31.7.09

Droit au coeur


Georges Simenon et sa fille Marie-Jo


"La plupart des gens qui ont décidé de se donner la mort à l'aide d'une arme à feu se tirent une balle dans la tempe ou dans la bouche. Tu devais t'être bien renseignée sur la position exacte du cœur car c'est celui-ci que tu as visé en n'ayant besoin que d'une seule balle". (Georges Simenon évoquant le suicide de sa fille)

19.7.09

H.R.




A ma connaissance, la ville de Lausanne n'a jamais rendu hommage à l'un de ses plus célèbres natifs : Arthur Cravan, le poète aux cheveux les plus courts du monde et neveu d'Oscar Wilde. Il faut dire que le poète du scandale n'a jamais porté un grand intérêt à sa ville natale qu'il évoque tout de même dans son autobiographie : "A Lausanne, je passais avec succès les examens qui devaient également m'ouvrir les portes du Collège Cantonnal. Les épreuves ne devaient pas être bien sévères car placé devant une carte de la Suisse, et tant j'étais ignare, je ne fus jamais foutu de découvrir le lac de Neuchâtel." En revanche, la capitale du canton de Vaud a récemment consacré une belle exposition à un de ses autres natifs excentriques : Henri Roorda (1870-1925). Ce mathématicien, originaire de Hollande, est né aux bords du Léman suite à l'exil en Suisse de son père, un fonctionnaire à la retraite, disciple et ami de l'anarchiste français Elisée Reclus. Son fils Henri Roorda reprendra le flambeau libertaire comme professeur de mathématiques au Collège de Lausanne en s'érigeant contre le formatage des jeunes élèves, prônant une éducation ouverte et anticonformiste et écrivant un pamphlet contre l'école autoritaire et lieu d'apprentissage de la docilité : "Le pédagogue n'aime pas les enfants" (1917). L'iconoclastie du professeur ne se limite pas aux salles de cours, il écrit aussi des chroniques drolatiques et irrévérencieuses dans la presse suisse sous le pseudo de Balthasar et réalise quatre Almanach Balthasar où le lecteur retrouve ses billets humoristiques mais également des textes d'Alphonse Allais, de Jules Renard, de Georges Feydeau ou de Tristan Bernard. Au début des années 20, le pessimisme joyeux de Roorda se transforme en amertume, endetté et lassé d'une vie qui lui apporte plus de déplaisirs que de joies, il songe sérieusement au suicide. A l'instar d'Edouard Levé, quelques semaines avant le geste fatal, il écrit son livre ultime, confession bouleversante d'une inadéquation à notre monde où il s'explique de sa décision : "Il m'était impossible de ressembler à ces êtres prudents, patients et prévoyants qui dès l'âge de vingt ans font des provisions pour leurs vieux jours. Pour moi, la vie normale c'est la vie joyeuse. L'individu déraisonnable que je suis ne veut pas tenir compte de toutes les données du grand problème. Je n'étais pas fait pour vivre dans un monde où l'on doit consacrer sa jeunesse à la préparation de sa vieillesse. (...) Je n'ai plus peur de l'avenir depuis que j'ai caché dans les ressorts de mon lit un revolver chargé. (...) J'aime énormément la vie. Mais, pour jouir du spectacle, il faut avoir une bonne place. Sur la terre, la plupart des places sont mauvaises. Il est vrai que les spectateurs ne sont en général pas difficiles. (...)Le moment de mon suicide approche. Je suis tellement vivant que je ne sens pas les approches de la mort. (...) Je me logerai une balle dans le coeur. Cela me fera sûrement moins mal que dans la tête. (...) Il faudra que je prenne des précautions pour que la détonation ne retentisse pas trop fort dans le coeur d'un être sensible." Le 7 novembre 1925, Henri Roorda, à l'âge de 55 ans, se tire une balle dans le coeur. La veille il écrit un billet à un ami : "J'ai tout usé, en moi et autour de moi; et cela est irréparable. Adieu. H.R." Un mois après, son livre posthume paraît en une brochure agraphée à 70 exemplaires avec ce sobre titre : Mon suicide. La presse lausannoise rendra hommage à son professeur en évoquant une "effroyable neurasthénie" et une "mort subite". On dénombra huit personnes à son enterrement.

Quelques nouvelles du front rigaltien : ai trouvé chez un libraire d'anciens un étonnant document qui vient apporter un nouvel éclairage sur les derniers mois de la vie de J.R. Faire de telles trouvailles au stade de mon travail relève du miracle. J'espère en faire d'autres avant le point final.




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6.7.09

25.6.09

Agence(s) Générale(s) du Suicide





Exit monte au créneau pour défendre l’aide au suicide



L’association craint que les restrictions législatives ou interdictions envisagées par le Conseil fédéral ouvrent la porte à des dérives. Elle brandit déjà la menace d’un référendum

Exit monte au front. Divisé sur l’épineuse question de l’aide au suicide mais conscient que la zone grise actuelle n’est pas satisfaisante, le Conseil fédéral a décidé la semaine dernière de lancer une consultation. Parmi les variantes à l’étude, deux options se profilent: l’adoption de restrictions législatives et une interdiction pure et simple des associations d’assistance au suicide comme Exit et Dignitas. C’est dans cette perspective qu’Exit a réagi mardi.

