22.12.05

Matricule 671




Ai (enfin) consulté ce matin le dossier militaire de J.R Très ému, lorsqu'en feuilletant son "livret matricule", je trouve coincée entre deux pages la plaque militaire de J.R! Cette plaque portée par les soldats de la Grande Guerre permettait d'identifier plus facilement les cadavres des "tombés au champ d'honneur"... ça vous paraîtra peut-être ridicule, mais j'ai longuement tenu cette plaque entre mes mains.
Je vous offre l'exclusivité de cette image. C'est mon cadeau de Noël. Joyeuses fêtes à toutes et à tous.


P.S. : suite à ce dernier post, reçu un mail de Bernard Morlino. Extrait : "La plaque. Pas besoin de dire que tu as peur d'être ridicule... Tenir la plaque c'est serrer dans ses bras J.R.
Merci d'exister."

Merci à toi Bernard.

20.12.05

La première traversée



Aller-retour au Havre. Dans le train, je reçois un texto de Charlotte : " Si Jacques est passé par ici, Jean-Luc repassera par là. Bon courage et bonnes recherches. Bisous." Le bureau de l'association French Lines qui conserve les archives de la Compagnie Générale Transatlantique se trouve dans la zone portuaire du Havre. Effectivement J.R est passé par ici, la valise pleine... pour embarquer sur l'un des 11 paquebots de la compagnie. Le 17 novembre 1923 exactement. Dans les archives, je retrouve même l'heure d'embarquement... Les informations du Havre recoupent celles que j'ai trouvées à New York. J'éprouve une joie silencieuse à pouvoir ajouter quelques pièces au puzzle... Dans le train du retour, épuisé, je sombre dans les bras de Morphée.

Ai reçu un mail très touchant de O.


"je me méfie beaucoup des compliments, vous aussi très certainement, mais à quatre heures du matin - les deux dernières passées avec le tendre JR et toute votre ferveur - je tenais tout de même à saluer sincèrement votre travail.

merci.

le web, vous l'aurez remarqué sans moi, est une telle mare que l'on se retrouve presque étonné d'y trouver des choses justes.

je ne sais plus déjà par quels chemins j'ai découvert votre "blog".
la tristesse, je crois.

une photo dans la tête - Rigaut, Tzara, Breton - c'est cette photo parue dans le merveilleux petit bouquin de Marc Dachy sur Dada, vous savez : Rigaut rêveur et vrai - Tzara mobile, hors de sa propre image, échappé - Breton superbe et hiératique, qui pose.

à des moments très durs il y a des mots de Rigaut qui m'ont peut être sauvée. ironie suprême ?
"se passer la main sur le visage, la crainte angoissée de n'y plus trouver ni nez, ni bouche, tous traits effacés comme sur un dessin..."

et vous, cette nuit, vous êtes là, vous donnez à lire le cheminement difficile, passionné de votre enquête, une enquête nécessaire et puis vous me rassurez follement.

j'ai 24 ans. je méprise l'université française, que je ne connais pas, que je ne veux pas connaître.
il paraît que la littérature s'étudie - il paraît également que j'écris un mémoire de maîtrise sur le sublime insaisissable Arthur Cravan.
un an déjà que Cravan me nourrit, me protège, m'amène à avancer - un an que je me dégoûte par avance d'oser le fixer dans le cadre accepté de quatre-vingt pages dactylographiées et notées.
et vous, vous respirez Rigaut, vous l'accompagnez fidèlement, vous l'écrivez et vous ne le défigurez pas pour autant...
je vous le dis encore : ça me rassure follement.

je n'ai pas d'idôlatrie béate ni pour Cravan, ni pour Rigaut, ni pour mes grands alliés Breton, Aragon, Péret, ou Desnos
mais j'ai peur, à lire des papiers ou à écrire une absurdité universitaire moi-même à leur sujet, de tomber dans le piège du mythe, de faire du Spectacle inutile (brasser du vent, en faire des têtes jivaro)
vous, vous écrivez l'homme Rigaut
cela me semble suffisamment rare pour mettre des mots de remerciements sur ces espèces de larmes qui me montent aux yeux en absorbant encore cette nuit son sourire, sa maison, sa vision, ses mots
et puis les vôtres qui accompagnent, au sens le plus noble du terme

voilà

je vous souhaite de très belles, très fructueuses heures de travail
de formidables découvertes, et de somptueuses bibliothécaires
tout cela est important...

bien à vous,

O."

13.12.05

Plein soleil


Jacques Rigaut ( photo inédite, sans date, probablement début des années 20)

Journée fructueuse. Ai trouvé chez un ayant droit, une minuscule photographie de J.R. qui m'avait échappée lors d'une première visite. Une autre règle d'or : revenir sur les lieux renfermant des archives autant de fois qu'il est possible d'y revenir. Scannée et agrandie, l'image devrait être magnifique. La photo est prise de l'intérieur d'une maison, J.R est debout (nu?) sur la terrasse ensoleillée tournant le dos à la mer, regardant l'objectif avec un léger sourire, Narcisse éblouissant. Plus tard chez Philippe Collin qui m'accueille avec beaucoup de délicatesse. Il me parle du tournage du "Feu follet", de Maurice Ronet avec lequel il passait des nuits blanches chez Castel. Tout le monde se relayait jusqu'à l'aube. Louis Malle voulait que Ronet arrive livide sur le plateau... Nous parlons de Bove, de Bram Van Velde et de Duchamp avec lequel il a réalisé plusieurs entretiens. Une belle rencontre.

Lu sur le blog de Pierre Assouline cette citation de Cioran. J.R. lui donne raison et tort en même temps, d'où l'importance d'une biographie, comme une suite logique...

« Il ne peut y avoir d'aboutissement à la vie d'un poète. C'est de tout ce qu'il n'a pas vécu que lui vient sa puissance. Plus le contenu de l'instant est nourri d'inaccessible, plus le poète est à même d'en exprimer la substance. La quantité de résistance que la vie oppose à la soif de vivre détermine la qualité du souffle poétique. L'expression se condense dans la mesure où l'existence nous échappe et le poids du mot est proportionnel au caractère fuyant du vécu. Eminesco, le plus grand poète roumain, est une des illustrations les plus probantes de l'échec qu'implique toute existence poétique. Sa vie n'est qu'une série de misères accompagnées par le pressentiment de la folie qui devait finalement les couronner. Raconter cette vie ne servirait à rien, du moment qu'elle était nécessaire, et du moment que les accidents heureux n'entachent aucunement sa pureté négative. Pourquoi faire l'histoire d'une fatalité, quand elle aurait été la même dans n'importe quelle situation du temps et de l'espace ? La biographie n'a de sens que si elle met en évidence l'élasticité d'une destinée, la somme de variables qu'elle comporte. Chez Eminesco, c'est la monotone idée de l'irréparable qui laisse prévoir dès les premiers vers ce qui devait suivre et qui rend inutiles les soucis biographiques. Ce sont les médiocres qui ont une vie. Et si on a inventé les biographies des poètes, c'est pour suppléer la vie inutile qu'ils n'ont pas eue »

9.12.05

Action!



Malgré ma procrastination récurrente de ces derniers jours, j'ai tout de même avancé un peu... Ai pris rendez-vous avec l'association French Lines qui conserve les archives de la Compagnie Générale Transatlantique qui assurait la ligne Le Havre-New York. J.R était un habitué de cette compagnie... Un petit voyage au Havre en perspective. Pris rendez-vous également avec Philippe Collin qui fut le premier assistant de Louis Malle pour "le Feu follet". Il a aussi réalisé de nombreux documentaires sur Dada. "Aux abois" avec Elie Semoun dans le rôle principal est son dernier film de fiction. Enfin calé un autre rendez-vous avec l'ayant droit dont les placards renferment des trésors... Je peux dormir tranquille.

