Manuscrit dactylographié du texte "Adieu à Gonzague"
de Pierre Drieu La Rochelle
Si vous ne devez voir qu'un film de Louis Malle, voyez le plus beau, le plus grand, le plus sublime : "Le Feu follet". Ce film est l'adaptation du roman homonyme (l'un des plus beaux également) publié par Drieu en 1931. Ce "roman qui fait encore peur", écrivait le biographe de Drieu (Magazine littéraire, 1978) est la suite de "La Valise vide", la longue nouvelle parue en 1923 dans La N.R.F où Jacques Rigaut avait déjà servi de modèle à son ami. Drieu bouclera ce triptyque littéraire avec "Adieu à Gonzague", un mea culpa déchirant écrit après le suicide de Rigaut. Restons dans le superlatif, Louis Malle avec ce film noir et douloureux donne à Maurice Ronet le rôle de sa vie. L'excellentissime comédien qu'était Ronet atteint ici des sommets en jouant le personnage d'Alain Leroy. De la première à la dernière image, on est saisi, presque hypnotisé, par le jeu de l'acteur dont la sobriété froide et la violence retenue nous transpercent le coeur. L'histoire même de ce film mériterait un livre tant elle est passionnante. Un chapitre important de la biographie y sera consacré. A l'automne 1963, un jeune journaliste de "Clarté" (journal des étudiants communistes) nommé Serge July rencontre le réalisateur au Balzar pour un long entretien. "Je n'aime pas Rigaut, confie Louis Malle au futur directeur de Libé. C'est un drogué. Il m'exaspère." La bonne nouvelle pour la fin : "le Feu follet", film aujourd'hui introuvable, devrait sortir prochainement en DVD .