amie, morte il y a deux ans»), avant de s'entourer de Dave Fridmann, producteur de Mercury Rev et de Low, et, pour une chanson, de Tom Waits au piano : «C'est la première fois qu'on jouait ensemble. J'avais l'impression de faire un voyage dans le temps.» Précisément à la fin des années 80 quand ce fils et petit fils de mineurs monte à 20 ans un premier groupe, The Dancing Hoods, avec pour modèle Swordfishtrombone, de Tom Waits. Linkous tente sa chance du côté de Los Angeles, puis rentre à la maison et se convertit au ravalement de façades dans une entreprise du bâtiment.
Elevé au bluegrass et à la country, fan de Johnny Cash puis des Sex Pistols, fondateur de Sparklehorse en 1995 au côté du discret Scott Minor, Mark Linkous garde cet attachement à la terre que l'on retrouve dans les romans de Chris Offutt ou Larry Brown. Une manière de s'ancrer les pieds au sol, quand la tête, entre désillusion et peur panique, aurait tendance à dériver : «Je ne peux pas me dire à jamais guéri. Je sais qu'au fond de moi, l'équilibre demeure fragile. Mais je sais aussi qu'en ce moment les choses vont de mieux en mieux. Et je me mets des coups de pied au cul pour que cela continue.»
MASI Bruno / Libération / 2006
6.3.10
Pierre Ubu
"De tous ces gens qui prétendent m'aimer, de ces petites amies, de ces amis, de ces camarades, est-il un seul être qui soit capable de me retenir sur terre, qui ait vraiment besoin de moi et pour qui ma mort serait une mutilation irréparable? La réponse est négative, impitoyablement négative, et pourtant la certitude que nous sommes là pour quelqu'un serait la seule force capable de nous arracher au petit oeil noir, rond et méchant qui, à la fin du Feu follet, fixe le coeur d'Alain dans une éblouissante éternité." (Le défi, Gabriel Matzneff)
Drôle de justice : d'un côté elle laisse en liberté un psychopathe "connu des services de la police" qui a fini par tuer sa conjointe et de l'autre elle menace de prison un ami écrivain à cause de propos publiés sur son blog au sujet de l'affaire Perret/ Léautaud. Je n'ai jamais été sensible à la poésie mièvre et bien-pensante de Pierre Perret. Cette affaire me conforte dans mon opinion à propos de l'auteur du Zizi.... et j'apporte évidemment mon soutien à Bernard Morlino qui risque tout de même la zonzon et une forte amende. Le plus révoltant est le silence assourdissant du monde des Lettres qui souvent se drape dans l'indignation pour moins que ça. Quelques-uns heureusement dénoncent le caractère ubuesque de cette affaire comme Pierre Assouline ou Jérome Garcin. Les dadaïstes qui avaient demandé la peine capitale pour Maurice Barrès et craché sur le cadavre d'Anatole France seraient derrière les barreaux aujourd'hui.
27.2.10
17.2.10
Not If You Were the Last Dandy on Earth
Le mystérieux éditeur singulier vient de rééditer dans un bel ouvrage "Quelques portraits de dandys" (précédé de "Les cannes de M. Paul Bourget") du chroniqueur et "gentilhomme des lettres" Eugène Marsan, un dilettante raffiné, amateur de femmes et de littérature. Extrait de l'émouvant portrait de Barbey d'Aurevilly : "Dans son petit logement de vieil homme de lettres démuni, il vivait entre une armoire à glace, une commode pleine de ses tenues mirobolantes et deux tables, dont l'une était chargée de ses encres multicolores. Impossible de savoir s'il a souffert de vivre ainsi à plus de soixante ans.(...) Le siècle avait changé,et lui non."
3.2.10
DOCUMENTATION
En couverture : "Poison blanc" Police Magazine, 14 décembre 1930. Merci à Emmanuelle Retaillaud-Bajac qui m'a "fourni" de précieux renseignements et informations pratiques sur l'univers des stupéfiants et ses divers protagonistes durant les Années folles.
30.1.10
29.1.10
IS
"Déjà il rêvait à une thébaïde raffinée, à un désert confortable, à une arche immobile et tiède où il se réfugierait loin de l’incessant déluge de la sottise humaine (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 9)
"Ensuite, il vint s'asseoir sur le lit inoccupé, regarda la jeune femme, ajusta l'arme, et se tira une balle dans la tempe droite." (Un jour rêvé pour le poisson-banane, Jérome David Salinger)
25.1.10
23.1.10
19.1.10
Biopic
Bientôt sur vos écrans! un film biographique sur Man Ray, réalisé par Temistocles Lopez. Cherchez le(s) erreur(s) de casting!
Man Ray : Giovanni Ribisi
Kiki de Montparnasse : Christina Ricci ou Emma de Caunes
Marcel Duchamp : Julien Doré
La baronne Elsa von Freytag-Loringhoven : la chanteuse Camille
Berenice Abbott : Diane Kruger
Meret Oppenheim : Virgine Ledoyen
Question cruciale : qui jouera le rôle de Jacques Rigaut? On espère que la production l'a considéré comme un figurant dans la vie de Man Ray.
18.1.10
RIGAU(D)
Jean-Jacques Schuhl par Richard Dumas
A l'occasion de la parution du dernier livre de Jean-Jacques Schuhl, Nelly Kaprièlian, cri-tique littéraire des "Inrockuptibles" a rencontré l'auteur de Rose Poussière. Lors de la retranscription de l'entretien, la fameuse coquille récurrente et intemporelle a échappé une fois de plus à la sagacité du secrétaire de rédaction (s'il en est) et de ladite critique. Le plus amusant se trouve dans les commentaires de l'entretien en ligne où un lecteur internaute s'exaspère : "RigauT avec un T bon dieu, depuis le temps qu'on le rabache ça commence à faire!!!!" comme un écho à la propre exaspération de Rigaut : " (...) Inutilement je lui répéterai que mon nom prend un "t", il l'écrira toujours avec un "d". (...)"
Extrait de l'entretien
Lafcadio, le personnage dadaïste
“C’est un personnage dans un livre de Gide, écrivain que pourtant je n’aime pas. Je viens de me taper Les Caves du Vatican, c’est d’une bêtise ! Mais au milieu, il y a Lafcadio, un bâtard apatride venu des Carpates. Rigaud et Breton aimaient ce personnage, qui m’a intéressé pour son côté dada, il joue tout aux dés, a un côté provocateur glacé, très Tristan Tzara, Francis Picabia. Il m’a fait penser à un dandy punk, à un Yves Adrien d’aujourd’hui, froidement désespéré. Mon livre est placé sous le signe du surréalisme pour le côté onirique, le goût du hasard. Et puis, mon narrateur se comporte comme dans les films surréalistes : ce côté égaré, halluciné, un peu comme Gaston Modot dans L’Age d’or. Avec Henri Troppmann, l’autre fantôme, qui est un personnage du Bleu du ciel de Georges Bataille, ils m’emmènent à la fin dans une maison de jeu. C’est grâce à la fiction et à la littérature que je trouve ma force : à la fin, je rafle la mise au jeu, je rafle la fille, et je vais me mettre à écrire. C’est en me laissant traverser par ces fantômes de papier que je parviens à écrire finalement ce livre. Entrée des fantômes, c’est le triomphe de la fiction.”
Entrée des fantômes (Gallimard), 144 pages, 16,50€, parution le 5 janvier
Pour finir, une petite note so british...l'acteur Hugh Grant interrogé par la presse sur ses projets pour son 50ème anniversaire a déclaré vouloir organiser une grande fête en Suisse puis se rendre chez Dignitas pour se faire euthanasier.
10.1.10
Le Schmilblick
Détail de la photographie de Man Ray
La solution du schmilblick : Jacques Rigaut crucifié par son ami Man Ray tient dans sa main droite une cigarette allumée et dans son pouce une pochette d'allumettes. Merci à Fabrice pour l'agrandissement.
1.1.10
25.12.09
JOYEUSES FETES
Jacques Rigaut crucifié par Man Ray
Un petit détail- mais révélateur de la personnalité de Rigaut - m'avait échappé dans cette photo. Sauriez-vous trouver lequel? C'est Fabrice Lefaix qui m'a indiqué ce détail étonnant en effectuant un agrandissement de l'image haute définition qu'il a réussi à se procurer.
