30.9.05

Avis de tempête sur Beaubourg





Programme des réjouissances

1)

Lundi 3 octobre (matinée)


11h15 Arrivée au Centre Pompidou, café

11h30 Conférence de presse par Bruno Racine, Président du Centre Pompidou et Laurent Le Bon, commissaire de l'exposition.

12h15 Visite de presse de l'exposition DADA

13h30 Buffet

2)

Lundi 3 octobre (soirée)

Visite privée de l'exposition
16h à 21h30 Galerie 1, Niveau 6

3)

Mardi 11 octobre
Vernissage de l'exposition
de 14h à 21h30 Galerie 1, Niveau 6

"Jazz-Band parisien exécuté par Renaud Donnedieu de Vabres, Alfred Pacquement, François-Henri Pinault. Laurent Le Bon vous lira un manifeste sur l'amour faible et l'amour amer. Bruno Racine vous parlera de « ce qu'il n'est pas permis de dire sur l'art. »
Whisky, Thé, Eau
Toutes les tenues sont de rigueur
Entrée libre mains dans les poches, sortie facile tableau sous le bras
Au-delà de la peinture
Les dames sont priées d'apporter tous leurs bijoux."

28.9.05

Le scandale Dada



Ai appelé ce matin le professeur retraité pour le remercier. Grâce à ses informations, j'ai pu reconstituer tout le parcours scolaire (classes primaires et élémentaires) de l'élève Rigaut que je vous dévoilerai dans la bio...il y aura des surprises! Ok, j'arrête le teasing:) Déjeuné aujourd'hui avec une amie journaliste : "Tu crois qu'un jour quelqu'un se penchera sur nous comme tu le fais pour J.R.?" Le plus troublant dans une biographie au long cours, c'est de s'apercevoir au fil du temps qu'on en sait beaucoup sur la vie d'un inconnu que celle d'un proche.



Revenons à l'exposition Dada de Beaubourg qui ouvre ses portes la semaine prochaine. Au sujet des "oubliés" sur l'affiche officielle de l'expo, une polémique semble naître... Bernard Morlino, chroniqueur littéraire, "envoyé spécial de personne" selon sa définition de son métier, biographe de Philippe Soupault et d'Emmanuel Berl, m'a envoyé un mail :

"L'absence de Philippe Soupault ne fait mal aux yeux. C'est comme si on voulait figurer Paris sans la Tour Eiffel. Je n'ai pas joué à ton jeu car le fait de ne pas lire "Philippe Soupault" m'a trop déçu. C'est une faute et non pas un oubli. J'irais bien faire scandale rien que pour ça. Je suppose que dans l'expo, il n'y en aura que pour Breton et Tzara... Tzara qui a dit qu'il fallait tout démolir ! "S'ils sont venus à Paris, c'est pour se faire connaître. Moi j'y suis né..." (Soupault à moi.)

N'oublions pas que la bibliothèque de Tzara a fini à Drouot tout comme les livres et les tableaux du marchand Breton. On est loin de Dada, et ils savaient bien que tout finirait de la sorte alors que Soupault était un anti-collectionneur par excellence. Le vrai dada c'est lui! On le chasse de l'affiche comme on efface les gens sur certaines photos."

A suivre?


"Méfiez-vous des contrefaçons. Les imitateurs de Dada veulent vous présenter DADA sous une forme artistique qu'il n'a jamais eue. (...) On vous présente aujourd'hui sous une forme pornographique, un esprit vulgaire et baroque qui n'est pas L'IDIOTIE PURE réclamée par DADA MAIS LE DOGMATISME ET L'IMBECILITE PRETENTIEUSE !"

Paris 12 janvier 1921

[signatures] E. Varèse, Tr. Tzara, Ph. Soupault, Soubeyran, J. Rigaut, G. Ribemont-Dessaignes, M. Ray, F. Picabia


Bernard Morlino me spamme : "En 1981, Soupault m'a expliqué qu'au départ Dada était un mouvement pour se délivrer de tout le fardeau des aînés afin de ne plus écouter le discours de ceux qui les avaient envoyés à la boucherie de 1914. Rien n'était plus violent que cette ambition de massacrer les idées reçues mais peu à peu, au début des années 1920, il s'est aperçu que Dada était surtout un moyen de se faire connaître par le scandale. A partir de là, Soupault refusa de faire le clown et devint reporter, ce qui énerva Breton. Soupault gagnait sa vie par la presse. Breton et Aragon eux étaient payés par Jacques Doucet pour acheter des tableaux, des livres et des manuscrits. Comme dadaistes on fait mieux. Le pionnier Soupault les devança encore car question presse, Aragon s'y illustra ensuite. Quant à Breton, il a fini pape!"