«Nous ne sommes pas opposés à un meilleur encadrement légal. Mais restreindre nos activités ou nous interdire aurait des conséquences néfastes. Cela ne ferait qu’augmenter les souffrances humaines!» insiste son président Hans Wehrli. Jérôme Sobel, le président d’Exit Suisse romande, ajoute: «Nous gardons les yeux ouverts. S’il s’agit de surveiller notre comptabilité ou, par exemple, de mieux encadrer et former les accompagnateurs, c’est acceptable. Mais nous ne nous laisserons pas euthanasier volontairement. Si le Conseil fédéral veut bel et bien nous interdire, nous lancerons un référendum!»

Restreindre l’aide au suicide aux seuls malades dont l’issue fatale est proche et clairement établie écarterait de fait près d’un tiers des personnes qui se tournent aujourd’hui vers Exit. Les personnes tétraplégiques, atteintes de sclérose en plaques, de maladies névralgiques dégénérescentes ou encore de la maladie d’Alzheimer, et qui désirent mourir, risqueraient alors de se donner la mort toutes seules, avec un risque de ratage élevé, insiste Hans Wehrli.

Une interdiction totale des organisations aurait pour conséquence de pousser des médecins mal formés ou des proches de malades à pratiquer illégalement l’euthanasie, avec, là aussi, des risques élevés d’effets indésirables, souligne Exit. Si le natrium pentobarbital, qui ne peut aujourd’hui être remis que sur ordonnance médicale, est mal administré ou mal dosé, cela peut provoquer des vomissements, une lente agonie ou plonger la personne dans le coma. Avec parfois d’importantes séquelles au cerveau.

Dans ce débat éthique toujours très sensible, Jacques de Haller, le président de la FMH, l’association faîtière des médecins, est lui aussi monté au front. Il vient de se positionner clairement contre l’interdiction d’Exit et de Dignitas dans la SonntagsZeitung. Son argument principal: les médecins n’ont pas pour mission de faire de l’accompagnement au suicide. C’est pourtant ce qui se fait en Hollande. «Oui, mais une étude a démontré qu’il y avait des complications dans 23% des cas», rétorque Hans Wehrli. «Chez nous, grâce à notre expérience et à une formation adéquate, il n’y en a quasiment jamais.»

Au terme de la procédure de consultation – qui n’a d’ailleurs pas encore été lancée –, le Conseil fédéral pourrait aussi décider de fixer certains délais, pour permettre aux malades de changer d’avis. Mais Exit s’érige aussi contre ce scénario en raison de certaines «urgences». Fixer des délais reviendrait par exemple à laisser s’étouffer des malades souffrant d’un cancer des poumons, commente Walter Fesenbeckh, pasteur et accompagnateur.


Selon un récent sondage de L’Hebdo, 75% de la population est satisfaite de la pratique actuelle. Exit ne manque pas de le rappeler. Reste que le «tourisme de la mort» engendré par Dignitas, de même que certaines pratiques très controversées de cette association, comme le recours à des ballons à l’hélium, ont pollué le débat et inquiété le Conseil fédéral. Dignitas doit d’ailleurs régulièrement changer de «lieu de travail» en raison des voisins, peu ravis de voir chaque jour des personnes entrer dans une maison, et en ressortir quelques heures plus tard dans un cercueil.

Exit pâtit-elle de la mauvaise réputation de Dignitas? «Je ne veux pas critiquer Dignitas. Ce qui est surtout scandaleux dans ce «tourisme de la mort», c’est que des étrangers soient obligés de s’expatrier à Zurich pour mourir dignement, cela à cause de législations déficientes dans leur propre pays», rétorque Jérôme Sobel. Il estime d’ailleurs qu’une dépénalisation de l’euthanasie active directe en Suisse serait plus saine. «Mais c’est un autre débat!»

Contrairement à Dignitas, Exit ne tend pas la main aux étrangers qui ne résident pas en Suisse. L’assistance au suicide est par ailleurs gratuite. Ses 70 000 membres s’acquittent en revanche d’une cotisation annuelle de 45 francs. Selon certaines informations, Dignitas, 5000 membres seulement, pratiquerait des prix assez élevés. Récemment, son président, Ludwig Minelli, a défrayé la chronique en disant vouloir s’occuper également de gens en bonne santé.

Sur le plan fédéral, le thème de l’euthanasie et de l’aide au suicide est un véritable serpent de mer. Le débat revient sans cesse, sans véritables solutions. D’où un certain vide juridique. En 2000, le Conseil fédéral avait préféré le statu quo alors qu’il était censé trancher sur la base d’un rapport commandé par Ruth Metzler. Les experts y recommandaient même de dépénaliser l’euthanasie active directe. En 2006, le Conseil fédéral a une nouvelle fois renoncé à légiférer, malgré le vote au parlement d’une motion qui l’y contraignait. Rebelote en juillet 2008.