22.12.09
Renaud VS Rigaut
"Assis autour du poêle il y a Jacques Rigaut,
Franquin, Jean-Pierre Chabrol, Prévert et son mégot
Nous parlons de suicide Maurice Ronet arrive
La mort est quelquefois tout un art de vivre"
18.12.09
Seul Ange
Alexandra Stewart dans le Feu follet (1963), de Louis Malle
"Ecoutez, Solange, vous comprenez, vous êtes la vie. Eh bien, écoutez, la vie, je ne peux pas vous toucher. C'est atroce. Vous êtes là, devant moi, et pas moyen, pas moyen. Alors, je vais essayer avec la mort, je crois que celle-là se laissera faire. C'est drôle, la vie, hein ? Tu es une jolie femme, bonne, tu aimes l'amour et pourtant, nous deux, rien à faire, hein ?"
"Au revoir Alain, nous vous aimons bien"
Solange : "Vous avez du coeur."
Alain, très las : "Je ne comprends rien à tout ça. Au revoir, Solange."
Solange : "Allô!"
Alain raccroche. Sourire sceptique. Lassitude. Très gros plan sur lui.
Solange : "Vous avez du coeur."
Alain, très las : "Je ne comprends rien à tout ça. Au revoir, Solange."
Solange : "Allô!"
Alain raccroche. Sourire sceptique. Lassitude. Très gros plan sur lui.
11.12.09
RIGAUD
" (...) Inutilement je lui répéterai que mon nom prend un "t", il l'écrira toujours avec un "d". (...)" (Jacques Rigaut)
2.12.09
"I understand people who do it"
The UK tabloids got a news item landing right on their lap as Morrissey revealed on BBC Radio 4 that he had contemplated suicide before (though not paraphrased like this as the tabloids make their readers believe), and that he considers the act to be "honourable". Speaking to host Kirsty Young, the conversation turned to death, with Young asking Morrissey: "Have you thought about being in control of your death? Have you thought about shuffling off this mortal coil at a time of your choosing?" Morrissey replied: "Yes I have. Yes I have, and I think self destruction is honourable. I always thought was. It's an act of great control, and I understand people who do it." And he continued by saying: "I'm fascinated by the brevity of life and how people use their time, because we all know the actual fall. It's as inevitable as you and I sitting here now, that the Tuesday will arrive when you, Kirsty, are not here. So we all know this fact, and with that in the forefront of our mind in everything we do, I find it fascinating how people spend their time."
Source : side-line.com
Morrissey has revealed that he has contemplated suicide before, and that he considers the act "honourable".
Speaking on BBC Radio 4 programme Desert Island Discs, the singer spoke about his life (and favourite songs) to host Kirsty Young.
At one point in the show, the conversation turned to death, with Young asking Morrissey: "Have you thought about being in control of your death? Have you thought about shuffling off this mortal coil at a time of your choosing?"
Morrissey replied: "Yes I have. Yes I have, and I think self destruction is honourable. I always thought was. It's an act of great control, and I understand people who do it."
Earlier in the programme, Morrissey had again touched on the subject, saying that he was at one with death.
"I'm fascinated by the brevity of life and how people use their time, because we all know the actual fall. It's as inevitable as you and I sitting here now, that the Tuesday will arrive when you, Kirsty, are not here," Morrissey explained. "So we all know this fact, and with that in the forefront of our mind in everything we do, I find it fascinating how people spend their time."
Another part of the show involved the singer choosing a 'luxury item' to take onto a desert island. Morrissey initially made two choices, saying: "I would either take a bed, because I like to go to bed. Or, I would take a bag of sleeping pills, because I might want to make a quick exit."
Young then told him he had to choose between the two, to which he replied:
"I would really take the bed I think, because going to bed is the highlight of everybody's day. I like to be hidden, and I like to sink, and I think we all love to go to bed and we love to go to sleep. It's the brother of death, it means we can just switch out brains off when we go to bed and forget about ourselves hopefully."
Like every Desert Island Discs guest, Morrissey choose a number of his favourite songs, and nominated his favourite work of literature ('The Complete Oscar Wilde').
Morrissey choose the following songs:
New York Dolls — '(There’s Gonna Be A) Showdown'
Marianne Faithfull — 'Come And Stay With Me'
Ramones — 'Loudmouth'
The Velvet Underground — 'The Black Angel’s Death Song'
Klaus Nomi — 'Der Nussbaum – The Walnut Tree'
Nico — 'I’m Not Saying'
Iggy & The Stooges — 'Your Pretty Face Is Going To Hell'
Mott The Hoople — 'Sea Diver'
Of the songs above, he nominated '(There’s Gonna Be A) Showdown' as his favourite.
Source : NME.com
29.11.09
""...dans le coeur comme Jacques Rigaut..." (Jean-Jacques Schuhl)
Jacques Rigaut, Le jour se lève, ça vous apprendra
Préface, André Breton :"Jacques Rigaut 1898-1929"
Postface, Jean-Luc Bitton : "Jacques Rigaut - Chronologie d'une vie"
Editions Cent pages
ISBN: 978-2-9163-9016-1
Parution: 01/09/2009
Nb de pages: 80
Prix: 10 euros
24.11.09
Mort d'un biographe
Je me souviens avoir lu la biographie de Colette par l'Américain Herbert Lottman, pour celle de Man Ray, ma mémoire me joue des tours... Peut-être, y trouverai-je quelques informations inédites sur J.R.? Je dois cette piqure de rappel à Fabrice qui mentionne sur son blog ses récentes lectures. J'aimerais évoquer un autre biographe, celui de Drieu : Frederic Grover. Je l'avais contacté il y a deux ans pour savoir si Rigaut apparaissait dans ses archives. C'est sa femme qui m'avait répondu, son mari ayant été victime d'une récente attaque cérébrale et donc dans l'incapacité de répondre à ma demande d'informations. Frederic Grover est décédé en janvier 2008, je viens de l'apprendre. Son fils lui rend hommage sur son blog. Je n'ai trouvé aucun article ailleurs sur cette discrète disparition.
20.11.09
Daul Kim (1989-2009)
PARIS — Le top model coréen Daul Kim, 20 ans, a été retrouvée morte jeudi dans son appartement parisien, a-t-on appris vendredi auprès de l'agence Next, pour laquelle elle travaillait depuis octobre. Selon une source proche de l'enquête, la jeune femme a été retrouvée pendue jeudi matin dans son appartement du Xème arrondissement. La mannequin, au sommet d'une belle carrière internationale, avait défilé récemment pour Chanel, Dries Van Noten ou Alexander McQueen.Une enquête a été ouverte et aucune des deux agences n'était en mesure de confirmer l'hypothèse d'un suicide. Le blog de la jeune femme (iliketoforkmyself.blogspot.com) affiche une dernière entrée à la date de mercredi, avec le commentaire "Dis bonjour à l'éternité". En dessous, la bande son d'un titre de house suivi de la mention "meilleur morceau pour l'éternité". La jeune femme au visage mutin, encadré de longs cheveux noirs, avait commencé sa carrière en 2006 en Corée-du-Sud, notamment dans l'édition nationale de Vogue. A partir de 2007, elle défile pour de grands couturiers et avait récemment participé à une publicité télévisée pour les magasins britanniques de vêtements Topshop, où elle apparaissait coiffée de longs cheveux blonds.
Source AFP
Extraits du blog de Daul Kim
30 avril 2007
my life as daul was so miserable and lonely.
please join my loneliness in another world.
i love you all.
-daul
KIDDING . im fine. just tired.
8 avril 2007
im not sure if "futurism" is the right word, cos its so overused,
but
i think man ray is the most futuristic photographer
EVER
because.. he did this in the 1920's 30's when no one did it
and i feel that his work is so avantgarde yet soooo comtemporory (Cant spell)
some of his really 20's ish photographs are also really cool.
i love how he looks at objects and his angle and especially portraits
are AMAZING.
i hate how futurism can be done in a skanky cheap- looking way sometimes,
but man ray does it in a tasteful manner
which is why hes one of my many muses.
-daul
A LIRE :
Inside a Supermodel's Suicide
14.11.09
11.11.09
L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty
L'Allemagne était sous le choc mercredi au lendemain du suicide de Robert Enke, favori pour garder les buts de la Mannschaft au Mondial-2010, une tragédie qui a suscité un vif émoi alors que les maux psychologiques dans le sport de haut niveau demeurent un sujet tabou. "J'ai tenté de lui redonner espoir, des perspectives, de lui dire que le foot n'est pas tout (...) J'étais toujours à ses côtés", a expliqué l'épouse du joueur, Teresa Enke, au lendemain de la mort du portier de Hanovre (1re div. allemande).