25.9.05

Cherchez le garçon...


Le groupe Taxi Girl au début des années 80 (Daniel Darc au centre)

LE FEU FOLLET

J'aurais voulu être vous
Ce doit être assez doux
J'aurais bien aimé rester
Mais aux regrets je semble voué
Pas à vous
M'en voulez-vous
M'en voulez-vous

Quand un feu follet s'éteint
Que devient-il est-ce la fin

La fin ce doit être doux
Peut-être est-ce comme être vous

Si je suis votre ami
Aimez-moi comme je suis
D'ailleurs je ne suis pas beaucoup
Et je crois que je m'en fous
Si je suis votre ami
Aimez-moi comme je suis

Ma vie elle ne va pas assez vite
Alors je l'accélère
Je la redresse


Pour Maxwell

(Daniel Darc,
album NIJINSKY,
1994)

24.9.05

J.R. le récipiendaire


Tombe de Jacques Rigaut au cimetière Montmartre.
Photographie de Frédéric Ndao, un admirateur de J.R.


Ai reçu quelques réponses à mon jeu des oubliés...

Mail de Franck

Manque : Arthur Cravan [le poète-boxeur est présent mais en tout p'tit] Jacques Vaché [le très influent...] En trop : Otto Dix [à discuter]

Cher Jean-Luc,
j'ai peut-être mal lu [non, Béatrice, vous avez bien lu...], mais il me semble qu'il manque aussi sur cette affiche le nom de Philippe Dada (Soupault)... Merci comme toujours de votre blog! Bon courage. Béatrice

Cela fait quatre fois que je regarde l'affiche de Beaubourg, et que je me demande si c'est moi qui vois mal ou si c'est la réalité... Déjà, dans le programme de Beaubourg le nom de Tzara n'était même pas mentionné... Et puis, je me dis qu'après tout, pourquoi vouloir à tout prix nommer les "oubliés" de cette affiche ? Faire partie de cette affiche est-il un gage de qualité ? Comme dirait un authentique poète Dada que je ne nommerai pas : "plutôt l'oubli que le trottoir"... Isabelle


Je désespérais de trouver des informations sur la scolarité (primaire) du petit Rigaut au lycée Montaigne dont les archives ont été détruites lors de la Seconde Guerre mondiale. J'avais appelé en mars dernier un professeur retraité du lycée qui me confia qu'il avait consulté les Palmarès (prix décernés aux élèves) de l'établissement dans une bibliothèque parisienne, malheureusement il ne souvenait plus du nom de la bibliothèque... Je décidais de le relancer la semaine dernière. Bien m'en pris, le professeur avait retrouvé la mémoire. Depuis deux jours, je remonte dans le temps scolaire de J.R., s'il n'était pas le premier de sa classe, le petit Rigaut était loin d'être un cancre. Le 27 juillet 1909, alors qu'il vient de finir sa septième, lors de la distribution des prix, son nom résonne dans la cour du lycée pour un 2ème prix en "Récitation"!

"La volubilité de ses paroles faisait les bouches bées" écrira Drieu dans "la Valise vide" (NRF 1923).

20.9.05

DADA SOIREE




Vernissage de l'exposition Dada au centre Pompidou le mardi 11 octobre de 14 heures à 21 heures 30, galerie 1, niveau 6. Avec la participation des Champagnes Pommery... La question qui est sur toutes les lèvres : Y aura-t-il scandale?

Dans les années 60, lors du vernissage de la dernière exposition Dada, un vieux dadaïste, paraît-il, trépignait et tapait le sol de sa canne en criant : "C'EST PAS DADA! C'EST PAS DADA!"

Petit jeu : quels sont les grands noms absents sur l'affiche officielle de l'exposition? J.R. déjà...

15.9.05

Rigaut avec un T!



"Je vous signale, si jamais vous voulez vous faire rigaldien, que l'orthographe Rigaud est présente dans mes exemplaires de :
- André Breton, Entretiens avec André Parinaud (Idées/Gallimard)
- Raymond Queneau, Bâtons, chiffres et lettres (Folio essais) !!
J'espère qu'elle ne vous agace pas trop et que, dans ce cas, vous ne la rencontrez pas trop souvent."