Aujourd’hui, trois conseillers fédéraux estimeraient nécessaire d’interdire purement et simplement Exit et Dignitas. Le Conseil fédéral sera-t-il capable de prendre une décision qui dissipera les malaises actuels sans créer de nouveaux problèmes? Délicate question…

Valérie de Graffenried / Le Temps / 24 juin 2009




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23.6.09

L'homme qui marche




Après la parution de la biographie de l'écrivain Emmanuel Bove, je retrouvai dans des archives privées une photographie inédite de Bove et de sa femme Louise en train de marcher sur un pont. Ce triptyque photographique était sans lieu ni date. Il y a quelques jours, je reçois un e-mail d'un habitant de Lausanne qui a vu la photo sur le site Bove et a reconnu le Grand Pont de Lausanne sur lequel ses parents ont été également photographiés à la même époque (le début des années 30). Il me reste à dater précisément cette image en consultant dans le fonds Bove une correspondance de l'écrivain à son frère, envoyée de Lausanne... Lors de mes recherches sur Bove, l'Internet n'existait pas, la révolution technologique (à la puissance limitée) s'appelait Minitel. Certes, on ne trouve pas tout sur le Web, mais il a permis aux chercheurs un énorme gain de temps et de résoudre des énigmes comme la légende d'une photographie. Les années qui passent jouent en la faveur des biographes.


6.6.09

Scrapbook dada







Ai commencé le chapitre six (sur 10?), probablement. Je retrouve Fabrice Lefaix à l'exposition publique des archives de Marthe Chenal dont la vente aura lieu ce lundi 8 juin. Dans le cadre de ses recherche sur L’Œil cacodylate, Fabrice consulte l'album photo du réveillon de Picabia organisé chez la cantatrice, dans l'espoir d'identifier des signataires méconnus du tableau. Jacques Rigaut ne semble pas faire partie des invités. L'expert nous laisse consulter le lot le plus convoité de la vente : l'album de collages dadas faits par Picabia pour Marthe Chenal (mise à prix : 250 000 euros). Un scrapbook (minimaliste) avant l'heure réalisé de bouts de ficelle, de lettres de liège et de poinçons d'imprimerie. Une pièce unique de cinquante pages, superbe oeuvre dadaïste dont l'histoire reste à faire.

Plongé actuellement dans les enquêtes chiffrées concoctées par Breton au début des années 20. Celles publiées dans la revue Littérature sont connues, d'autres inédites le sont moins. Les réponses de Jacques Rigaut nous délivrent un fidèle portrait de Lord Patchogue... Extrait : amour de l’argent (20), gourmandise (2), drogues (15), sodomie (18), enthousiasme (-20), vitesse (20), socialisme (-20), anarchie (15), vol (16), nature (-20), optimisme (-10), pessimisme (-10)

"Suicide-accident" pour David Carradine, alias "Petit Scarabée", héros flegmatique et dandyesque de la série mythique "Kung Fu" dont j'étais un admirateur inconditionnel. Carradine était bien plus qu'un acteur de série B, c'était un excellent comédien, malheureusement sous-employé. Tarantino l'avait sorti des oubliettes du cinéma avec "Kill Bill", à la sortie du film, Carradine déclara : "Je n'ai jamais été satisfait de quoi que ce soit de toute ma vie. Je suis retraité et le fait est que j'essaie de me faire un nom". Perdant magnifique.

26.5.09

La Castafiore aux mille amants



C'est en lisant le passionnant blog de Fabrice que j'apprends la prochaine vente aux enchères des archives de l'extravagante cantatrice Marthe Chenal. Le 11 novembre 1918, enveloppée dans le drapeau tricolore, elle chanta la Marseillaise du balcon de l'Opéra de Paris devant 100 000 personnes. La flamboyante diva fut la maîtresse de Picabia, peut-être de Jacques Rigaut et de bien d'autres, on dit qu'elle aurait eu mille amants... En 1921, elle demanda à Picabia d'organiser dans son hôtel particulier le fameux réveillon cacodylate où le peintre demanda aux invités de signer la célèbre oeuvre collective, L’Œil cacodylate, un tableau composé principalement de signatures, ce qui scandalisa le monde de l'art. Il y a deux ans, j'avais réussi à localiser les archives de la cantatrice qui se trouvaient au sein de l'association Ciné Costum'. Malheureusement, cette association ne m'a jamais donné l'autorisation de consulter les archives dans lesquelles j'aurais pu trouver la trace (photographies, lettres, etc.) de Rigaut. Le plus étrange dans le contenu de la vente, c'est l'absence de correspondances. Il est impossible que cette pléthore d'amants n'ait pas laissé un petit mot tendre... La dernière chance de trouver quelque chose avant dispersion, c'est de me rendre à l'exposition publique des archives qui aura lieu le samedi 6 juin chez Alde.