5.12.05

Les anonymes



Martin Kay m'envoie d'Angleterre, l'édition anglaise (voir couverture ci-dessus) d'un florilège des textes de J.R. Un tirage de 300 exemplaires par Atlas Press (1993) L'anglomane Jack Rigow aurait adoré cette publication...

R. W. Fassbinder disait des films de Douglas Sirk qu'ils comptaient parmi les plus beaux du monde. Ayant vu récemment "Le Mirage de la vie", je lui donne raison. Ai retenu cette citation de Douglas Sirk qui m'a fait songer à l'obsession de J.R. pour les miroirs : "Il y a une expression en anglais que je trouve merveilleuse et qui à mon avis exprime la totalité de l'art ou au moins son langage : Voir à travers un miroir confusément. Cela veut dire que tout, même la vie, vous ait inévitablement ôté, on ne peut saisir ni même toucher cette impression, on ne peut atteindre que ses reflets, si vous essayez de saisir le bonheur lui-même, vos doigts ne rencontrent qu'une surface de verre, car ce bonheur n'a pas d'existence propre et probablement il n'existe qu'à l'intérieur de vous-même."

J'aurais aimé consulter les manuscrits de J.R exposés au centre Pompidou. Réponse laconique du commissaire de l'exposition : "Le collectionneur souhaite demeurer anonyme." Voici un extrait de ma réponse : "L'anonymat est une mauvaise raison. On peut rester anonyme en envoyant au chercheur une copie du manuscrit. Est-ce qu'il serait au moins possible que je photographie les pages des manuscrits exposés au centre Pompidou? Merci d'avance." Réponse du commissaire : "Je me renseigne et vous tiens au courant."

2.12.05

"En chair étrangère"


Louis Malle et Maurice Ronet sur le tournage du Feu follet

Vu cet après-midi chez Sophie le documentaire de Noël Simsolo "Jusqu'au 23 juillet". Ce documentaire a été diffusé sur Ciné Cinéma Classic après "le Feu follet" de Louis Malle. Un documentaire de 30 minutes environ où sont filmés les témoignages de Mathieu Amalric (émouvant lorsqu'il raconte sa première projection du Feu follet à l'âge de 15 ans), Didier Daeninckx (qui cite Blondin : "La lucidité prodigieuse de ce moribond de charme se heurte à l'atroce et séduisante muraille humaine. Dès lors, il erre en chair étrangère."), Pierre-Henri Deleau ("Il a tous les talents du monde" dit-il en parlant de J.R.), Louis Malle (très juste quand il parle de la jeunesse flamboyante qui est passée et le déclin qui s'en suit...) et enfin le témoignage d'un inconnu dont le nom n'est pas au générique (Alain Sarde d'après Sophie) qui raconte sa promenade avec Jean Eustache ("Il était fou de Jacques Rigaut") au cimetière Montmartre et leur découverte d'une "tombe abandonnée", celle de J.R.

Le secrétariat d'Alain Delon m'a répondu. Mon courrier lui a été transmis.

26.11.05

Good news



"Je suis initié à la guerre qui est une chose épatante, esthétique, lyrique, sportive." (Jacques Rigaut)

"Monsieur,

Vous avez souhaité consulter des archives du ministère de la Défense concernant l'écrivain Jacques RIGAUT, dans le cadre de la rédaction d'une biographie. (...) Votre demande est agréée.

Le contrôleur général des armées. Directeur de la mémoire du patrimoine et des archives."

23.11.05

Sixième sens


William Petersen dans "Manhunter" (1986) de Michael Mann

En regardant hier soir l'excellent "Manhunter" (le sixième sens) de Michael Mann, j'ai été frappé par l'obsession monomaniaque du personnage principal, le profiler Will Graham (William Petersen) qui tente de reconstituer le profil d'un serial killer à l'aide de quelques maigres éléments. Au fil des indices, Will Graham va dresser un portrait détaillé du tueur jusqu'à la confrontation finale... Pour les besoins de son enquête, Graham se met littéralement dans la peau de celui qu'il poursuit sans relâche, jusqu'à faire vaciller sa propre santé mentale. Un biographe au long cours peut partager avec le profiler cette même obsession. A l'instar du profiler, le biographe doit parfois adopter une attitude caméléonesque afin de mieux appréhender son sujet. Sortir du flou pour le net, du lointain pour la proximité.

Entretien cet après-midi avec Silvain Gire dans les locaux d'Arte pour le bonus du DVD du "Feu follet" qui sortira début 2006. D'après Silvain, peu de gens savent que le film est inspiré de la vie de Jacques Rigaut, romancée par Drieu. Ce bonus est donc le bienvenu...

19.11.05

Oxymore


La grande rue de Patchogue, le 27 juin 2005.

Deux heures d'entretien hier avec Flora Bernard qui prépare une émission sur Jacques Rigaut pour "Histoires possibles et impossibles" de Robert Arnaud sur France Inter. Cet entretien fleuve m'a permis de confronter et d'échanger des points de vue intéressants sur la vie et l'oeuvre de J.R. Flora m'a fait remarquer avec justesse le caractère oxymorique de "Lord Patchogue", Lord signifiant seigneur et Patchogue, nom d'un village insignifiant de Long Island à l'atmosphère anxiogène sans attraits particuliers.

16.11.05

Les guêtres de J.R.


Jacques Rigaut en 1922 par Man Ray.
Image inédite. Copyright Centre Pompidou.

"En faisant de l'oisiveté un art de vivre en soi, indépendant des ressources matérielles auxquelles il est habituellement rattaché, le dandy est parvenu à en faire une utopie accessible, en imagination du moins, à ceux qui considèrent que l'élégance n'est pas un héritage réservé à ceux qui sont nés." ("L'esprit dandy", Henriette Levillain)

"En outre, j'ai eu faim (3 bananes en 4 jours), mais faim dans du linge très net, merci." (Extrait d'une lettre de Jacques Rigaut à Colette Clément, New York, novembre 1927)

Je passe la plume à Frédéric Ndao en espérant que je pourrai répondre à ses questions dans cet ouvrage à venir...

"Bonjour M. JL BITTON

J'espère et j'en suis persuadé que votre travail d'enquêteur sur J. RIGAUT
avance à grand pas.. Vous serez vraiment le seul Biographe sur cet homme toujours aussi fascinant et énigmatique. Je voudrais savoir qu'elle a été le moteur dans cette volonté de recherche. La volonté de résoudre une énigme aussi obscure dans la littérature française et dans l'histoire de l'art. La lecture de votre blog a ravivé ce besoin de vivre avec ce personnage qu'est Jacques Rigaut. Je crois que tout ceux qui vous supportent et que vous entraînez derrière vous vivent avec lui. Très peu de gens m'en ont en parlé avant que je lise votre blog. 3 personnes seulement, depuis l'âge de 19, 20 ans. C'est peu. Et d'une façon toujours anecdotique. Mon intérêt pour Jacques Rigaut lui aussi inexplicable. Bien avant la découverte du film de Louis Malle, la lecture du feu follet sur un banc public d?un square parisien par un dimanche d'hiver. C'est un personnage qui depuis un vingtaine d'années est venu, puis est reparti, pour revenir et s'enfuir de mes préoccupations, de mes passions, de mon métier, etc. Comme je le disais dans un de mes articles par autodérision
« Je vote à gauche, mais je lis des écrivains de droite... » Ca c'est pour
Drieu... Bref, j'attends avec impatience la sortie de votre biographie, la première, la plus riche... Il n'y a pas de relation de causes à effets, mais cela m'entraîne à
revoir et à lire « Un long dimanche de fiançailles », le court chapitre consacré à Jacques Rigaut dans la Bio de Drieu par Frederic Grover et autres, et ce 11 novembre qui ravive le souvenir des anciens combattants, me fait fouiller dans des piles de bouquins sur Craonne, Verdun, Nivelle?..Des discussion téléphonique avec ma mère qui garde le souvenir de visite sur l'ossuaire de Douomont, les tirailleurs Sénégalais etc. Je n'ai pas trouvé à acheter « En joue » de Soupault. A la bibliothèque G.Pompidou, il est disponible. Je ne veux pas vous faire perdre votre temps, mais je voudrais connaître le passé militaire de J. Rigaut (quel régiment, quel grade, quel endroit et combien de temps, l?Artois, la Somme, etc.) Cela me replonge
dans les histoires de mon grand-père qui a passé son conseil de révision en 18, juste à temps pour ne pas être mobilisé. Je pense qu'il en a gardé un complexe dans cette France d'après guerre occupée par tous ces hommes qui avait connu le front. J'ai scanné pour vous, mais vous devez déjà le connaître. L'article de Frederic Grover paru dans le Magazine Littéraire N° 143 de décembre 1978 en page 28 intitulé un « Roman qui fait encore peur : le feu follet. Une doc de plus que vous connaissez certainement. Depuis que je me suis remis sur Rigaut grâce a vous (je ne connaissais pas votre blog avant d'avoir photographié sa tombe.) tous les gens me
disent, encore ! Mais tu es amoureux ! Rassurez vous, je n'ai pas changé de
genre. Je parle à tout le monde de votre site et plusieurs personnes
découvrent J. RIGAUT dont ma mère. (Sourires)
Bon courage et grand merci pour ce travail. Ca c'est du boulot !"