Le gardien de 32 ans (8 sélections nationales) s'est jeté sous un train mardi en fin de journée, près de Hanovre (centre) où il vivait avec son épouse et la petite fille qu'ils avaient adoptée en mai.
En 2006, le couple avait perdu sa fille de 2 ans née avec une grave malformation cardiaque. Le joueur s'est suicidé non loin du cimetière où elle reposait, et non loin de son domicile.
Robert Enke souffrait de dépression, a également révélé sa femme au cours d'une conférence de presse au siège du club. Depuis 2003 il était suivi par des psychiatres qui ont notamment diagnostiqué une angoisse aiguë de l'échec. Le romancier autrichien Peter Handke a raconté cette exacte situation dans son livre "Angoisse du gardien de but au moment du penalty", adapté pour l'écran par Wim Wenders en 1971.
Dans un pays où le football est profondément ancré dans la culture populaire, l'annonce de la mort de Enke a suscité un émoi sans précédent. Les principales chaînes de télévision consacraient des éditions spéciales à son suicide tandis que son visage s'affichait en Une de plusieurs journaux.
En signe de deuil, le match amical prévu samedi entre l'Allemagne et le Chili à Cologne a été annulé, a annoncé le président de la Fédération allemande de football (DFB), Theo Zwanziger.
Des centaines de supporteurs et d'anonymes se sont réunis dès mardi soir devant les locaux du club de Hanovre pour y déposer des messages et allumer des bougies.
La chancelière Angela Merkel a adressé une lettre de condoléances à la veuve du joueur, a indiqué un de ses porte-parole, Christoph Steegmans, tandis que le président de la Fifa, Joseph Blatter faisait part de son chagrin.
"Je suis immensément triste", a également réagi le "kaiser", Franz Beckenbauer.
"Nous sommes tous sous le choc, les mots nous manquent", a indiqué Oliver Bierhoff, manageur de l'équipe nationale, avant de fondre en larmes en pleine conférence de presse. "Robert n'était pas seulement un excellent joueur mais aussi un être humain épatant (...) Nous avons perdu un ami", a estimé de son côté le sélectionneur national, Joachim Löw.
Le choc est d'autant plus vif que ce suicide met en lumière les errements existentiels d'un footballeur dans un monde de compétition où seules les performances ont droit de cité.
Ce drame intervient quelques semaines après la publication par un ancien international allemand, Sebastian Deisler, 29 ans, d'une autobiographie dans laquelle il raconte les phases de dépression qu'il a traversées durant sa carrière.
Doublure de Jens Lehmann lors de l'Euro-2008, Enke a commencé sa carrière à Mönchengladbach (1996-99), avant de partir au Benfica Lisbonne (1999-2002), puis de rejoindre le FC Barcelone en 2002 qui l'a aussitôt prêté à Fenerbahçe, puis à Tenerife. Il évoluait à Hanovre depuis 2004.
(AFP)
7.11.09
6.11.09
ANNIVERSAIRE (1929-2009)
"Je serai un grand mort" (Jacques Rigaut)
ce 6 novembre 2009 à 00:01
Entre Bertrand Delcour et Vous
"J'y pense tous les jours. J'ai revu le "Feu Follet" il y a 4 jours, j'ai été malheureux comme les pierres : c'est une "hypothèse de moi"; que je ne connais que trop; mais dont j'ai bifurqué. Le suicide reste à la boutonnière, mais j'ai froid, elle est retournée."
"Il y a 80 ans aujourd'hui Jacques Rigaut se suicidait. La tache et la tâche demeurent indélébiles. Pour le XXe siècle "raisonnant", avec le suicide de Trakl, il n'y a pas de plus grande Impasse et cependant & quand même le secret et le mystère terrifiants en demeurent entiers. Il coulera toujours du sang de la mort de ...Rigaut dans les veines de ceux qui n'ont pas de la boue dedans. Du sang qui fait feu. Salud !"
30.10.09
Des nouvelles de l'Agence Générale du Suicide suisse
Tour de vis en vue pour le suicide assisté
Le Conseil fédéral met en circulation deux propositions alternatives: réglementer l’activité des organisations d’aide au suicide ou interdire purement et simplement ces dernières. Dans la première hypothèse, des certificats médicaux seraient exigés et seules les personnes en fin de vie pourraient être aidées.
La gestation a été longue, l’accouchement est abrupt. Le Conseil fédéral met en consultation un projet de réglementation de l’assistance au suicide qui place d’emblée les associations spécialisées sur les pattes de derrière. Deux variantes sont envisagées: une réglementation de leurs activités. Ou leur interdiction pure et simple.
La première solution a, a précisé Eveline Widmer-Schlumpf, la préférence du Conseil fédéral. Ou plutôt de sa majorité: c’est sur le souhait de certains de ses membres que la seconde a été mise en circulation. Mais, assure-t-elle, Pascal Couchepin, qui n’a pas caché ses réticences, répétant hier encore que l’assistance au suicide est «un projet de mort» quand il «préfère les projets de vie», s’est rallié à l’ordre des priorités de la majorité.
Quoi qu’il en soit, seule la première proposition semble avoir des chances de réunir une majorité en procédure de consultation, au point qu’on peut se demander si la seconde n’est pas avant tout là pour faire passer une pilule particulièrement robuste.
Règles de bonne conduite pour le suicide assisté
Seule l’association Exit est prête à signer un texte détaillé, qui définit notamment les personnes qui peuvent prétendre à ses services. Le canton de Zurich espère par cette démarche accélérer les travaux pour une loi fédérale sur l’aide au suicide. Selon la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf, la procédure de consultation devrait être ouverte d’ici à l’automne
Le canton de Zurich, qui appelle de ses vœux depuis longtemps une loi fédérale, fait un premier pas pour tenter de régler l’assistance au suicide. Une convention devrait être bientôt signée entre l’association Exit, qui n’offre ses services qu’à des personnes vivant en Suisse, et le procureur général du canton. Dignitas, l’association de Ludwig Minelli régulièrement accusée de pratiquer un tourisme de la mort, n’est pas de la partie.
Ce document, dont la NZZ am Sonntag a publié des extraits, fixe de manière très détaillée des règles de conduite pour accompagner une personne désireuse de mettre fin à ses jours. Elaboré par le procureur général Andreas Brunner, il se veut un moyen d’assurer des standards minimums de qualité.
Entretiens approfondis
Seize paragraphes sont consacrés à la définition des personnes qui peuvent prétendre aux services d’Exit. Les personnes qui ont recours à l’aide au suicide doivent être capables de discernement, capacité que les médecins impliqués et Exit doivent établir sur la base de plusieurs entretiens approfondis, étalés sur plusieurs semaines. La procédure peut, en cas d’urgence, être raccourcie. Le désir de mourir doit être justifié par des souffrances dues à une grave maladie. Les malades n’ont toutefois pas besoin d’être au seuil de la mort. «La définition de maladie est à prendre dans un sens large et comprend aussi des souffrances dues à un accident ou à un handicap lourd», prévoit notamment l’article 4 cité par la NZZ am Sonntag. Les personnes souffrant de troubles psychiques ne sont pas exclues, même si «une extrême retenue» est recommandée.
Douze «suicides» par an
Pour l’assistance même, la convention prescrit que deux personnes au moins doivent être présentes, dont un accompagnateur d’Exit. Ceux-ci ne devraient pas accompagner plus de douze suicides par année, pour «éviter la routine». Leur dédommagement ne peut pas excéder 500 francs par cas. Le dosage de la substance qui conduit à la mort est aussi fixé: 15 grammes de natrium pentobarbital.
Des règles ont également été fixées pour la police, qui doit venir constater la mort. Il lui est demandé de faire preuve de retenue, et d’éviter d’arriver avec plus de deux hommes sur les lieux. Le collaborateur d’Exit doit remettre un dossier qui résume toutes les étapes jusqu’à la décision finale.
Le Département zurichois de la justice, qui a supervisé la démarche, confirme que le texte est prêt, mais ne veut pas s’exprimer sur son contenu. «C’est une solution transitoire. Le conseil d’Etat zurichois reste favorable à une réglementation fédérale. Cette convention n’a pas la prétention de tout régler de manière optimale», explique Michael Rüegg, porte-parole du Département cantonal de justice. La convention, qui ne s’applique qu’aux cas zurichois de suicides assistés, n’est en effet pas contraignante. Le canton ne dispose pas non plus de mécanismes de contrôle. Le gouvernement zurichois avait ouvert, il y a deux ans, la discussion avec Exit et Dignitas. Cette dernière organisation, qui a toujours refusé de publier ses comptes, s’est vite retirée des négociations. Elle aurait refusé notamment de limiter à douze par année le nombre de suicides par assistant.