21.5.09

Lucy in the Sky


Lucy Gordon, East Village, by Abbey Drucker

"En plein Festival de Cannes, la comédienne Lucy Gordon s’est suicidée à Paris, par pendaison. “Une mort atroce” disent d’aucuns. Pourquoi atroce… Se jeter par la fenêtre, sous le train, du haut de Beaubourg ou se tirer une balle dans la tête est-ce mieux ? La jeune comédienne britannique a été retrouvée morte dans son appartement parisien dans la matinée de mercredi 20 mai 2009. Elle venait de tourner deux films: Cineman, de Yann Moix, et Serge Gainsbourg Vie Héroïque, de Joann Sfar, dans lequel elle incarne Jane Birkin. Le metteur en scène Niçois est actuellement à Cannes et venait juste de présenter des extraits de ce long métrage aux compagnies étrangéres. Le film doit sortir en janvier 2010.La jeune femme allait avoir 29 ans, vendredi prochain.Je pense à mon ami Peter Handke qui m’a toujours dit et redit de faire attention car tous “les dix ans, le suicide revient dans la tête". Comme il a raison !Dans l'entourage de la disparue par mort volontaire on parle d’un chagrin d’amour.J’ai trois filles et je les ai déjà mises au parfum de ne jamais se suicider à cause d’une ordure de mec. Le tuer plutôt ! Ne jamais se laisser avoir par un connard. Qu’elles viennent me chercher, on lui fera la peau à cette vermine !La jeune femme était attendue ce soir au grand Journal de C+. Là je comprends qu’elle ait voulu se tuer: l’idée même de croiser le regard de Frédéric Beigbeder me donne envie de gerber."

La suite sur le blog de Bernard Morlino

Les yeux tristes de Cannes

"Il n'y a absolument pas eu, cette année, de motif raisonnable de me commettre avec le festival de Cannes qui fait subir des distorsions la plupart du temps absurdes et souvent atroces à la cause cinématographique, comme je l'ai du moins ressenti, d'autant que les années précédentes, j'en étais régulièrement arrivé plus ou moins vite à être profondément convaincu de ne plus jamais aller à Cannes, quoi qu'il arrive, absolument plus jamais. (...) Cannes tout de même....donc je suis allé à Cannes, je crois du moins que je suis allé à Cannes cette année, parce que je n'y avais pas de film, pas de stress, pas d'interview avec toujours les mêmes questions qui appellent les mêmes réponses, qui finissent à un moment ou à un autre de vous faire haïr le film aimé, de vous faire regretter presque de l'avoir fait. D'autant plus qu'à Cannes, vraisemblablement parce qu'en défintive il n'est pas vraiment question de cinéma, on envoie, en une proportion étonnamment grande, des reporters incroyablement bêtes et non informés. (...). "

RAINER WERNER FASSBINDER
Mai 1982

17.5.09

La maison de dada







Lors d'une promenade à Montmartre, en descendant l'avenue Junot je tombe par hasard sur la maison de Tristan Tzara que l'inventeur de Dada s'est fait construire en 1926 par l'architecte viennois Adolf Loos. La plupart des dadaïstes à l'époque étaient désargentés dont Tzara qui sans-le-sous à son arrivée à Paris s'incrusta chez Picabia le bien-né. Comment Tzara avait-il pu s'offrir une maison d'architecte? question pertinente d'un ami à laquelle je ne pus répondre. Je trouvai la réponse dans les biographies consacrées à Tzara. L'entrepreneur du scandale dada avait suivi le pragmatique conseil de Breton pour faire face aux besoins matériels : "épousez (ou tombez amoureux) des femmes riches". Ainsi Tzara s'était marié à Stockholm le 8 août 1925 avec Greta Knutson, une jeune femme suédoise dont les parents fortunés offrirent aux nouveaux mariés une aide financière pour l'achat d'un terrain et la construction d'une maison à Paris. Ce mariage fit jaser le Tout-Paris, mais Tzara n'avait-il pas prévenu ses détracteurs en déclarant en 1923 que ses vices étaient :"l'amour, l'argent, la poésie".



Tristan Ranx m'envoie la photo de la tombe de Robert Brasillach, le seul écrivain français collaborateur exécuté à la Libération, dont Camus et Mauriac demandèrent, en vain, la grâce au général de Gaulle. Tristan me demande de "trouver l'erreur" dans l'image. Ce qui me frappe dans les inscriptions, c'est que Brasillach, homosexuel, soit inhumé seul aux côtés de sa mère. Je n'avais pas remarqué le plus étrange : la date de naissance de l'auteur des Poèmes de Fresnes n'est pas gravée sur sa tombe. Devant le peloton d'exécution, Brasillach refusa qu'on lui bande les yeux et avant de tomber sous les balles cria : "Vive la France quand même!" Une citation empruntée au poète juif allemand Heinrich Heine.



On connaît l'admiration du comédien et réalisateur Jean-Pierre Darroussin pour l'écrivain Emmanuel Bove dont il a adapté le roman Le Pressentiment, plus inattendue (quoique...) celle du comédien belge Benoît Poelvoorde qui, le 6 juin prochain, lors du festival "Paris en toutes lettres" donnera une lecture de Mes amis, le premier roman du "plus grand des auteurs français méconnus".