11.11.05

Hommage à M.K.


Martin Kay à l'exposition Dada, Paris le 10 novembre 2005

Prénom : Martin
Nom : Kay
Né en 1941 à Kendal près de Liverpool
Signe particulier : toujours dadaïste au XXI ème siècle

Rendons hommage à Martin Kay sans qui rien ne serait arrivé. Avant d'être expulsé de France en mai 68, Kay a passé plusieurs années à travailler sur la vie et l'oeuvre de Jacques Rigaut. En stop, à vélo, il a parcouru Paris et l'Hexagone pour rencontrer les derniers témoins du mouvement Dada : Ribemont-Dessaignes, Soupault, Pierre de Massot, Georges Auric, Man Ray, Jacques Baron, Marcel Duchamp, Paul Chadourne... Il s'est également rendu chez le frère de Jacques Rigaut (qui venait de mourir) pour déchiffrer et retranscrire des manuscrits inédits de J.R., disparus aujourd'hui. L'éditeur (entre autres de Jean-Pierre Duprey et Stanislas Rodanski) François Di Dio (récemment décédé) lui confie alors la liasse de manuscrits qu'a laissée J.R à sa mort. L'aboutissement de ce travail de sauvegarde littéraire sera l'édition intégrale des écrits de Jacques Rigaut chez Gallimard en février 1970. Sur la page de garde de mon exemplaire, Martin Kay m'a écrit cette dédicace : "La vie est dangereuse : la preuve c'est qu'on finit par en mourir."



7.11.05

Jack Rigow et ses frères




"Bon, je ne dois certainement pas être la seule : on est inquiet. Pas de news depuis 8 jours, et un message elliptique "ne sais quand reviendrai"."

Merci à Isabelle de s'inquiéter, mea culpa! Depuis le début de ce blog (9 mois déjà!) j'ai habitué mes lecteurs à des "update" réguliers, disons tous les 3, 4 jours... Un rythme qu'il me sera difficile de tenir pendant peut-être deux ou trois ans encore. Dorénavant, mes mises à jour seront plus irrégulières. Je compte sur votre compréhension.:)

Mon ami américain Anton Newcomb du groupe the Brian Jonestown Massacre m'a écrit également pour me dire ce qu'il pensait des "événements" actuels dans nos banlieues : ""don't you have a car fire to put out or something?...perhaps you should get off of your computor, and bake some cookies...take them outside...and give them to those angry kids and explain to them in a calm voice that there are no ethinic communities in france...you are either french and welcome...or you should go back home. but what do i know?i am a stupid american. best wishes from burger-king-landia."

En juin dernier, lors de mes recherches à New York, j'avais tenté en vain de retrouver la maison de Cecil Parker Stewart à Oyster Bay où, un soir d'été 1924, J.R. se jeta dans un miroir dans l'espoir de passer de l'autre côté...ainsi naquit Lord Patchogue. Avant de partir, j'avais pu tout de même localiser la parcelle où se trouvait la maison et identifier l'actuel propriétaire. Je lui ai envoyé de France une lettre qui est restée sans réponse. Entre-temps, Cati Laporte a trouvé une photo aérienne (voir ci-dessus) en vente sur E-Bay de Centre Island, la presqu'île d'Oyster Bay où se situe la demeure. Je l'ai achetée. C'est Clarisse qui doit me la ramener de New York en décembre, le vendeur n'envoyant pas ses objets en Europe. Cette carte me permettra de voir la maison et de réaliser une comparaison avec la version satellitaire de Google Earth...






Valérie Stroh, la compagne de Jean-Pierre Darroussin, m'avait déjà parlé d'une version télé du "Feu follet", dans laquelle elle tenait un rôle. Frédéric Ndao m'a envoyé un mail à ce sujet : Bonjour M. Bitton. Je ne sais pas si vous êtes allé à l'Ina pour visualiser "le feu follet" adapté par Eric Emmanuel Schmitt et Gerard Vergez. Les dialogues sont de Eric Emmanuel Schmitt. Realisation de Gérard Vergez.
Les acteur principaux sont Laurent Malet dans le rôle d'Alain Leroy. Christine Boisson dans le rôle de Dorothy/Gladys Barber. Thierry Fortineau, Josiane Stoleru, Valérie Stroh. Vous trouverez ci joint quelques images capturées sur écran."

Je suis curieux de voir cette version, d'autant plus que je suis un admirateur inconditionnel de la merveilleuse Christine Boisson...




Thomas Baumgartner me signale également la la parution du Dictionnaire Zéro aux éditions Melville qui présentent ainsi leur ouvrage : "Dans la lignée du Glossaire, j'y serre mes gloses de Michel Leiris, et du Dictionnaire des idées reçues de Flaubert, Nicolas Boissier et Grégory Noirot nous proposent 125 définitions subjectives et fantaisistes : aphorismes, poèmes, récits, recettes, anecdotes...
Chaque définition est l'occasion de faire surgir un univers bariolé et ludique, qui puise son inspiration dans toutes les sources du savoir pour renouveler le regard du lecteur : Épouvantail retrace les pérégrinations d'un chanteur punk, Journal l'art divinatoire de la presse, Nuage la dispute entre frères ennemis? À la fois art poétique héritier du surréalisme et manuel d'art de vivre, ce texte mêle éléments mythiques et enjeux plus actuels. Ces fragments, qui autorisent une lecture aléatoire, tissent cependant une même recherche : introduire du « jeu », dans tous les sens du terme, au sein de l?existence. Dans cette sorte de « brocante » des mots, telle que l?évoque le préambule, ceux-ci redeviennent « trouvailles » de chineur, incitations à recréer les mots et le monde : « Zéro est une clairière. Celle où tout commence. »

J.R. est mentionné dans ce dictionnaire zéro à la définition du mot "canular"...
Grégory Noirot, l'auteur de la notice, avait déjà signé un article sur Rigaut.