Interdiction pas exclue
Exit, sceptique dans un premier temps, est entre-temps prête à signer cette convention. Alors qu’une interdiction des associations d’aide au suicide n’est pas à exclure dans une future loi fédérale, elle veut probablement faire preuve de sa bonne volonté. Selon son président Hans Wehrli, cet accord ne va rien changer à son travail. «Le papier documente notre pratique actuelle», a-t-il déclaré à la NZZ am Sonntag.
Dans le SonntagsBlick, la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf a répété son intention d’ouvrir d’ici à l’automne la procédure de consultation pour une loi fédérale sur le suicide assisté. Même si elle n’est pas favorable à titre personnel à une interdiction, elle compte présenter deux variantes: une interdiction totale et une réglementation qui mette notamment des garde-fous aux procédures accélérées pour des personnes en provenance de l’étranger «On pourrait par exemple exiger deux expertises indépendantes», a-t-elle déclaré.
Couchepin était opposé
La démission de Pascal Couchepin permettra peut-être de faire avancer le dossier. Selon la NZZ am Sonntag, le ministre de la Santé est un farouche partisan de l’interdiction totale des associations d’aide au suicide. Il n’a aucune compréhension non plus pour la convention zurichoise élaborée sous la houlette du conseiller d’Etat socialiste Markus Notter.
n’y a toutefois pas de front radical en faveur d’une interdiction des associations Exit et Dignitas, comme le suggère la NZZ am Sonntag. Le radical zurichois Thomas Heiniger, directeur du Département de la santé, est opposé pour des motifs formels à une convention, car il ne revient pas à l’Etat de conclure un contrat avec des associations privées, précise lundi son porte-parole. D’autant plus que la Direction de la santé doit assurer la surveillance des médecins qui exercent dans le canton. Mais Thomas Heiniger ne veut pas interdire le suicide assisté. Il se retrouve sur la même ligne que son collègue socialiste pour réclamer une loi fédérale qui règle la procédure.
Réglementer l’assistance organisée au suicide
Le Conseil fédéral envoie deux options en consultation
Berne. Le Conseil fédéral entend réglementer explicitement l’assistance organisée au suicide et propose à cette fin deux options de modification du droit pénal : la première consiste à fixer clairement dans le code pénal des devoirs de diligence imposés aux collaborateurs des organisations d’assistance au suicide, la seconde, à interdire l’activité de ces organisations. Il a envoyé ces deux options de modification du code pénal en consultation ce mercredi, accompagnées d’un rapport explicatif. La consultation durera jusqu’au 1er mars 2010.
Le Conseil fédéral n’entend pas toucher à la règlementation actuelle libérale qui autorise l’assistance au suicide lorsque celle-ci ne se fonde pas sur un mobile égoïste. Constatant cependant que les organisations actives dans ce domaine débordent de plus en plus du cadre légal et se soustraient parfois aux mécanismes de contrôle instaurés par l’Etat et par les règles déontologiques, il estime nécessaire de mettre en place des garde-fous et des restrictions. Il s’agit d’empêcher que l’assistance organisée au suicide ne se transforme en une activité orientée vers le profit et de s’assurer qu’elle demeure réservée à des malades en fin de vie et reste inaccessible à des personnes souffrant d’une affection chronique ou psychique. Le suicide doit être la dernière issue, la préservation de la vie humaine demeurant au premier plan. Tant le domaine des soins palliatifs que celui de la prévention du suicide offrent d’autres voies.
Option 1 : devoirs de diligence stricts
Le projet qui a la priorité pour le Conseil fédéral prévoit de compléter les art. 115 du code pénal (CP) et 119 du code pénal militaire (CPM), dont la teneur est identique, par des devoirs de diligence. Les points essentiels de cette option sont les suivants :
Volonté librement émise et persistante
Les collaborateurs des organisations d’assistance au suicide pourront aider une personne à mettre fin à ses jours, sans encourir de peine, s’ils ont respecté toutes les conditions fixées par cette disposition. En premier lieu, il sera nécessaire que le suicidant ait émis librement sa volonté de mourir et que sa décision soit mûrement réfléchie. Cette exigence vise à éviter des décisions impulsives et précipitées.
Deux avis médicaux
Deux médecins indépendants de l’organisation devront attester l’un que le suicidant est capable de discernement, l’autre qu’il est atteint d’une maladie physique incurable dont l’issue sera fatale à brève échéance. Il sera donc exclu que l’organisation aide à se suicider une personne atteinte d’une maladie chronique qui ne mène pas à la mort ou d’une affection psychique. Les soins palliatifs, englobant traitement médical, accompagnement et soutien, doivent permettre à ces personnes de continuer à vivre dans la dignité.
But non lucratif
Celui qui accompagne le suicidant devra en outre lui présenter les autres solutions possibles et en discuter avec lui. Le médicament utilisé pour amener la mort sera prescrit par un médecin, ce qui présuppose que ce dernier pose un diagnostic et une indication, en vertu des devoirs et de l’éthique professionnels du corps médical. L’accompagnateur ne devra pas poursuivre un but lucratif, c’est-à-dire qu’il lui sera interdit d’accepter une contre-prestation excédant la couverture des frais occasionnés par sa prestation. Cette condition garantit qu’il n’agit pas pour des motifs égoïstes et qu’il place au premier plan la volonté d’aider la personne désireuse de mourir. L’organisation d’assistance au suicide et ses collaborateurs devront enfin établir une documentation complète sur chaque cas, afin de faciliter une éventuelle enquête des autorités de poursuite pénale.
Le Conseil fédéral est convaincu que ces devoirs de diligence empêcheront les dérives et les abus dans le domaine de l’assistance organisée au suicide et endigueront le « tourisme de la mort ».
Option 2 : interdiction de l’assistance organisée au suicide
Le Conseil fédéral propose cependant en parallèle un projet d’interdiction de l’assistance organisée au suicide. Cette option repose sur l’idée qu’une personne agissant dans le cadre d’une organisation ne peut être mue par des motifs purement altruistes ni développer une proximité suffisante avec la personne qui désire se suicider.
SOURCE : LETEMPS.CH 29 octobre 2009
25.10.09
"Seuls ceux qui vont mourir savent toucher un homme s'il est vivant." (Jacques Rigaut)
C'est un anniversaire de décès publié dans le carnet du Monde qui m'a mené jusqu'à deux films en ligne sur le Net. L'annonce publiée dans Le Monde concernait le réalisateur Michel Bongiovani disparu il y a dix ans et était accompagnée d'une adresse web à laquelle était visible le premier film, la lucide et émouvante confession d'un homme atteint d'une maladie mortelle, envisageant son mal comme l'aboutissement d'une lente maturation volontaire, une sorte de lent suicide. On songe à la thèse de l'écrivain suisse Fritz Zorn développée dans Mars, son unique livre, où il explique son cancer comme la conséquence d'une éducation anxiogène.
Extrait :
"Je suis jeune et riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé‚ et seul. Je descends d'une des meilleures familles de la rive droite du lac de Zurich, qu'on appelle aussi la Rive dorée. J'ai eu une éducation bourgeoise et j'ai été sage toute ma vie. Ma famille est passablement dégénérée, c'est pourquoi j'ai sans doute une lourde hérédité et je suis abîmé par mon milieu. Naturellement j'ai aussi le cancer, ce qui va de soi si l'on en juge d'après ce que je viens de dire. Cela dit, la question du cancer se présente d'une double manière : d'une part c'est une maladie du corps, dont il est bien probable que je mourrai prochainement, mais peut-être aussi puis-je la vaincre et survivre ; d'autre part, c'est une maladie de l'âme, dont je ne puis dire qu'une chose : c'est une chance qu'elle se soit enfin déclarée. Je veux dire par là qu'avec ce que j'ai reçu de ma famille au cours de ma peu réjouissante existence, la chose la plus intelligente que j'aie jamais faite, c'est d'attraper le cancer. Je ne veux pas prétendre ainsi que le cancer soit une maladie qui vous apporte beaucoup de joie. Cependant, du fait que la joie n'est pas une des principales caractéristiques de ma vie, une comparaison attentive m'amène à conclure que, depuis que je suis malade, je vais beaucoup mieux qu'autrefois, avant de tomber malade. Cela ne signifie cependant pas que je veuille qualifier ma situation de particulièrement agréable. Je veux dire simplement qu'entre un état particulièrement peu réjouissant et un état simplement peu réjouissant, le second est tout de même préférable au premier."