Ce mail de Greg m'a fait sourire, car de son vivant J.R. déjà s'amusait de l'orthographe fautive récurrente de son patronyme. Dans une lettre de 1918 à Simone Kahn, il notera à propos d'Amiot son ancien professeur : " (...) Inutilement je lui répéterai que mon nom prend un "t", il l'écrira toujours avec un "d". (...)" Il est curieux de constater que la malédiction orthographique continue aujourd'hui. J'ai même lu récemment dans un livre d'entretiens un "Jacques Rigaux"... Le plus drôle, c'est que Jacques Rigaud existe, je l'ai même croisé lors d'une soirée.

11.9.05

"...dans le coeur comme Jacques Rigaut..."



Le journal Libération du 6 septembre 2005 offrait à ses lecteurs un dialogue improbable entre le cinéaste Jim Jarmusch et l'écrivain Jean-Jacques Schuhl. Une déambulation nocturne dans Paris racontée par l'auteur du livre culte "Rose poussière" et photographiée par le réalisateur du film non moins culte "Stranger Than Paradise". Schuhl dans son texte, sans le citer, évoque le suicide du cinéaste Jean Eustache en mentionnant celui de Jacques Rigaut. Merci à Olivier Stupp de m'avoir signalé cette mention.

6.9.05

Frères Jacques



"Les morts violentes par suicides font l'objet de rapports particuliers, réalisés par la gendarmerie ou les commissariats de police, avec certificats médicaux. Les dossiers sont parfois classés à part. Le registre du parquet relève pour les suicides les noms, prénoms, état-civil, domicile, profession des victimes ainsi que la date, le genre de mort et les motifs présumés des suicides." (Guide des archives judiciaires et pénitentiaires, CNRS éditions)

Véritable partie de billard à trois bandes pour retrouver le rapport administratif du suicide de J.R. 1) Les archives de Hauts-de-Seine me renvoient: 2) aux archives de Paris (en 1929, Châtenay-Malabry dépend du département de la Seine) qui concervent les dossiers du parquet du Tribunal de Première Instance 3) aux archives de la Préfecture de Police de Paris qui conservent les registres de l'Institut Médico-Légal.

Aux archives de Paris, je fais une demande de recherche dans les "dossiers mort sans suite". Trois semaines de délai pour avoir une réponse. La spécialiste des archives judiciaires me conseille également de recontacter les archives des Hauts-de-Seine pour leur demander une recherche dans leurs "fonds de la justice de paix" où sont enregistrés les "actes de juridiction gracieuse" dans lesquels se trouvent les "appositions des scellés" qui décrivent les lieux du suicide.

Je fais chou blanc aux archives de la Préfecture de Police de Paris. Nulle trace de J.R. à la date du 6 novembre dans le registre de l'Institut Médico-Légal de 1929. Une mention m'aurait permis d'avoir accès au rapport d'autopsie. A suivre...

Jouissive lecture de l'essai de Bertrand Lacarelle (Grasset mars 2005) sur l'autre Jack. "Jacques Vaché est l'homme que j'ai le plus aimé au monde" écrivait André Breton en 1949 à Marie-Louise Vaché, la jeune soeur de Jacques Vaché. Je me suis souvent demandé pourquoi Breton ne s'était pas plus intéressé à Rigaut. Un début de réponse se trouve peut-être dans la déclaration de Drieu après la mort de J.R, déclaration rapportée par Maurice Martin Du Gard : "Les surréalistes en feront un Saint dans leur Eglise. Ils l'en avaient chassé avec des injures." Drieu lui-même écrira un déchirant mea culpa, "Adieu à Gonzague" :"Ma plus grande trahison, ç'a été de croire que tu ne te tuerais pas."

Quant à Rigaut il avait déjà donné sa réponse : "On a trouvé hier dans le jardin du Palais-Royal le cadavre de Dada. On présumait un suicide (car le malheureux menaçait depuis sa naissance de mettre fin à ses jours) quand André Breton a fait des aveux complets."

1.9.05

Dada est Partout. Tout est Dada.




J'ai déjà parlé dans ce blog de l'exposition Dada qui se tiendra au Centre Pompidou du 5 octobre 2005 au 9 janvier 2006. Beaucoup d'agitation éditoriale autour de cette exposition. Les éditeurs ont mis le nez dans leurs fonds, pas moins de cinquante livres (environ) seront publiés à cette occasion. On espère une réédition des livres épuisés sur le sujet. Le Magazine littéraire nous concocte, paraît-il, un "spécial Dada". Mais l'événement majeur de cette rentrée Dada reste la publication chez Hazan des "Archives Dada" rassemblées par Marc Dachy. Le blog Rigaut offre à ses fidèles lecteurs la primeur de cet ouvrage en publiant sa (très belle) jaquette. Merci à Marc Dachy.