"Je ne laisserai pas Dieu choisir le jour de ma mort"
"Très souvent. Je me passe la scène de ce moment-là... C'est de ne pas le faire qui est difficile. Mener une réflexion pour ne pas passer à l'acte. Le faire, c'est un jeu d'enfant". Jacques Rigaut a écrit quasiment les mêmes propos, mais c'est Alain Delon qui a les a tenus récemment dans un entretien avec Paris Match. Il faut se souvenir qu'Alain Delon a été l'ami de Maurice Ronet : « Je n'ai pas encore digéré le départ de Maurice Ronet. (...) Si tu demandes aux jeunes qui c'est, il n'y en a même pas un seul qui le sait. « Maurice Ronet, c'est quoi ? Un politique ? »Il faut aussi se souvenir de "Plein Soleil", du "Guépard", de "La Piscine", du "Samouraï", de "Monsieur Klein" et le meilleur pour la fin, de "Rocco et ses frères"...

29.10.05

"Ne sais quand reviendrai"


Jacques Rigaut par Mathilde Tixier

Ai reçu cette semaine deux lettres des instances archivistes.

1) Expéditeur : Direction des archives de France

"Je suis au regret de vous informer que le collège XXXX est un établissement privé et que ses archives ont de ce fait le statut d'archives privées. Il ne m'appartient donc pas d'intervenir dans le différend qui vous oppose à cet établissement quant à la consultation de ses archives."

En clair, dépatouillez-vous! on ne veut pas se mouiller...

2) Expéditeur : Chef du service historique de la Défense

"J'ai l'honneur de vous faire connaître que votre demande a été prise en compte et a été transmise, après instruction par mes services, aux autorités compétentes pour décision."

J'aurai la réponse des "autorités compétentes" dans deux à trois mois. Le temps peut paraître long au biographe, mais il lui est aussi favorable. Par exemple, les archives du collège XXX aujourd'hui inaccessibles seront consultables demain. "Avec patience et crachat on fait entrer un pépin de calebasse dans le derrière d'un moustique." (proverbe créole) ou le plus classique : "Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage." (Jean de La Fontaine)


"Nous nous sommes rendu compte qu'il y avait une demande assez forte autour de la biographie. Il existe aujourd'hui une recherche de modèles, c'est dans l'air du temps." (Yvon Girard, directeur de Folio)

Gallimard lance une collection de biographies inédites en format de poche. On peut tout de même s'interroger sur cette louable initiative. Ces biographies Folio seront-elles à la hauteur des "grandes biographies" qui souvent nécessitent des années de travail... ou s'agit-il de biographies raccourcies et écrites à la truelle pour répondre à une demande commerciale? La réponse se trouve chez le libraire.

A lire dans le Monde l'article de Philippe Dagen qui fait l'éloge (à juste titre) des "archives dada" de Marc Dachy que je voudrais remercier pour avoir traduit (avec Monique Fong) et publié dans son livre de larges extraits de "Life among the Surrealists" de Matthew Josephson. Ce journaliste américain a été un témoin direct des événements dada à Paris. Son témoignage n'est parfois pas très fiable - par exemple il fait mourir Rigaut (qu'il a connu) à New York - mais son livre fourmille de précieuses anecdotes pour le chercheur. Il faut dire que Josephson a rédigé ses mémoires en 1962... Lors de mes recherches à New York, j'ai retrouvé les lettres de réponses de certains dadaïstes (qui l'induisent en erreur) auxquels Josephson avait envoyé ses interrogations alors qu'il préparait son livre :

« (...) Avez-vous reçu les photos de J. Rigaut ? Je vous signale que la petite fille qui est avec lui sur la plage n'est pas sa nièce mais la fille de sa femme américaine [faux, la "petite fille" sur la photo est en fait un petit garçon et le fils de Jeanne Lecomte du Noüy] ] dont je ne sais pas le nom et qu'il aimait beaucoup d'après Paul Chadourne qui fut très lié avec lui." (Lettre [inédite] de Jacques Baron à Matthew Josephson, 27 octobre 1961)



Le meilleur pour la fin : ai trouvé cette semaine chez un ayant droit une lettre inédite de J.R. Un miracle que de retrouver cette lettre envoyée de New York qui s'achève par cette phrase laconique mais lourde de sens : "Ne sais quand reviendrai."

Je vous ai gâtés, non?

24.10.05

"Who killed Bambi?"



"Murder murder murder
Someone should be angry
The crime of the century
Who shot little Bambi
Never trust a hippie
'Cause I love punky Bambi
I'll kill to find the killer
In that rotten roll army
All the spikey punkers
Believers in the ruins
With one big shout
They all cry out
Who killed Bambi?"
(Sex Pistols)

"On a trouvé hier dans le jardin du Palais-Royal le cadavre de Dada. On présumait un suicide (car le malheureux menaçait depuis sa naissance de mettre fin à ses jours) quand André Breton a fait des aveux complets." (Jacques Rigaut)


A ne pas manquer! Le documentaire "Qui a tué Dada?" diffusé sur France 5 le samedi 29 octobre à 22h20 et le dimanche 30 octobre à 9H15.

"A travers le parcours de certains de ses principaux protagonistes, ce film-collage au ton décalé évoque l'histoire mouvementée de Dada et de ses différents " noyaux " de création. Notamment à partir d'éléments puisés dans les archives du mouvement (témoignages filmés, photos, revues et imprimés, correspondances entre artistes...), ce documentaire en retrace les prémices, la création à Zurich en 1916 au Cabaret Voltaire et l'extension mondiale jusqu'à la mutation progressive du " virus dada " au milieu des années 20... Par sa critique des impérialismes guerriers ou de la marchandisation du monde au moyen d'un " anti-art " et d'une " beauté nouvelle " comme par l'invention d'autres pratiques artistiques (poésie sonore, " happening ", écriture automatique, photomontage...), Dada, première internationale provocatrice et subversive, constitua un moment fondateur de la modernité..." (source : France 5)

A propos des "héritiers" du dadaïsme, j'ai lu avec intérêt le pertinent témoignage du sociologue David Le Breton : "A l'époque, les dadaïstes provoquaient, en effet, des émois et des réactions violentes. Ces artistes étaient empreints de révolte et n'ont pas toujours fait l'unanimité. Mais, aujourd'hui, les nouvelles formes du dadaïsme participent d'un certain conformisme. Elles épousent l'ambiance actuelle, ravissent les institutions, entrent au musée ou sont portées par des médias conventionnels comme la chaîne américaine MTV. De plus, pour les dadaïstes, le souci de l'autre était essentiel: il fallait alors choquer le bourgeois, interroger le lien social contre la morale, le tout en prenant parfois des risques considérables. Pour nos contemporains, il s'agit en priorité d'affirmer sa toute-puissance. Ils font parfois preuve d'une indifférence totale à l'autre." (source : L'Express)


Dans la caverne d'Alibaba d'un ayant droit. Des correspondances inédites où J.R. est mentionné à maintes reprises. Pour aller plus vite, je photographie les lettres (et les enveloppes) pour les retranscrire ensuite chez moi. L'appareil photo numérique est un précieux et indispensable compagnon pour le chercheur du XXIème siècle.

21.10.05

Un scoop...



Chaleureuse soirée bovienne à la Maison des écrivains. J'y retrouve Jean-Pierre Darroussin (en plein montage de son film "Le Pressentiment", d'après le roman de Bove), l'équipe du Castor Astral, Dominique Gaultier du Dilettante (en plein déménagement...), Marie-Thérèse Eychart (animatrice du débat), Dominique Barbéris, Didier Bezace (qui a monté "le Piège"). Je fais également la connaissance de Charlotte Bobovnikoff, l'arrière-petite-fille d'Emmanuel Bove qui lui ressemble étrangement... Projection du film de Bettina Augustin. Très ému à revoir ces images tournées il y a plus de dix ans. Raymond Cousse me manque, nous manque. Merci à Sylvie Gouttebaron, la directrice de la Maison des écrivains.

Greg m'a envoyé le monologue (très rigaltien) de "La maman et la putain" où un texte ("passeport idéal" p. 101, "Ecrits") de J.R. est cité anonymement. Voir ci-dessus le photomontage de Greg avec l'image du film et la page des "Ecrits" de Rigaut.