Le second film était l'écho bouleversant du premier : des extraits d'entretiens avec la comédienne Jeanne Lise Solar réalisés par le frère de Michel Bongiovani. Quelques jours après ces entretiens, la jeune femme mettra fin à ses jours. On regrette que Philippe Sollers ne se soit jamais déplacé pour voir la comédienne sur scène, mais peut-être ne méritait-il pas l'admiration que lui portait cette femme magnifique.
CORPS ROMPU (2003)
3 ANS AVANT SA MORT (LE 21 OCTOBRE 1997), MICHEL BONGIOVANNI RACONTE COMMENT, PAR DÉGOUT DU MONDE, UN INDIVIDU EN VIENT A FABRIQUER SON CANCER ET A PRÉPARER SA DISPARITION. VOIR LE FILM
EMMENEZ MOI DORMIR (2004)
QUELQUES JOURS AVANT SON SUICIDE, JEANNE LISE SOLAR, S’ENGAGE A CORPS PERDU DANS UNE CONVERSATION LUMINEUSE SUR LA PASSION ET LA CRÉATION. VOIR LE FILM
Miracle à Nantes
Le buste retrouvé de Jacques Vaché
"Savez-vous ce que sont devenues les très singulières aquarelles et cartes postales qu’il exécutait ? Il me semble que quelques-unes d’entre elles étaient en possession d’un jeune (alors) sculpteur du nom de Herbrant, qui avait exécuté le buste de Jacques. Autant que je me rappelle, ce buste, sans qualité artistiques particulières, était assez ressemblant. Serait-il demeuré dans votre famille ?"(Lettre d'André Breton à Marie-Louise Vaché, 25 août 1949)
Thomas Guillemin, auteur d'un site passionnant consacré à Jacques Vaché, m'informe qu'on a retrouvé un buste du dandy des tranchées chez un particulier nantais, une sculpture que Breton mentionnait dans une lettre à la soeur de Jacques Vaché. Une bonne nouvelle qui confirme encore une fois que le temps joue en la faveur des chercheurs. Stéphane Pajot, auteur d'un livre sur la mort de Vaché, raconte dans le journal Presse Océan cette miraculeuse (re)trouvaille. On peut voir l'artefact jusqu'au 27 février 2010 à la médiathèque de Nantes dans le cadre de l'exposition « En route mauvaise troupe, Nantes et le surréalisme ».
19.10.09
Le projet de Thomas

C’était il y a dix ans, le 2 octobre 1999. Seul dans l’appartement de sa mère, à Neuchâtel, Thomas se donnait la mort d’une rafale de fusil d’assaut. Le jeune homme laissait à ses proches, en guise de testament, quinze heures d’enregistrement vidéo retraçant les sept derniers mois de sa vie. Poignant et dérangeant, ce témoignage est aujourd’hui au cœur du film «Tabou», d’Orane Burri, diffusé demain sur la TSR.
Thomas avait 22 ans. Passionné de cinéma, il tournait des courts-métrages avec ses copains. Mais dans les derniers mois de sa vie, sa caméra lui a surtout servi de confidente: tous les jours ou presque, Thomas s’est filmé dans l’intimité de sa chambre, en cachette. A la caméra, il a confié tout ce qu’il ne voulait pas avouer à ses proches: son mal-être, sa frustration, sa résolution de mourir. Et son étrange excitation face à «ce projet très grave, très beau, très grand».
«Cela fait des années que j’y pense, j’ai décidé d’en finir. » Dès le premier enregistrement, daté du printemps 1999, Thomas annonce qu’il n’attend plus rien de la vie. «Mon rêve absolu, c’est d’être réalisateur de films. Mais je ne vais pas y arriver. Je ne fais presque rien depuis mon bac. Ce qui me dérange, c’est de n’arriver à rien artistiquement. Si je n’y arrive pas maintenant, quand est-ce que j’y arriverai?»
Au sentiment d’être un raté s’ajoute la déception amoureuse. C’est là qu’intervient Orane Burri, à l’époque âgée de 17 ans. «Orane, c’est une jeune fille qui fait de la vidéo», résume Thomas dans un de ses premiers enregistrements. Ils se sont rencontrés lors d’un concours de jeunes réalisateurs. Elle l’obsède, mais se refuse à lui. «Je n’arrête pas de penser à elle. Je vis complètement dans les fantasmes et je suis frustré parce que ça loupe à chaque fois. Cette histoire, je vais en parler jusqu’à la fin de ma vie. »
Convaincu que sa vie est un échec, Thomas a décidé que sa mort sera un chef-d’œuvre. Son «grand projet», comme il le désigne, c’est de tout faire pour que son suicide surprenne et impressionne son entourage. Il va donc s’employer à ne rien laisser paraître de son mal-être autour de lui. Surtout, il va s’employer à tout planifier, avec une rigueur méthodique et un apparent détachement. On le voit ainsi disserter sur le moment le plus opportun pour se donner la mort: «Je ne vais pas me tuer au milieu de l’été. Les gens seront en vacances, ça n’intéressera personne. J’hésite à le faire plutôt à la rentrée. » Plus tard, il confie à la caméra que «s’ouvrir les veines, c’est le sommet du romantique, avec la pendaison».
Mais le plus important, dans cette mise en scène macabre, ce sont les enregistrements. Thomas sait que le témoignage vidéo qu’il laisse à ses proches provoquera la stupéfaction et l’émotion: «Quelqu’un fera peut-être quelque chose de ces cassettes un jour, un film, un vrai film. » Plus tard, il ajoute: «Ce que je veux, c’est laisser une trace derrière moi. Je veux que les gens trouvent incroyable ce que j’ai fait. C’est totalement égocentrique. »
Mais le plus important, dans cette mise en scène macabre, ce sont les enregistrements. Thomas sait que le témoignage vidéo qu’il laisse à ses proches provoquera la stupéfaction et l’émotion: «Quelqu’un fera peut-être quelque chose de ces cassettes un jour, un film, un vrai film. » Plus tard, il ajoute: «Ce que je veux, c’est laisser une trace derrière moi. Je veux que les gens trouvent incroyable ce que j’ai fait. C’est totalement égocentrique. »
Obsédé par la réussite de son «projet», Thomas semble peu se soucier de la souffrance des autres. Lorsqu’il songe au moment où sa mère trouvera son cadavre, il admet que «ça va peut-être détruire sa vie», mais il ajoute: «C’est ma vie. Je m’en fous pas mal de ce que ça fait aux autres. »
Là est toute l’ambiguïté de ce témoignage, à la fois bouleversant et choquant. Comment ne pas se sentir ému par le désespoir de Thomas, et en même temps mal à l’aise devant ce besoin de mettre en scène son suicide? Ses proches eux-mêmes s’avouent encore déroutés par le geste de Thomas. «Il a caché à tout le monde son intention suicidaire, raconte la réalisatrice Orane Burri, 27 ans. Un jour, j’ai cru sentir qu’il projetait quelque chose de sombre et je lui ai demandé s’il n’avait pas l’intention de faire une connerie. Il a répondu non avec un grand sourire. Personne ne devait l’empêcher d’aller au bout de son projet. »
Là est toute l’ambiguïté de ce témoignage, à la fois bouleversant et choquant. Comment ne pas se sentir ému par le désespoir de Thomas, et en même temps mal à l’aise devant ce besoin de mettre en scène son suicide? Ses proches eux-mêmes s’avouent encore déroutés par le geste de Thomas. «Il a caché à tout le monde son intention suicidaire, raconte la réalisatrice Orane Burri, 27 ans. Un jour, j’ai cru sentir qu’il projetait quelque chose de sombre et je lui ai demandé s’il n’avait pas l’intention de faire une connerie. Il a répondu non avec un grand sourire. Personne ne devait l’empêcher d’aller au bout de son projet. »
«Je ne savais rien de ce qu’il faisait, poursuit Eva Putsch, la mère de Thomas. Il était gai, joyeux, plein d’humour. Il a sciemment caché toutes les traces de ce qu’il préparait. Il nous a tous manipulés. » Pour elle, c’est une «fierté malsaine» qui a poussé son fils à mettre en scène sa mort: «Il a laissé cette vidéo pour qu’on en fasse quelque chose. Il voulait un bout d’immortalité. Il voulait se tuer mais il ne voulait pas mourir. »
Ce n’est qu’en 2003 qu’Orane Burri s’est décidée à visionner les enregistrements de Thomas et à en faire un film. Mais comment utiliser ce témoignage? «Un des pièges, c’était justement l’ambiguïté du personnage de Thomas. Il y avait de sa part une certaine volonté qu’un film existe. Il imaginait sans doute un film totalement centré sur sa personne. Mais, pour moi, il était hors de question de glorifier le personnage. Je n’ai pas fait ce film pour obéir à sa dernière volonté mais pour aider les gens à comprendre ce qui peut pousser un jeune homme à se donner la mort. A ce titre, le témoignage de Thomas est unique, parce qu’il montre les réflexions d’un suicidaire de l’intérieur. » Directrice de l’unité des documentaires de la TSR, Irène Challand renchérit: «Le film a de quoi provoquer le malaise, mais il montre bien comment un jeune se laisse prendre au piège de ses intentions suicidaires. C’est pour cela que nous l’avons choisi, pour ouvrir le débat autour de cette question encore taboue. »