7.5.09

La femme sans rivales



Extrait d'une lettre d'une parente de Gladys Rigaut, adressée à JLB.

"Regarding further information about Gladys Rigaut,
today I am writing to the only living (I think) person who might know what the cause of death might have been for Gladys."

24.4.09

"Je serai sérieux comme le plaisir"







"Je serai sérieux comme le plaisir" : cette phrase cinglante de Rigaut a inspiré à Robert Benayoun, surréaliste des années 40, le titre d'un film réalisé en 1974, qui aujourd'hui a sombré dans les oubliettes du cinéma. "Sérieux comme le plaisir" avec son étonnant casting a été diffusé sur une chaîne française en 1985. C'est Raymond Borde, le directeur de la cinémathèque de Toulouse qui présenta le film pour les téléspectateurs.

19.4.09

Les abstentionnistes


Artistes sans oeuvres, édition 1997


Réédition salutaire d'Artistes sans oeuvres de Jean-Yves Jouannais : "Rigaut, héros dadaïste sans médaille, écrivain rare - dans au moins deux sens du terme -, se contenta d'incarner au mieux, jour après jour, l'idéal de subversion, de distinction qui l'habitait." Livre de référence, passionnant et instructif, sur ceux qui préfèrent s'abstenir, ceux qui inlassablement disent : "J'aimerais mieux pas." L'ouvrage est préfacé par Enrique Vila-Matas qui s'est souvent penché sur ces déserteurs de l'Art.

JLB




«"L’auteur, dans son œuvre, doit être […] présent partout, et visible nulle part", énonçait Flaubert. C’est l’inverse qui nous intéressera en ces pages : que l’œuvre, chez son auteur, soit présente partout, et visible nulle part.» D’abord paru en 1997 et réédité aujourd’hui avec une préface d’Enrique Vila-Matas - le travail de l’Espagnol et celui de Jean-Yves Jouannais étant évidemment liés, ne serait-ce qu’à travers la fameuse «communauté shandy», artistes réunis par leur œuvre légère et leur droit opposable au bonheur -, cet essai porte un double titre : Artistes sans œuvres, puisque le propos est de se consacrer à ces artistes qui ont fait de leur vie une œuvre d’art sans estimer considérer nécessaire de se démener plus pour faire gagner plus à cette œuvre, la rendre plus publique, et I would prefer not to («Je préférerais ne pas»), puisque la phrase de Bartleby, le copiste imaginé par Herman Melville, est le symbole d’une des stratégies les plus efficaces pour y parvenir («Commis aux écritures, n’est-ce pas la position idéale pour n’avoir pas à commettre d’écriture propre ?»). Le livre de Jean-Yves Jouannais commence avec une citation de Thomas Bernhard dans le Neveu de Wittgenstein, où l’écrivain autrichien rapproche Ludwig, qui «a publié son cerveau», et Paul, qui «a mis son cerveau en pratique», ne publiant par ailleurs rien. «Cette ligne qui partage la famille Wittgenstein traverse également l’histoire de l’art», écrit Jean-Yves Jouannais pour définir son projet et finissant par en arriver à Bouvard et Pécuchet. «Copistes, les deux compères de Chavignolles ont désiré se faire un nom dans quelque science ou dans la pratique d’un art, pour, échecs après débandades, s’en revenir à leur labeur premier. Poussière redevenant poussière sans avoir jamais cessé de l’être.» La poussière est un des thèmes d’Artistes sans œuvres, le livre se réclamant aussi de la double postérité des «héros de l’art brut» de Jean Dubuffet et de celles des «hommes infâmes» dont Michel Foucault rêva de rassembler les vies.

«Pourquoi Jacques Vaché [dont André Breton publia après sa mort une sommaire correspondance, ndlr] apparaît-il comme écrivain dans les histoires de la littérature tandis que Théodore Fraenkel n’est jamais considéré comme un artiste, mais comme un compagnon de route du surréalisme, un témoin, lui qui écrivit certes aussi peu de livres que le premier, c’est-à-dire précisément aucun, mais fut l’auteur d’une correspondance beaucoup plus nourrie ?» Comment Félix Fénéon s’y prit-il pour n’être qu’un «écrivain posthume», publiant sans les signer dans la presse des faits divers de trois lignes dont Jean-Yves Jouannais cite cet échantillon : «Quittée par Delorce, Cécile Ward refuse de le reprendre, sauf mariage. Il la poignarde, cette clause lui ayant paru scandaleuse» ? Quelle ambition animait Jorge Luis Borges, sinon celle de limiter la littérature comme le montre ses phrases : «Délire laborieux et appauvrissant que de composer de vastes livres, de développer en cinq cents pages une idée que l’on peut très bien exposer en quelques minutes. Mieux vaut feindre que ces livres existent déjà, et en offrir un résumé, un commentaire »? Il y a bien, admet Jean-Yves Jouannais, une production de Borges, mais c’est une «production de prévention», une sorte de «coupe-feu, défrichage intelligemment conçu […] destiné à empêcher la propagation des incendies» et, en ce qui concerne l’écrivain argentin, des livres.