"- Alexandre (Jean-Pierre Léaud) : Excusez-moi mais j'ai l'impression de vous ennuyer à mourir.
- Véronika (Françoise Lebrun) : Mais vous m'avez regardé ?
- Alexandre : Oui. Et je vous trouve très bien.
- Véronika : Est-ce que j'ai la tête de quelqu'un qui s'ennuie ?
- Alexandre : Non, mais les femmes sont tellement menteuses...
- Véronika : Et vous, qui êtes-vous ? Comment vivez-vous ?
- Alexandre : Je suis assez pour l'ennui. Comme cette secte d'hérétiques dont parle Borgès, je crois, et dont la qualité essentielle est dans l'ennui. Pas dans la foi, l'enthousiasme : dans l'ennui, le nul. Je suis assez d'accord avec ça, d'ailleurs j'ai fait mon autoportrait.
(il sort, de sa poche, une feuille qu'il déplie et montre à Véronika)
Vous me reconnaissez ? C'est mon seul brevet d'existence. Mais de temps en temps, je suis content. Par exemple, ici avec vous, même si j'ai emprunté l'argent pour y venir.
- Véronika : Mais vous êtes fou d'être venu ici si vous n'avez pas d'argent !
- Alexandre : Ne pas avoir d'argent n'est pas une raison suffisante pour mal manger. Quand j'étais enfant, je volais des livres. Je prétendais que la pauvreté n'est pas une raison suffisante pour ne pas se cultiver. Il y a des gens qui ont la chance d'avoir assez d'argent pour vivre sans rien faire, et qui font quelque chose. Ils font même des choses bien... Du cinéma par exemple. Cela leur permet de prétendre gagner leur vie. Qu'ils prennent la place d'autres gens ne me dérange pas beaucoup - au contraire, il faut toujours encourager les injustices. Mais en plus, ils croient apporter quelque chose : leur création, enrichir le monde, quel programme !"


Greg participe également à la revue Hapax . Il a écrit un petit texte d'hommage à Rigaut intitulé "Etant donné 05 : ce qu'a fait l'ennui". Une série composée avec Céline Brun-Picard.

"C'est Rigaut - hello !
But i butt in a plane of a plain
I cut and got cut and snitched a bitch"

18.10.05

Auric, Eustache, Calet, Bove...


Jacques Rigaut en 1922 par Man Ray.
Image inédite. Copyright Centre Pompidou.

Ai rencontré ce matin la veuve de Georges Auric. Alors qu'elle avait vingt ans, le célèbre compositeur du Groupe des Six (lui-même septuagénaire) l'a demandée en mariage. L'anticonformiste Georges Auric dont la signature ("Je n'ai rien à vous dire") dans "L'Oeil Cacodylate" se trouve au-dessous de celle ("Parlez pour moi") de Rigaut. Quand il rentre de New York en 1928, J.R. fait fabriquer des miniscules cartes de visite aux noms de ses amis dont Georges Auric. Madame Auric m'invite aimablement à venir sur la Riviera consulter les archives de son mari musicien. Peut-être y trouverai-je un exemplaire de ces cartes? voire même celle au nom de Lord Patchogue...

Reçu un mail de Jean-Pierre Baril (biographe de Henri Calet): "Un petit mot pour te dire que je travaille encore beaucoup, que j'ai juste le temps de prendre de tes nouvelles sur le Rigaublog. Les dernières photos sont belles, très belles même, ce petit personnage en papier devant Rigaut sur un canapé... Comme si c'était lui, une effigie futile, gracieuse, minuscule. Magnifique photo. Consterné par tes démêlés avec les autorités militaires et scolaires. Mais bon, l'école, la caserne... On a su, et maintenant c'est pareil... Petite citation pour ton blog (payable en trois mensualités de 0,002 euros à la publication) : « Heureusement pour l'humanité, l'armée a généralement été le refuge des esprits de troisième ordre. » (Lewis Mumford, Technique et Civilisation.) Yves Gibeau l'a placée en épigraphe de son plus beau livre : Allons z'enfants... (...)"

Un mail également de Greg qui m'informe que Jean Eustache mentionne J.R. dans l'un de ses films! Vous devinerez lequel. J'y reviendrai dans un prochain post.

Ce soir rendez-vous à la Maison des écrivains pour un hommage à Emmanuel Bove.

16.10.05

Démêlés archivistiques


Jacques Rigaut en 1922 par Man Ray.
Image inédite. Copyright Centre Pompidou.

Piqure de rappel. Une règle d'or en recherche : toujours s'informer auprès de plusieurs personnes même si elles ont la même fonction. L'une vous donnera une information délaissée par l'autre et inversement. Au service historique de la Défense, une première personne m'affirme que le dossier militaire de J.R. ne peut pas se trouver chez eux puisque le service historique de l'armée de terre ne détient pas les dossiers des militaires non-officiers de la guerre 1914-1918 et que pour les militaires nés entre 1847 et 1910, il faut se rendre aux archives départementales du lieu de résidence. Alors que je consulte d'autres documents liés aux régiments de J.R., une autre personne s'intéresse à mon cas.
- Avez-vous consulté le classeur X pour voir s'il se trouve chez nous?
- Heu..non, on m'a dit....
- Attendez, on va regarder, ça ne coûte rien... Rigaut comment?
- Jacques, madame
- Si, il est chez nous...Remplissez cette demande de dérogation pour être autorisé à consulter son dossier. Vous aurez une réponse dans un à deux mois.
- Merci B.E.A.U.C.O.U.P madame...

Il faudrait que je m'établisse un petit topo concernant les dispositions de la loi sur la communication des archives. Chez les militaires, par exemple, selon la loi sur les archives du 3 janvier 1979, un dossier personnel n'est communicable que 120 ans après la naissance de l'intéressé. Voici le cheminement de la demande de dérogation : dossier instruit par le service d'archives qui le transmet au cabinet du ministre de la Défense, par l'intermédiaire de la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives. Puis le service des archives est informé de la décision du ministre de la Défense et le notifie par courrier au demandeur... Ces démêlés archivistiques me rappellent que je dois relancer la direction des Archives de France afin qu'elle tranche dans mon litige avec l'établissement scolaire qui refuse de me communiquer les notes de J.R.

Hier soir au Select, rendez-vous avec Marc Dachy qui m'apporte un exemplaire de ses "Archives dada". Le livre est magnifique. Une iconographie soignée, si soignée que je m'aperçois d'un détail qui m'avait échappé jusqu'à maintenant. Sur la célèbre photo du vernissage de l'expo Max Ernst (2 mai 1921) où Rigaut est suspendu la tête à l'envers, on peut voir, dans le livre de Dachy, que J.R. a une cigarette au coin des lèvres...

Ceux qui ont raté mon passage sur France Culture peuvent l'écouter en cliquant ICI
Merci à Eric pour le fichier MP3 et à Emma pour la mise en ligne.



Soon as possible...


Jacques Rigaut en 1922 par Man Ray. Original inédit
de l'image qui sera recadrée au tirage par le photographe.
(Copyright, éditions du Centre Pompidou, 2005)


"(...) Mais le mystère Rigaut demeure." [Fin de la notice J.R. par Julie Béret, Catalogue Dada, Centre Pompidou, 2005]

" (...) C'est seulement très récemment qu'une nouvelle attention se porte sur Jacques Rigaut au sujet duquel manque un essai à caractère biographique : subsistent de larges zones d'ombre notamment sur ses années aux Etats-Unis (1924-1928). (...)"
[Extrait de la notice J.R. par Marc Dachy, Archives Dada, Hazan, 2005]

11.10.05

Too much Jacques...