Ce n’est qu’en 2003 qu’Orane Burri s’est décidée à visionner les enregistrements de Thomas et à en faire un film. Mais comment utiliser ce témoignage? «Un des pièges, c’était justement l’ambiguïté du personnage de Thomas. Il y avait de sa part une certaine volonté qu’un film existe. Il imaginait sans doute un film totalement centré sur sa personne. Mais, pour moi, il était hors de question de glorifier le personnage. Je n’ai pas fait ce film pour obéir à sa dernière volonté mais pour aider les gens à comprendre ce qui peut pousser un jeune homme à se donner la mort. A ce titre, le témoignage de Thomas est unique, parce qu’il montre les réflexions d’un suicidaire de l’intérieur. » Directrice de l’unité des documentaires de la TSR, Irène Challand renchérit: «Le film a de quoi provoquer le malaise, mais il montre bien comment un jeune se laisse prendre au piège de ses intentions suicidaires. C’est pour cela que nous l’avons choisi, pour ouvrir le débat autour de cette question encore taboue. »
Source : Le Matin.ch 12/10/2009
Rendons à César ce qui est à César, "Tabou" est avant tout un film de Thomas Mendez. Orane Burri n'est qu'une passeuse (à son insu) de l'unique film de Thomas. Une passeuse qui n'a pas vraiment saisi toute la profondeur du personnage en se mettant maladroitement en scène dans le film de Thomas. Reste la force des images et des propos de ce jeune homme qu'on a sous-estimé. Dans certaines scènes, Thomas Mendez fait beaucoup penser à Alain Leroy du "Feu follet", par exemple quand il évoque les certitudes et l'incompréhension de ses amis, on ne peut s'empêcher de songer à l'échange entre "ce cafard de Dubourg" et Alain :"Si tu es mon ami, tu m'aimes comme je suis, pas autrement." Les derniers mots qu'envoie Thomas à un ami sont aussi poignants que ceux qui s'inscrivent en surimpression sur le visage figé d'Alain Leroy à la fin du "Feu follet" : " Aime, hais, sois fort, sois faible, souffre ou envole toi, mais aie le bonheur que je n'ai pas su trouver : vis. Thomas."
Pour regarder le film de Thomas, cliquez ICI.
Pour regarder le film de Thomas, cliquez ICI.
1.10.09
Nadja ou la suicidée du surréalisme
Voici ce qu'écrivait, en 1995, Mark Polizzoti, le biographe d'André Breton, à propos du mystère (entretenu) de la véritable identité de Nadja : "Malgré mes efforts, je n'ai pu identifier le nom de famille de Nadja. Il est vrai que rares sont les personnes qui aujourd'hui connaissent ce nom : quelques intimes de Breton ou des membres de la profession psychiatrique. Il demeure que le secret est jalousement gardé comme s'il s'agissait d'une affaire d'état. Les surréalistes justifient le plus souvent leur silence en disant vouloir épargner aux parents de Nadja des souvenirs douloureux et les "curiosités inopportunes" du monde en général. Mais on ne peut s'empêcher de rapprocher ce silence du climat de mystère qui entoura des événements comme la "conspiration" de Breton et d'Aragon en 1919, la découverte de l'écriture automatique et la fusion avec Clarté, par exemple. Le fait est qu'un certain goût pour l"occultation" (pour reprendre le mot de Breton) fait partie de l'expérience surréaliste - goût que les héritiers spirituels du mouvement ont pieusement entretenu jusqu'à nos jours." (André Breton par Mark Polizotti, Gallimard, 1999, note 129, p. 760)(1) On notera tout de même la remarquable enquête réalisée dans les années 80 par Marguerite Bonnet, une investigation qu'elle évoque dans une note à propos de Nadja dans les Œuvres complètes d'André Breton parues dans La Pléiade en 1988 : "Figure aujourd'hui intemporelle, nimbée de toute l'aura du rêve comme peut l'être l'Aurélia de Nerval, elle n'en fut pas moins une personne, avant d'être le personnage éponyme d'un livre dont l'éclat à la fois la révèle et la cache. Léona-Camille Ghislaine D. est née dans la région de Lille le 23 mai 1902."
Il peut paraître surprenant que le mystère Nadja ait pu résister à la sagacité d'un biographe aussi redoutable que Polizzoti qui consacra plus de 800 pages au fondateur du surréalisme. Surprenant mais éclairant sur l'incroyable omerta bretonienne entretenue depuis 1928 autour de ce mystère(1). Aujourd'hui, une femme brise enfin ce silence pesant, Hester Albach, une romancière néerlandaise, lectrice de Nadja qui s'est prise de passion pour cette "héroïne du surréalisme" dont l'existence avait été noyée dans la fiction. Hester Albach a réalisé une enquête biographique minutieuse pour reconstituer le puzzle de la vie de celle qui fut la muse et la maîtresse de Breton. La clef de l'énigme était sous les yeux de tous, dans le catalogue d'une exposition surréaliste, la reproduction d'un dessin de Nadja, sous la loupe de l'enquêtrice apparaît le vrai nom de la femme aux "yeux de fougère" : Melle Delcourt. Une visite aux archives de la police et la lecture d'un procès verbal suffisent pour compléter la véritable identité de Nadja : Léona Delcourt, née le 23 mai 1902 à Saint-André (ironie du sort) dans le Nord de la France. Quelques chrysanthèmes sur la tombe anonyme de "Nadja" permettent à la biographe de retrouver une descendante qui va enfin lui raconter la brève et tragique existence de Léona Delcourt. En 1920, à 17 ans, son départ forcé pour Paris suite à la naissance d'un enfant non désiré que ses parents éléveront. La morale était sauve. Puis les années parisiennes de précarité et d'errance, fascinée par ce miroir aux alouettes que représente la capitale pour une provinciale. Enfin, l'espoir retrouvé début octobre 1926, avec la rencontre de son amant-écrivain, André Breton :"Tu écriras un roman sur moi. Je t'assure." Espoir de courte durée, le 8 novembre Breton écrit à sa femme : "Je ne l'aime pas, elle est seulement capable de mettre en cause tout ce que j'aime et la manière que j'ai d'aimer." Léona Delcourt, écrit Hester Albach, est devenue une abstraction, un concept. Pendant que Breton écrit Nadja, Léona retourne à sa solitude, à la froideur des chambres d'hôtel. "La fin de mon souffle, écrit-elle à Breton, est le commencement du vôtre." Léona s'enfonce dans la pauvreté, la misère n'est pas loin, elle ne mange plus, ne paie plus sa chambre. Cette insécurité fait vaciller sa santé mentale. Le 21 mars 1927, elle est arrêtée pour trouble à l'ordre public, puis internée à l'asile de Bailleul où elle restera jusqu'à sa mort en 1941. Insoumise, elle continue malgré tout de lutter contre ceux qui veulent la mater, la "guérir". Elle vit le martyre réservé aux "aliénées hystériques" à l'époque. On lui rase la tête, les visites lui sont interdites, la nuit on l'attache dans un lit, les bras contre le corps, enroulé dans un drap mouillé qui rétrécit au fil des heures. Breton connaissait l'horreur concentrationnaire des hôpitaux psychiatriques. Dans Nadja, il écrit : "Il ne faut jamais avoir pénétré dans un asile pour ne pas savoir qu'on y fait les fous tout comme dans les maisons de correction on fait les bandits. (...) Selon moi, tous les internements sont arbitraires. Je continue à ne pas voir pourquoi on priverait un être humain de liberté. Ils ont enfermé Sade; ils ont enfermé Nietzsche; ils ont enfermé Baudelaire." André Breton ne pénétrera jamais dans l'asile de Bailleul pour rendre visite à Léona. Hester Albach n'accable pas Breton, mais les faits décrits dans son livre créent un malaise dont le lecteur a du mal à se débarrasser avec cette question en suspens : pourquoi Breton n'a-t-il pas fait un geste pour faire sortir Léona de son enfermement qui sera la cause de sa mort? Il existait déjà à l'époque d'autres maisons de santé plus progressistes en terme de soins psychiatriques et la notoriété de Breton était suffisante pour influencer les autorités médicales. "La fin de mon souffle est le commencement du vôtre."