Humour et érudition sont les mamelles d’Artistes sans œuvres qui se permet des détours par la fiction (que serait A la Recherche du temps perdu si Félicien Marbœuf n’avait pas existé ?) tout en restant dans le domaine de l’essai. Mais la pensée de Jean-Yves Jouannais ne se veut pas une simple originalité à rebours, l’auteur n’est aucunement le soutien de l’impuissance ou du ressentiment.

Seulement, l’absence d’œuvres n’est pas nécessairement de ce côté-là non plus, à une époque où «bien des artistes véritables se passent de cette publicité souvent vulgaire», «cette publicité» étant l’œuvre elle-même. Loin d’être forcément un événement négatif, ne pas laisser de trace, pour Jean-Yves Jouannais, peut aussi être «plutôt la caution d’un projet hédoniste où la discrétion le dispute à la passion». «Pour faire pièce à ce que la mauvaise foi des tenants de l’art comme religion, la duplicité des marchands-gestionnaires de stocks, la crispation des théoriciens en mal de matériels», pour rester à l’écart de tout marché d’art, la «figure lumineuse et libre de l’artiste sans œuvres» serait le recours sans recours de certains «artistes véritables»

JEAN-YVES JOUANNAIS Artistes sans œuvres. I would prefer not to Verticales/phase deux, 212 pp., 17,90 euros.

Mathieu Lindon / Libération

13.4.09

En boucle



"Le Feu follet est un film qu'on peut voir cent fois, mille fois. On peut le voir en plein air, dans des salles vides, des ciné-clubs de province, sur des chaînes cablées, dans ses versions DVD. On peut le voir à plusieurs ou accompagné, en semaine ou le dimanche soir, vautré sur un canapé avec une boîte de Fingers Cadbury." (Eric Neuhoff in Les insoumis, Fayard, mars 2009)

7.4.09

"Une prise et la terre tourne." (Jacques Rigaut)




Les Cahiers de Libération sont à vendre. Plus exactement, quelques rares exemplaires de cette revue parue lors de la dernière guerre seront proposés demain à Paris chez Sotheby’s, lors la dispersion aux enchères de la bibliothèque de Christophe d’Astier (libraire, éditeur, bibliophile).

Cet ensemble inclut - pour un petit tiers - la bibliothèque du père de Christophe, Emmanuel d’Astier de la Vigerie (1900-1969), le fondateur du mouvement de résistance «Libération Sud». Il édita le quotidien Libération première manière (le titre sera cédé en 1973 à Jean-Paul Sartre et Serge July), ainsi qu’une petite revue, les Cahiers de Libération, qui connut quatre numéros tirés à très peu d’exemplaires entre septembre 1943 et mars 1944. Y ont écrit, sous pseudonyme, Aragon, Bernanos, Camus, Eluard, Paulhan et Seghers, entre autres. Le numéro 1 contient la première publication du Chant des partisans, ainsi qu’un édito qui s’achève par ces mots : «Il faut que dans l’ombre, sous la menace, la pensée française cherche ses thèmes pour demain […]. Voilà pourquoi nous offrons à l’élite intellectuelle, contrainte à se taire, une tribune».

Le reste de la vente est composé principalement d’éditions originales des bons auteurs du XXe siècle, avec en particulier de nombreux ouvrages de Georges Bataille. Soit au total environ 400 lots évalués à plus de 500 000 euros.

Addiction. Il flotte sur cette bibliothèque un parfum d’érotisme et de drogues. Côté psychotropes, Opium de Jean Cocteau, Connaissance par les gouffres d’Henri Michaux, Toxique de Françoise Sagan (illustrations de Bernard Buffet), l’Opium d’Albert de Pourville, De la recherche toxicologique de la cocaïne du Dr Sonnié-Moret, etc. Emmanuel d’Astier fut lui-même fumeur d’opium, jusqu’à l’invasion allemande qui le fit partir dans le sud où il soigna son addiction à coups de bains chauds. Dans un registre connexe, quelques rares manuscrits de Jacques Rigaut, dont la toxicomanie puis le suicide ont inspiré à Pierre Drieu La Rochelle le Feu follet, la Valise vide et l’Adieu à Gonzague.

Au registre photos, car il y en a aussi, un peu de tout : des portraits par Lee Miller (dont celui d’Astier), par Man Ray (dont Drieu et d’Astier, qui furent amis avant de devenir ennemis politiques), un cliché fait par Lewis Carroll évalué entre 12 000 et 14 000 euros, et, plus récent, un recueil de Larry Clark sur les junkies à Tulsa dans les années 60.

Sacrifice. Le clou de la vente est le seul exemplaire connu de la plaquette A partir de maintenant…, réalisée par Georges Bataille pour les membres de la société secrète Acéphale. Il s’agissait, entre autres, d’aller faire un sacrifice humain dans la forêt. La plaquette comprend un plan des lieux. Faute de victime consentante, Bataille se proposa, mais les autres refusèrent. Estimation: entre 14 000 et 18 000 euros.