Toujours plongé dans la scolarité de J.R. Sur les registres qu'on m'autorise à consulter (je suis en négociation pour les autres...), quelques appréciations de ses professeurs qui aujourd'hui résonnent étrangement : "Trop léger... Trop souvent absent..." ça me rappelle l'avis du comité de lecture d'un éditeur auquel j'avais proposé mon projet de biographie : "personnage trop limite". Certes, J.R. est "too much", et c'est pour ça qu'il a fasciné ses proches et qu'il fascine encore aujourd'hui. Jacques Rigaut ne serait-il pas à la littérature ce qu'est James Dean au cinéma? Disparition tragique prématurée, reconnaissance posthume, oeuvre mince, angoisse récurrente, goût du risque, icône, sexualité floue, caractère imprévisible, énigmatique, etc. Chacun dans leur domaine, des mythes bien plus complexes qu'ils n'y paraissent.

Conversation téléphonique avec Silvain Gire à propos de ma participation au bonus du DVD du "Feu follet". Y aurait beaucoup à dire aussi sur Maurice Ronet qui apparaît dans la biographie de Dominique de Roux (par Jean-Luc Barré) publiée récemment chez Fayard. Une biographie passionnante, paraît-il. Elle est en haut de la pile de livres que je dois lire.

Ce soir, vernissage (bis) de l'expo Dada. Cette fois-ci, pas de champagne, ni petits fours. "PPR soutient Dada!" (François-Henri Pinault, extrait du catalogue de l'expo) Raté les "flasmobers" qui dehors tentent mollement un esclandre. Je croise Jean-Yves Jouannais qui me demande où j'en suis. Question à laquelle je réponds invariablement : j'avance, j'avance... Nouvelle promenade dans le dédale dadaïste. Comme me l'a confié Michel Sanouillet, ça serait formidable de numériser toutes ces oeuvres dadas rassemblées à Beaubourg, une initiative précieuse pour les chercheurs... On peut toujours rêver.





6.10.05

On my radio



Ai poursuivi mes mondanités dadas en me rendant hier soir à la galerie "L'or du temps" où la revue "Etant donné" fêtait son nouveau numéro. Rencontré Fabrice Lefaix et Paul B. Franklin qui travaille sur Pierre de Massot. Michel Sanouillet, l'auteur incontournable de "Dada à Paris" était également présent, ainsi que Jackie Matisse, la petite-fille du peintre avec laquelle j'ai discuté des archives Marcel Duchamp.
Ai parlé de Maurice Ronet et de la prochaine réédition du film "Le Feu follet" avec quelqu'un dont j'ai oublié le nom, qu'il me pardonne... Une soirée douce et instructive.

Discussion à bâtons rompus, ce matin, sur J.R. avec Thomas Baumgartner. Cet enregistrement sera diffusé demain, vendredi 7 octobre, entre 10H et 11H sur France Culture dans l'émission "La nouvelle fabrique de l'histoire".

A signaler : le dossier Dada par Olivier Stupp dans le Nouvel Obs Paris Ile-de-France. Petit portrait consacré à J.R.

4.10.05

Vernissage Dada



Paris & Le Grand Verre de M. Duchamp (réplique 1992)



Détail du manuscrit "Roman d'un jeune homme pauvre" de Jacques Rigaut (1921)

Vernissage de l'exposition Dada hier soir en hommage aux "prêteurs". Rassurons tout d'abord Bernard Morlino, si Soupault n'est pas sur l'affiche, il est bien présent dans l'impressionnant (1000 pages, 2000 images) catalogue de l'exposition (un abécédaire en forme de bottin téléphonique) avec une photo pleine page et une notice de deux pages. J.R. a également sa place avec trois manuscrits exposés dont "Propos Amorphes", sa première parution (revue Action, juillet 1920).

Ai parcouru la dense (1200 oeuvres!) et labyrinthique exposition conçue comme un échiquier. Impossible de tout voir en une seule visite... Plus tard dans la soirée, Laurence me présente à Marie-Thérèse et Christophe Tzara. Avec une rare gentillesse, le fils de l'auteur du "Manifeste Dada 1918" me parle de son père. "Les biographes apprécient le croustillant, mais finalement, il y avait peu de croustillant dans la vie de mon père, c'était un homme très sage..." Parmi les invités, je croise Marc Dachy qui me remet un carton pour sa "nuit dada" qui aura lieu le vendredi 14 octobre. Dada is back in town!

2.10.05

L'affaire Soupault



"Ecrire, mon pauvre vieux, c'est une manie, une sale manie" ("En Joue!")

Il y a eu l'affaire Barrès (M. Bonnet, José Corti, 1987), y aura-t-il une affaire Soupault? Avec son ami Jacques Rigaut, Soupault est le grand oublié de l'affiche de Beaubourg. Aujourd'hui, c'est Pierre Assouline qui s'en mêle en publiant sur son blog l'appel de Bernard Morlino dont nous avions eu la primeur.

Et si on donnait la parole au principal concerné. Voici l'extrait d'un entretien inédit de Philippe Soupault découvert lors de mes recherches :

"Dada était une équipe, un groupe. C'est à tort qu'on insiste sur les différentes personnalités. L'importance de Jacques Rigaut dans l'équipe Dada, en tant que provocateur, critique et créateur. Jacques Rigaut voulait insérer Dada dans la vie. Jacques Rigaut plus important pour l'équipe Dada que Picabia. Si Jacques Rigaut a peu écrit, c'est à raison. Dès qu'on écrit, on se compromet, on se fige. Jacques Rigaut était le contraire d'un homme qui se fige."

Il eût été peut-être plus approprié d'imprimer une affiche vierge de tout patronyme... DADA IS NOBODY & NOBODY IS DADA!

30.9.05

Avis de tempête sur Beaubourg





Programme des réjouissances

1)

Lundi 3 octobre (matinée)


11h15 Arrivée au Centre Pompidou, café

11h30 Conférence de presse par Bruno Racine, Président du Centre Pompidou et Laurent Le Bon, commissaire de l'exposition.

12h15 Visite de presse de l'exposition DADA

13h30 Buffet

2)

Lundi 3 octobre (soirée)

Visite privée de l'exposition
16h à 21h30 Galerie 1, Niveau 6

3)

Mardi 11 octobre
Vernissage de l'exposition
de 14h à 21h30 Galerie 1, Niveau 6

"Jazz-Band parisien exécuté par Renaud Donnedieu de Vabres, Alfred Pacquement, François-Henri Pinault. Laurent Le Bon vous lira un manifeste sur l'amour faible et l'amour amer. Bruno Racine vous parlera de « ce qu'il n'est pas permis de dire sur l'art. »
Whisky, Thé, Eau
Toutes les tenues sont de rigueur
Entrée libre mains dans les poches, sortie facile tableau sous le bras
Au-delà de la peinture
Les dames sont priées d'apporter tous leurs bijoux."

28.9.05

Le scandale Dada



Ai appelé ce matin le professeur retraité pour le remercier. Grâce à ses informations, j'ai pu reconstituer tout le parcours scolaire (classes primaires et élémentaires) de l'élève Rigaut que je vous dévoilerai dans la bio...il y aura des surprises! Ok, j'arrête le teasing:) Déjeuné aujourd'hui avec une amie journaliste : "Tu crois qu'un jour quelqu'un se penchera sur nous comme tu le fais pour J.R.?" Le plus troublant dans une biographie au long cours, c'est de s'apercevoir au fil du temps qu'on en sait beaucoup sur la vie d'un inconnu que celle d'un proche.