Léona, héroïne du surréalisme, Hester Albach, éditions Actes Sud, 2009.
Pour ceux qui ont la chance de ne pas avoir encore vu "le Feu follet", ce film magnifique de Louis Malle, adaptation cinématographique du roman éponyme de Drieu qui raconte les derniers jours de son ami Jacques Rigaut, il sera projeté à la cinémathèque française ce vendredi 2 octobre à 16h, la séance sera suivie d'un débat avec Philippe Collin, Volker Schlöndorff et la comédienne Alexandra Stewart.
Pour plus d'informations, cliquez ICI.
25.9.09
Le dernier mot
"Si on en veut aux gens qui se suicident, c'est parce qu'ils ont toujours le dernier mot." (Nelly Arcan, Folie, 2004)
MONTREAL — Le décès soudain de l'écrivaine québécoise Nelly Arcan, jeudi à Montréal, a toutes les apparences d'un suicide, selon ce qu'a expliqué à La Presse Canadienne l'éditeur de son dernier roman, "Paradis clef en main".
"C'est confirmé, écoutez, il y a une enquête du coroner évidemment. Je ne voudrais pas me mettre en travers de l'enquête, mais je pense qu'on peut le dire là", a dit Michel Vézina, des Editions Coups de tête.
Nelly Arcan était née en 1975.
"On va se souvenir d'elle comme d'une femme intelligente, très soucieuse de certains aspects qui gèrent nos vies, ajoute M. Vézina. Elle avait une fascination autour de la beauté, de la jeunesse éternelle, autour de la mort. C'est une grande écrivaine qu'on perd. C'est quelqu'un qui avait une façon de regarder le monde dans lequel on vit (...) de manière très lucide, très dure, sans artifices et ça même s'il y avait le paradoxe de la beauté."
Le roman auquel elle travaillait, "Paradis clef en main", risque aussi de faire jaser. M. Vézina révèle que la prémisse de base est celle d'une société dans laquelle le droit au suicide est reconnu pour tous, et non seulement pour ceux qui sont gravement malades.
Le personnage principal demeure paraplégique après avoir fait appel à une compagnie pour mettre fin à ses jours et raconte son aventure "jusqu'à la toute fin où un événement fait en sorte qu'elle décide de prendre le partie de la vie".
"Ce qui est vraiment hallucinemment paradoxal, c'est que c'est un hommage à la vie, c'est un hymne à la vie, c'est un livre contre le suicide, a lancé M. Vézina. Personnellement je pense que c'est très dangereux, très malsain que de faire ce genre de rapprochement-là, parce que je ne crois pas que le suicide de Nelly ait été prémédité à ce point-là."
Il rappelle que lors de la mort du chanteur Dédé Fortin, ses chansons ont été épluchées à la recherche d'indices qui auraient pu laisser présager son suicide.
"Elle était dans ses écrits telle qu'elle était dans la vie. Il n'y avait pas de faux-semblant dans Nelly Arcan", poursuit M. Vézina.
Pour sa part, la journaliste Denise Bombardier, qui côtoyait Nelly Arcan depuis la parution de son premier roman, "Putain" en 2001, affirme ne pas avoir été surprise d'apprendre sa disparition.
"Dans ces milieux-là on aime les confidences, mais ce qu'elle confiait c'était une douleur terrible, a-t-elle dit. Et même si on la présentait comme quelqu'un qui s'en est sorti et que ça n'avait pas laissé de traces, on voit bien que cette jeune femme-là était habitée par la douleur et qu'elle était fragile."
Une douleur que l'écriture n'aura vraisemblablement pas réussi à soulager, ajoute Mme Bombardier.
"En écriture on invente des personnages et on leur fait vivre des choses, on leur donne des possibilités qu'on ne se donne pas à soi-même, écrire ça libère, on écrit toujours sur soi, de toutes les façons, mais dans ce cas-là ça n'aura pas été suffisant parce que son mal de l'âme était trop fort", a-t-elle dit.
Elle rappelle aussi que s'il est très "romanesque et romantique" de voir des écrivains mettre fin à leurs jours, ça ne l'est que pour les autres et qu'on oublie leur vie à eux quand on voit des gestes pareils.
Née à Lac-Mégantic, en Estrie, Nelly Arcan, de son vrai nom Isabelle Fortier, s'est surtout fait connaître en publiant les romans "Putain", "Folle" et "A ciel ouvert", aux Editions du Seuil.
En 2001, "Putain" lui avait notamment valu une nomination pour les prix Médicis et Femina, deux prix littéraires français.
Dans une chronique publiée le 26 août sur le site Web de l'hebdomadaire ICI, et qu'elle consacrait à la disparition abrupte du poète et enseignant Réjean Thomas, Mme Arcan écrivait: "La mort frappe parfois sans prévenir. La mort inopinée, qui surprend, est souvent incroyable, au sens propre du terme: on ne la réalise pas, on n'y croit pas, car rien ne nous y préparait. On en reste bouche bée (...)".
Copyright © 2009 The Canadian Press.
21.9.09
Cravan is back (2)
Arthur Cravan contre Arthur Cravan
Né à Lausanne en 1887, boxeur et poète, Arthur Cravan préfigure le mouvement Dada.
Figure multiple, admiré par Breton, le neveu d'Oscar Wilde est l'un des personnages les plus fascinants du XXe siècle.
On l'a dit excentrique, provocateur, il se définissait lui-même comme le poète aux cheveux les plus courts du monde. Arthur Cravan, de son vrai nom Fabian Lloyd, est né à Lausanne avant de s'établir à Paris et de voyager à travers le monde.
Anticipateur du mouvement Dada, il fut à lui tout seul directeur de la "Revue Maintenant" dont il signait également tous les textes. Poète et critique étonnant, renversant toutes les convenances au nom d'une liberté de parole, d'un sens de la performance et de l'absurde exceptionnels. Encore inconnu du grand public, Cravan mérite d'être redécouvert, à l'instar de Jacques Vaché et Jacques Rigaut, qu'on regroupait sous le terme de suicidés de la société. La plupart des intervenants de ce documentaire sont des passionnés qui collectionnent tout ce qu'ils peuvent trouver autour de Cravan, et qui n'ont de cesse d'explorer ce maigre continent (puisque son oeuvre se résume à peu de chose), qui reste toutefois d'une force incomparable.
Avec :
Jean-Luc Bitton, écrivain, journaliste, photographe, biographe d'Emmanuel Bove, et auteur d'un livre à paraître sur Jacques Rigaut.
Philippe Dagen, spécialiste de l'art contemporain, auteur chez Grasset d'un roman intitulé Arthur Cravan n'est pas mort noyé (2008)
Bertrand Lacarelle, lecteur chez Gallimard, auteur d'un livre sur Vaché et d'un autre sur Cravan à paraître en 2010
Marcel Fleiss, directeur de la galerie 1900-2000 à Paris, collectionneur. A coordonné une exposition sur Cravan à Paris.
Ainsi que des extraits d'une émission de France-Culture sur Cravan (Surpris par la nuit), et d'une soirée thématique sur Cravan diffusée sur Arte.