Edouard Launet / Libération du 7/04/09

2.4.09

Juliette tourne la page Flammarion



"Juliette Joste quitte Flammarion où elle occupait le poste d'éditeur pour la littérature française. Elle y a édité près de deux cents titres. Entrée en 1993 au département international après avoir été agent avec Olivier Nora au Bureau du livre français à New York, elle devient ensuite éditeur et travaille avec Raphaël Sorin, Frédéric Beigbeder, Teresa Cremisi et Gilles Haeri. Désireuse de mettre son expérience au service de nouveaux projets (accompagnement d'auteurs, élaboration et apport d'idées, partenariats.), Juliette Joste assurera également des missions spécifiques (événementiel, enquêtes prospectives...) dans le domaine éditorial."

J'ai publié deux livres chez Flammarion (période Raphaël Sorin) sous la responsabilité éditoriale de Juliette Joste : une anthologie de correspondance amoureuse et une compilation des romans d'Emmanuel Bove. Je garde un excellent souvenir de cette collaboration et souhaite à Juliette de nouvelles et belles aventures dans la République des Lettres.

27.3.09

Mauvaises habitudes


Lettre de Jacques Rigaut à Emmanuel d’Astier de la Vigerie

Sotheby’s mettra en vente le 8 avril à Paris la collection de Christophe d’Astier de la Vigerie qui regroupe la bibliothèque personnelle de Christophe d’Astier - plus une bibliothèque de textes qu’une bibliothèque d’exemplaires - et de son père, Emmanuel d’Astier de la Vigerie - écrivain, homme politique et l’un des premiers résistants français – (environ 400 lots estimés 500.000 à 650.000 €). Centrée autour d’œuvres majeures du XXème siècle tant françaises (Aragon, Breton, Cohen, Char, Michaux, Gracq, …) qu’étrangères (Kafka, Irving, Joyce, Garcia Marquez, Lowry, Miller, …), la collection d’Astier regroupe également quelques auteurs du XIXème siècle comme Balzac, Gautier, Rimbaud et Lautréamont, de sublimes photographies aux signatures incontournables (Lewis Carroll, Man Ray, Lee Miller,…), un historique ensemble autour de la Résistance (de Gaulle, Kessel, Aubrac, Vercors,…), 10 lettres de guerre inédites de Jacques Vaché dont la toute première connue et enfin, dans un catalogue séparé, une des collections d’ouvrages de Georges Bataille les plus complètes, avec le seul exemplaire connu du petit fascicule destiné aux membres de la société secrète Acéphale ou l’exemplaire du Bleu du ciel dédicacé à André Breton.


LOT 268

LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE INÉDITE À EMMANUEL D'ASTIER.
20 WEST 48TH ST., [NEW-YORK], 29 SEPT. 1928.
RIGAUT, JACQUES

2,000—2,500 EUR




CATALOGUE NOTE


« 20 West 48th Str.
Cher d'Astier, j'aurai besoin de quelques 5 à 7 et 11 à 3 pour vous faire part de trop d'épisodes, plus faits pour le plaisir de mes amis que pour le mien. Si vous vous décidez à écrire, mauvais ami, répondez 1) Grace 2) mauvaises habitudes. 3 [mot illisible] et mentionnez les acquisitions récentes. [...]
Entre autres moyens de gagner de l'argent, je vous signale celui de poursuivre en dommages et intérêts (entre $ 25. 000 et 50.000) un écrivain américain Louis Broomfield qui met en scène dans son dernier roman un R.P. d'Astier. [...] ».

1) Rigaut fait allusion à la première femme de d'Astier, Grace Temple Roosevelt (voir lot n° 18). Lui aussi a épousé une Américaine, qui le quitte un an après leur mariage.
2) Rigaut fait allusion ici à sa toxicomanie, cause de sa déchéance à New-York, qu'il quitte après deux ans seulement, un mois après la rédaction de cette lettre. De retour à Paris, il vit dans une maison que lui prête Chadourne (voir lot n° 66), il tente de se désintoxiquer, et se suicide un an après (voir lot n°114).
"Très proches dans les années 20, réunis tant par des amis communs (Chadourne, Drieu, etc.) que par leur pratique de l'opium, les deux hommes, racontera d'Astier, firent une tentative d'expérience homosexuelle qui « tourna court très vite dans un éclat de rire partagé ». Les lettres de Jacques Rigaut sont d'une insigne rareté : Jean-Luc Bitton qui travaille depuis plusieurs années sur sa biographie en a retrouvé moins d'une soixantaine sur les deux continents."

LOT 66


[CHADOURNE, PAUL -- DRIEU LA ROCHELLE, PIERRE -- RIGAUT, JACQUES].
ET PUIS MERDE !
PARIS, LES LIBRAIRES ENTRE LES LIGNES, 1998.


[CADAVRE EXQUIS]

150—180 EUR

DESCRIPTION


édition originale. In-8 (210 x 120 mm), broché.

illustration : 2 photographies hors texte contrecollées.

tirage : exemplaire n° 2, un des 2 sur Japon Hosokawa justifiés par une photo inédite de Chadourne, Drieu, Peignot et Rigaut (tirage de tête d'un tirage total de 152 ex.).