Revenons à l'exposition Dada de Beaubourg qui ouvre ses portes la semaine prochaine. Au sujet des "oubliés" sur l'affiche officielle de l'expo, une polémique semble naître... Bernard Morlino, chroniqueur littéraire, "envoyé spécial de personne" selon sa définition de son métier, biographe de Philippe Soupault et d'Emmanuel Berl, m'a envoyé un mail :

"L'absence de Philippe Soupault ne fait mal aux yeux. C'est comme si on voulait figurer Paris sans la Tour Eiffel. Je n'ai pas joué à ton jeu car le fait de ne pas lire "Philippe Soupault" m'a trop déçu. C'est une faute et non pas un oubli. J'irais bien faire scandale rien que pour ça. Je suppose que dans l'expo, il n'y en aura que pour Breton et Tzara... Tzara qui a dit qu'il fallait tout démolir ! "S'ils sont venus à Paris, c'est pour se faire connaître. Moi j'y suis né..." (Soupault à moi.)

N'oublions pas que la bibliothèque de Tzara a fini à Drouot tout comme les livres et les tableaux du marchand Breton. On est loin de Dada, et ils savaient bien que tout finirait de la sorte alors que Soupault était un anti-collectionneur par excellence. Le vrai dada c'est lui! On le chasse de l'affiche comme on efface les gens sur certaines photos."

A suivre?


"Méfiez-vous des contrefaçons. Les imitateurs de Dada veulent vous présenter DADA sous une forme artistique qu'il n'a jamais eue. (...) On vous présente aujourd'hui sous une forme pornographique, un esprit vulgaire et baroque qui n'est pas L'IDIOTIE PURE réclamée par DADA MAIS LE DOGMATISME ET L'IMBECILITE PRETENTIEUSE !"

Paris 12 janvier 1921

[signatures] E. Varèse, Tr. Tzara, Ph. Soupault, Soubeyran, J. Rigaut, G. Ribemont-Dessaignes, M. Ray, F. Picabia


Bernard Morlino me spamme : "En 1981, Soupault m'a expliqué qu'au départ Dada était un mouvement pour se délivrer de tout le fardeau des aînés afin de ne plus écouter le discours de ceux qui les avaient envoyés à la boucherie de 1914. Rien n'était plus violent que cette ambition de massacrer les idées reçues mais peu à peu, au début des années 1920, il s'est aperçu que Dada était surtout un moyen de se faire connaître par le scandale. A partir de là, Soupault refusa de faire le clown et devint reporter, ce qui énerva Breton. Soupault gagnait sa vie par la presse. Breton et Aragon eux étaient payés par Jacques Doucet pour acheter des tableaux, des livres et des manuscrits. Comme dadaistes on fait mieux. Le pionnier Soupault les devança encore car question presse, Aragon s'y illustra ensuite. Quant à Breton, il a fini pape!"

25.9.05

Cherchez le garçon...


Le groupe Taxi Girl au début des années 80 (Daniel Darc au centre)

LE FEU FOLLET

J'aurais voulu être vous
Ce doit être assez doux
J'aurais bien aimé rester
Mais aux regrets je semble voué
Pas à vous
M'en voulez-vous
M'en voulez-vous

Quand un feu follet s'éteint
Que devient-il est-ce la fin

La fin ce doit être doux
Peut-être est-ce comme être vous

Si je suis votre ami
Aimez-moi comme je suis
D'ailleurs je ne suis pas beaucoup
Et je crois que je m'en fous
Si je suis votre ami
Aimez-moi comme je suis

Ma vie elle ne va pas assez vite
Alors je l'accélère
Je la redresse


Pour Maxwell

(Daniel Darc,
album NIJINSKY,
1994)

24.9.05

J.R. le récipiendaire


Tombe de Jacques Rigaut au cimetière Montmartre.
Photographie de Frédéric Ndao, un admirateur de J.R.


Ai reçu quelques réponses à mon jeu des oubliés...

Mail de Franck

Manque : Arthur Cravan [le poète-boxeur est présent mais en tout p'tit] Jacques Vaché [le très influent...] En trop : Otto Dix [à discuter]

Cher Jean-Luc,
j'ai peut-être mal lu [non, Béatrice, vous avez bien lu...], mais il me semble qu'il manque aussi sur cette affiche le nom de Philippe Dada (Soupault)... Merci comme toujours de votre blog! Bon courage. Béatrice

Cela fait quatre fois que je regarde l'affiche de Beaubourg, et que je me demande si c'est moi qui vois mal ou si c'est la réalité... Déjà, dans le programme de Beaubourg le nom de Tzara n'était même pas mentionné... Et puis, je me dis qu'après tout, pourquoi vouloir à tout prix nommer les "oubliés" de cette affiche ? Faire partie de cette affiche est-il un gage de qualité ? Comme dirait un authentique poète Dada que je ne nommerai pas : "plutôt l'oubli que le trottoir"... Isabelle


Je désespérais de trouver des informations sur la scolarité (primaire) du petit Rigaut au lycée Montaigne dont les archives ont été détruites lors de la Seconde Guerre mondiale. J'avais appelé en mars dernier un professeur retraité du lycée qui me confia qu'il avait consulté les Palmarès (prix décernés aux élèves) de l'établissement dans une bibliothèque parisienne, malheureusement il ne souvenait plus du nom de la bibliothèque... Je décidais de le relancer la semaine dernière. Bien m'en pris, le professeur avait retrouvé la mémoire. Depuis deux jours, je remonte dans le temps scolaire de J.R., s'il n'était pas le premier de sa classe, le petit Rigaut était loin d'être un cancre. Le 27 juillet 1909, alors qu'il vient de finir sa septième, lors de la distribution des prix, son nom résonne dans la cour du lycée pour un 2ème prix en "Récitation"!

"La volubilité de ses paroles faisait les bouches bées" écrira Drieu dans "la Valise vide" (NRF 1923).

20.9.05

DADA SOIREE




Vernissage de l'exposition Dada au centre Pompidou le mardi 11 octobre de 14 heures à 21 heures 30, galerie 1, niveau 6. Avec la participation des Champagnes Pommery... La question qui est sur toutes les lèvres : Y aura-t-il scandale?

Dans les années 60, lors du vernissage de la dernière exposition Dada, un vieux dadaïste, paraît-il, trépignait et tapait le sol de sa canne en criant : "C'EST PAS DADA! C'EST PAS DADA!"

Petit jeu : quels sont les grands noms absents sur l'affiche officielle de l'exposition? J.R. déjà...

15.9.05

Rigaut avec un T!



"Je vous signale, si jamais vous voulez vous faire rigaldien, que l'orthographe Rigaud est présente dans mes exemplaires de :
- André Breton, Entretiens avec André Parinaud (Idées/Gallimard)
- Raymond Queneau, Bâtons, chiffres et lettres (Folio essais) !!
J'espère qu'elle ne vous agace pas trop et que, dans ce cas, vous ne la rencontrez pas trop souvent."

Ce mail de Greg m'a fait sourire, car de son vivant J.R. déjà s'amusait de l'orthographe fautive récurrente de son patronyme. Dans une lettre de 1918 à Simone Kahn, il notera à propos d'Amiot son ancien professeur : " (...) Inutilement je lui répéterai que mon nom prend un "t", il l'écrira toujours avec un "d". (...)" Il est curieux de constater que la malédiction orthographique continue aujourd'hui. J'ai même lu récemment dans un livre d'entretiens un "Jacques Rigaux"... Le plus drôle, c'est que Jacques Rigaud existe, je l'ai même croisé lors d'une soirée.

11.9.05

"...dans le coeur comme Jacques Rigaut..."



Le journal Libération du 6 septembre 2005 offrait à ses lecteurs un dialogue improbable entre le cinéaste Jim Jarmusch et l'écrivain Jean-Jacques Schuhl. Une déambulation nocturne dans Paris racontée par l'auteur du livre culte "Rose poussière" et photographiée par le réalisateur du film non moins culte "Stranger Than Paradise". Schuhl dans son texte, sans le citer, évoque le suicide du cinéaste Jean Eustache en mentionnant celui de Jacques Rigaut. Merci à Olivier Stupp de m'avoir signalé cette mention.