Lectures: Jacques Roman et Edmond Vullioud, accompagnés au saxophone de Laurent Estoppey
Une émission préparée et réalisée par David Collin
TELECHARGER LE PODCAST DE L'EMISSION (Clic droit sur le lien + enregistrer la cible sous)
17.9.09
15.9.09
Nora de Meyenbourg (1922-2009)
Bove et sa fille Nora en août 1924
Nora de Meyenbourg était la fille de l'écrivain Emmanuel Bove. Elle a beaucoup contribué à la réhabilitation littéraire de son père tout d'abord en sauvegardant soigneusement ses manuscrits et sa correspondance qu'elle conservait dans une malle chez elle jusqu'à qu'elle décida de confier ces archives à l'Imec, mais également en participant étroitement à la réédition de l'oeuvre oubliée de ce père écrivain dont elle était fière. C'est d'ailleurs dans le cadre d'une réédition, il y a tout juste un an, que j'avais eu le plaisir de revoir Nora chez elle à Blois. Olivier Gadet, le directeur des éditions Cent pages et moi-même avions été épatés par sa vivacité d'esprit et son enthousiasme à consulter les épreuves finales de Bécon-les-Bruyères mais aussi à évoquer le souvenir d'Emmanuel. Sur la photo ci-dessus, on la voit comme murmurer une confidence dans le creux de l'oreille de son père. Nora vient de disparaître, elle sera inhumée ce jeudi à Blois. J'adresse mes condoléances à ses amis et à ses proches.
Chez Nora en septembre 2008.
13.9.09
Sarane Alexandrian (1927-2009)
C'est un mail reçu le 11 septembre à 23H36 qui m'apprend la mort de Sarane Alexandrian : "Sarane Alexandrian est mort ce matin. Voici le communiqué de presse rédigé par Christophe Dauphin et Marc Kober. Merci de prévenir vos amis et connaissances. Nous vous tiendrons au courant de la date des obsèques, qui auront lieu la semaine prochaine.Bien cordialement.Supérieur Inconnu."
COMMUNIQUE
Notre ami Sarane Alexandrian est décédé le 11 septembre 2009, à Ivry-sur-Seine, où il était hospitalisé. Le Grand Cri-chant (comme l’avait surnommé Victor Brauner) a rejoint la Fée-précieuse, son épouse, le peintre Madeleine Novarina. Résolument poète, dans la mesure où la poésie est une manière de vivre et pas seulement d’écrire, Sarane Alexandrian est né à Bagdad, où son père était le stomatologiste du roi Fayçal 1er. Durant son adolescence en France, il participe, à seize ans, à la Résistance dans le Limousin. À la même période, il est initié au dadaïsme et au non-conformisme par le dadasophe Raoul Hausmann. À vingt ans, à Paris, il devient « le bras droit d’André Breton », selon l’opinion publique, et « le théoricien n°2 du surréalisme ». André Breton lui confia d’ailleurs la direction du secrétariat de Cause, avec Georges Henein et Henri Pastoureau, pour répondre à l’afflux des jeunes candidats au groupe surréaliste venus du monde entier. Co-fondateur, en 1948, de la revue Néon et porte-parole du « Contre-groupe H » qui se regroupe autour de Victor Brauner, Alexandrian devient le chef de file de la jeune garde surréaliste (Stanislas Rodanski, Claude Tarnaud, Alain Jouffroy, Jean-Dominique Rey…), des novateurs, qui s’opposent aux orthodoxes du mouvement, en situant le surréalisme « au-delà des idées » et en accordant la priorité au « sensible ». La « rupture » avec André Breton intervint en octobre 1948, mais ne remit jamais en cause son estime et son admiration pour le fondateur du surréalisme. Depuis lors, l’importance, comme l’influence, de Sarane Alexandrian, n’ont pas tant reposé sur son activité au sein du groupe surréaliste, que sur sa démarche de continuité et de dépassement de ce mouvement. Romancier, essayiste, historien d’art, journaliste (L’Oeil, L’Express) et fondateur, en 1995, de la revue d’avant-garde Supérieur Inconnu, (dont le numéro spécial sur « l’Art de vivre » paraîtra fin septembre 2009), Sarane Alexandrian, a publié de nombreux livres, dont certains ont connu un succès international : le Surréalisme et le rêve (Gallimard, 1974), Histoire de la philosophie occulte (Seghers, 1983), Histoire de la littérature érotique (Seghers, 1989). Ses romans « d’aventures mentales », comme ses nouvelles, imbibées de poésie, sont de véritables mythes modernes écrits en autohypnose. Toutes ses oeuvres de fiction, véritables poèmes en prose, sont fondées sur le principe de la métaphore en action. Les Terres fortunées du songe, avec dix-huit dessins de Jacques Hérold, (Galilée, 1980), est indéniablement le chef-d’oeuvre de sa création, et l’une des plus hautes cimes de la prose surréaliste. Il s’agit d’un roman mythique absolument inclassable, ni science-fiction, ni allégorie, ni récit fantastique traditionnel, ni satire d’humour noir, mais tenant de tout cela ensemble. Sa dernière publication aura été Les Peintres surréalistes (Anna Graham, New-York –Paris, 2009), somme dans laquelle il démontre qu’il est l’un des meilleurs connaisseurs de l’art surréaliste. Un des titres auquel il tenait par-dessus tout aura été d’avoir animé, en vingt-neuf numéros, l’une des meilleures revues littéraires et artistiques de la dernière décennie, et d’avoir réuni autour de lui une « fratrie » ardente, qui aspire à être à la hauteur de son magnifique non-conformisme.
A consulter : Sarane Alexandrian, L’Aventure en soi, autobiographie, Le Mercure de France, 1990. Christophe Dauphin, Sarane Alexandrian ou le grand défi de l’imaginaire, Bibliothèque Mélusine, L’Âge d’Homme, 2006.
Christophe DAUPHIN Marc KOBER
Directeur des Hommes sans Epaules Rédacteur en chef
Membre du comité de rédaction de Supérieur Inconnu
de Supérieur Inconnu
(christophe.dauphin@wanadoo.fr) (marc.kober@wanadoo.fr)
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C'est un jeune homme qui vient de disparaître. "Nous avons beaucoup de choses à nous dire." m'avait confié Sarane Alexandrian au téléphone lors de notre prise de rendez-vous en mai 2006. Voici mes impressions notées après cette rencontre :
"Entretien cet après-midi avec Sarane Alexandrian. Le fondateur de la revue "Supérieur inconnu" habite au premier étage d'un immeuble de la périphérie parisienne. Des dessins colorés d'inspiration surréaliste et des photos de femmes en noir et blanc tapissent les murs de l'appartement. Notre conversation sera interrompue deux fois par la sonnerie stridente du téléphone. A chaque appel la personne à l'autre bout du fil raccrochera sans dire un mot. "Je sais qui c'est, me souffle Sarane Alexandrian, c'est une femme, elle me harcèle, elle est tombée folle amoureuse de moi, à mon âge... Mes amis trouvent ça drôle, pas moi." Extrait de l'enregistrement : "Les surréalistes de ma génération, d'après-guerre, c'était Alain Jouffroy, Stanislas Rodanski, Claude Tarnaud et moi, on avait vingt ans donc en 47, pour nous les grands maîtres du surréalisme, c'était Jacques Rigaut, Jacques Vaché et Arthur Cravan. Alain Jouffroy était plus sur Cravan, Rodanski c'était Vaché, mais alors pour Tarnaud et moi, Rigaut c'était extraordinaire! Tarnaud s'est identifié à tel point à Jacques Rigaut qu'il a eu son double, le chevalier de Salignac, qui était comme Lord Patchogue, son Lord Patchogue à lui, et c'est le chevalier de Salignac qui s'est suicidé, c'est pas Claude Tarnaud, mais vous allez voir une chose assez extraordinaire, d'après la photo de Rigaut que vous m'avez montrée, regardez une photo du chevalier de Salignac, il n'avait pas vu la photo de Rigaut..."
8.9.09
Cravan is Back in Lausanne
Générique de début du documentaire "CravanVSCravan"
de Isaki Lacuesta
de Isaki Lacuesta
Rencontre parisienne avec David Collin pour sa prochaine émission Sonar qui sera consacrée intégralement au poète-boxeur Arthur Cravan. Deux heures d'émission à écouter sur la Radio Suisse Romande, Espace 2, le 20 septembre prochain à 20H, avec des extraits des textes de Cravan lus sur un ring...et des interviews de "cravaniens" comme Bertrand Lacarelle (dont l'essai sur le poète devrait bientôt paraître chez Grasset), Marcel Fleiss, Jean-Michel Place et votre serviteur.
5.9.09
RELIQUE
Les reliques (du latin reliquiae, « restes »), sont les restes matériels qu'a ou qu'aurait laissés derrière lui un saint personnage en mourant : soit des parties de son corps, soit d'autres objets qu'il a, pour les croyants, sanctifiés par son contact. La conservation et la vénération de ces restes sont une pratique en vigueur dans plusieurs religions. Il en découle des croyances et des pratiques religieuses variées, mais aussi de vifs débats.
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