LOT 269

PAPIERS POSTHUMES AVEC UNE PHOTOGRAPHIE INÉDITE PAR MAN RAY.
PARIS, AU SANS PAREIL, 1934.
RIGAUT, JACQUES

200—300 EUR

DESCRIPTION




édition originale. In-8 (212 x 143 mm), broché.

illustration : photographie de l'auteur par Man Ray en frontispice.

tirage : un des 300 exemplaires sur vélin de Montgolfier.

pièce jointe : [Rigaut, Jacques]. Propos amorphes, in Action. N° 4, juillet 1920, in-8 (239 x 187 mm), broché.

CATALOGUE NOTE

Le premier feuillet blanc et le faux-titre des Papiers posthumes ont été lavés. Le faux-titre porte encore les très légères traces d'une inscription effacée.

LOT 267

LES MœURS – DIGESTION (ROMAN D'UN JEUNE HOMME PAUVRE).
PARIS, [LITTÉRATURE N°18, 1921].

RIGAUT, JACQUES

3,200—3,600 EUR

DESCRIPTION

épreuves corrigées, 2 pp. sur 2 ff. in-8 (206 x 134 mm), montés sous protections rhodoïdes. Chemise et étui de percaline verte, titre au palladium (Laurenchet).

pièce jointe : Rigaut, Jacques. Agence générale du suicide. (Roman d'un jeune homme pauvre). Paris, Jean-Jacques Pauvert, collection « Le Lycanthrope (4) », 1959. Edition en partie originale. Il n'a pas été tiré de grand papier.

CATALOGUE NOTE

Ces épreuves corrigées, destinées au n° 18 de Littérature, font apparaître pour la première fois, de la main de l'auteur, le titre définitif de ce texte.


LOT 114


LA VALISE VIDE IN LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE N° 119.
PARIS, N.R.F., 1923.


DRIEU LA ROCHELLE, PIERRE

400—500 EUR


DESCRIPTION


édition originale. In-8 (207 x 140 mm), broché.

tirage : un des 100 exemplaires de tête.

pièces jointes : -Drieu la Rochelle, Pierre. Le Feu follet. Paris, Gallimard, 1931. Edition originale. In-8 (188 x 110 mm), broché, un des 647 exemplaires sur pur fil.
-Drieu la Rochelle, Pierre. Le Feu follet suivi de Adieu à Gonzague. Paris, Gallimard, 1963. Edition en partie originale. In-8 (187 x 111 mm), broché, complet de sa jaquette illustrée.

CATALOGUE NOTE

Texte de 44 pages consacré à Jacques Rigaut (voir les lots 267 à 269) et dédié à Paul Eluard.
L'émouvant Adieu à Gonzague qui clôt la réédition du Feu follet complète et adoucit résolument, La Valise vide. La jaquette de l'ouvrage reproduit une photographie de Maurice Ronet, bouleversant interprète du film éponyme de Louis Malle.

L'intégralité du catalogue (avec les photos des lots) est en ligne ICI

25.3.09

Rigaut si é fermato a Amalfi


Hôtel Luna, Amalfi.

"L'été suivant, je me trouvais en Italie, sur le petit bateau d'un ami dans le golfe de Naples." (Ecrits, Jacques Rigaut) J.R. s'est arrêté à Amalfi... Il est descendu à l'Albergo della Luna, L'auberge de la Lune, un ancien couvent byzantin qui fut la demeure d'Ibsen et de saint François d'Assise.

Ce soir sur France 3, à 20H35, l'émission "Des racines et des ailes" propose : "L'Italie côté sud : Naples, Capri et Amalfi".

22.3.09

L'ami musicien



Qui était cet ami musicien avec lequel Soupault et Rigaut se promenaient à Montparnasse? Merci à François Buot (biographe de Crevel, Tzara et Nancy Cunard) et à François Martinet (directeur des Cahiers Soupault) pour m'avoir signalé cet envoi autographe de Philippe Soupault à Georges Hugnet inséré dans un exemplaire du roman Le Nègre (éditions Kra, 1927), un des lots de la vente d'ouvrages surréalistes proposée par le libraire Claude Otorelo à Drouot le 27 mars 2009 à 14H.


"Un court roman de Philippe Soupault, Le Nègre (1927) fournit un remarquable exemple de cette vision. Son héros, « nègre d’origine inconnue », maquereau, bookmaker, trafiquant de drogue, assassin, sait rire de tout. Il est cruel mais il est libre « parce qu’il n’a pas voulu accepter les “menottes forgées par l’esprit’’ ». Après avoir tué une prostituée nommée Europe, il finit par aller à l’Afrique, ce continent « qui lui est encore inconnu et que seul son sang appelle ». Présenté comme un « réquisitoire contre la civilisation européenne », Le Nègre brode en une langue extraordinaire les espoirs impossibles de la régénération par l’Autre, l’insatisfaction qui sourd de l’incapacité à se perdre vraiment." (Denis-Constant Martin)