6.9.05

Frères Jacques



"Les morts violentes par suicides font l'objet de rapports particuliers, réalisés par la gendarmerie ou les commissariats de police, avec certificats médicaux. Les dossiers sont parfois classés à part. Le registre du parquet relève pour les suicides les noms, prénoms, état-civil, domicile, profession des victimes ainsi que la date, le genre de mort et les motifs présumés des suicides." (Guide des archives judiciaires et pénitentiaires, CNRS éditions)

Véritable partie de billard à trois bandes pour retrouver le rapport administratif du suicide de J.R. 1) Les archives de Hauts-de-Seine me renvoient: 2) aux archives de Paris (en 1929, Châtenay-Malabry dépend du département de la Seine) qui concervent les dossiers du parquet du Tribunal de Première Instance 3) aux archives de la Préfecture de Police de Paris qui conservent les registres de l'Institut Médico-Légal.

Aux archives de Paris, je fais une demande de recherche dans les "dossiers mort sans suite". Trois semaines de délai pour avoir une réponse. La spécialiste des archives judiciaires me conseille également de recontacter les archives des Hauts-de-Seine pour leur demander une recherche dans leurs "fonds de la justice de paix" où sont enregistrés les "actes de juridiction gracieuse" dans lesquels se trouvent les "appositions des scellés" qui décrivent les lieux du suicide.

Je fais chou blanc aux archives de la Préfecture de Police de Paris. Nulle trace de J.R. à la date du 6 novembre dans le registre de l'Institut Médico-Légal de 1929. Une mention m'aurait permis d'avoir accès au rapport d'autopsie. A suivre...

Jouissive lecture de l'essai de Bertrand Lacarelle (Grasset mars 2005) sur l'autre Jack. "Jacques Vaché est l'homme que j'ai le plus aimé au monde" écrivait André Breton en 1949 à Marie-Louise Vaché, la jeune soeur de Jacques Vaché. Je me suis souvent demandé pourquoi Breton ne s'était pas plus intéressé à Rigaut. Un début de réponse se trouve peut-être dans la déclaration de Drieu après la mort de J.R, déclaration rapportée par Maurice Martin Du Gard : "Les surréalistes en feront un Saint dans leur Eglise. Ils l'en avaient chassé avec des injures." Drieu lui-même écrira un déchirant mea culpa, "Adieu à Gonzague" :"Ma plus grande trahison, ç'a été de croire que tu ne te tuerais pas."

Quant à Rigaut il avait déjà donné sa réponse : "On a trouvé hier dans le jardin du Palais-Royal le cadavre de Dada. On présumait un suicide (car le malheureux menaçait depuis sa naissance de mettre fin à ses jours) quand André Breton a fait des aveux complets."

1.9.05

Dada est Partout. Tout est Dada.




J'ai déjà parlé dans ce blog de l'exposition Dada qui se tiendra au Centre Pompidou du 5 octobre 2005 au 9 janvier 2006. Beaucoup d'agitation éditoriale autour de cette exposition. Les éditeurs ont mis le nez dans leurs fonds, pas moins de cinquante livres (environ) seront publiés à cette occasion. On espère une réédition des livres épuisés sur le sujet. Le Magazine littéraire nous concocte, paraît-il, un "spécial Dada". Mais l'événement majeur de cette rentrée Dada reste la publication chez Hazan des "Archives Dada" rassemblées par Marc Dachy. Le blog Rigaut offre à ses fidèles lecteurs la primeur de cet ouvrage en publiant sa (très belle) jaquette. Merci à Marc Dachy.

30.8.05

Lettre des bords de Loire



Il y a des lettres qui vous mettent du baume au coeur. Au moment où mes recherches deviennent de plus en plus laborieuses et que je dois sérieusement songer à (re) trouver un emploi (l'altruisme enthousiaste du biographe est vite rattrapé par les contingences quotidiennes), la lettre d'un monsieur de 95 ans m'apporte un peu de réconfort.

" (...) Je ne saurais guère vous dire plus là-dessus, d'autant plus que le temps efface pour l'auteur les origines du livre. Nul doute que votre biographie m'apprendra beaucoup, je vous en remercie d'avance. Julien Gracq" (Lettre du 25 août 2005 à JLB)

"Pourquoi voulez-vous mourir?"
- Oh! c'est une longue histoire..."
Il haussa les épaules avec lassitude.
"Pourquoi j'ai voulu mourir n'a peut-être
maintenant plus guère d'importance. A quoi bon?
Mais je retournerai votre question.
- Croyez-vous donc que je puisse vivre, maintenant?"

("Un Beau Ténébreux",
Julien Gracq, Ed. José Corti, 1945)

29.8.05

Un livre très Dada



Extrait : "Le problème des journalistes c'est la littérature Le problème des écrivains c'est le journalisme (Le problème des poètes c'est la mort)"

Thierry Théolier est l'outsider de cette rentrée littéraire qui s'annonce aussi ennuyeuse que la précédente. Hacktiviste amphétaminé du Web, Théolier a.k.a THTH (traduire : connu également sous le pseudo de Thth) est le fondateur du Syndicat du Hype (SDH) dont l'objectif principal est d'infiltrer les soirées mondaines afin de court-circuiter un système basé sur l'envie, la séparation, la rétention et l'exclusion. Caméra Animales publie son premier livre, un "report" textuel et visuel de cette joyeuse agitation bordélique on line et dans la "real life". Cette écriture poétique fragmentaire voire éclatée venant du Web garde toute sa saveur sur le papier. On ne peut pas ne pas penser à Dada en lisant Théolier. En quatrième de couverture, Mathias Richard, son éditeur souligne : " Crevard [baise-sollers], ou quand la haine de la littérature mène à la littérature la plus brute, la plus urgente, la plus nécessaire." Le livre n'a pas encore de diffuseur (donc introuvable en librairie) mais on peut le commander sur le site de Caméras Animales.

Autre extrait :

"Ecouter le silence
En épluchant des pommes de terre
Pour manger, pour vivre
Alors que l'idée de mourir vous épluche le cerveau

Je mange les épluchures de ma folie
Personne ne goûtera à sa chair tendre
Comme le cul d'un bébé"

19.8.05

Inondation à la BN




Après-midi à la Bibliothèque nationale. Je renouvelle ma carte de lecteur. "Votre sujet, toujours Jacques Rigaut?" Hé oui! toujours lui... Les communications se font au compte-gouttes. Une charmante bibliothécaire m'explique qu'il y a eu une inondation et que les magasiniers sont occupés à sauver les livres à l'aide de sèche-cheveux. Je rencontre le directeur de la réserve qui doit me communiquer une correspondance. Reçu e-mail de la mairie de Châtenay-Malabry : "Je n'ai rien trouvé sur Rigaut ni sur son suicide." Coup de fil aux archives départementales des Hauts-de-Seine. Je tombe sur un archiviste enthousiaste qui va faire des recherches pour moi. Je dois retourner aux archives de la Préfecture de police de Paris. Châtenay a l'époque dépendait administrativement du département de la Seine. Ai retrouvé la fille de la propriétaire de la maison de la rue Singer. Elle a plus de 80 ans aujourd'hui. Nous échangeons des mails : " Je continue a chercher dans ma mémoire ce qui se passait rue Singer. tout ce que je sais c'est que maman avait hâte de s'en débarrasser, apparemment elle n'y avait que des ennuis. Elle n'aurait pas approuvé la drogue et le genre de partie dont vous parlez. Peut-être, est-ce à cause de Jacques Rigaut qu'elle avait tous ces problémes."

"Chère Madame, Merci pour vos réponses. Je ne pense pas que Jacques Rigaut ait causé des problèmes à votre mère, car malgré sa toxicomanie, c'était un homme charmant et discret."