14.4.14

Ce soir, allumez votre télévision!!


Ce soir sur France 2 à 00H25 diffusion du Feu follet de Louis Malle. On s'interroge sur l'horaire tardif de cette diffusion, mais vous pouvez toujours programmer vos box, si vous n'êtes pas d'humeur à veiller. J'envie celles et ceux qui vont découvrir pour la première fois l'un des plus beaux films de l'histoire du cinéma français du XXème siècle. Ne ratez pas ce rendez-vous sous aucun prétexte!

"Maintenant je suis Mort, je suis là, immobile, et j'avance, immobile, j'avance vers vous, qui commencez déjà à m'oublier."


Bertrand Delcour, sans date, pic by Jérôme Bouchet (?)


MONTMORILLON TERMINAL
L'écrivain Bertrand Delcour est mort à 52 ans chez lui à Montmorillon, dans son sommeil, dans la nuit du 7 au 8 avril 2014, quelques jours après la disparition de l'écrivain PierreAutin-Grenier. Je n'ai jamais rencontré Bertrand Delcour, mais nous nous considérions comme des amis. Depuis 2007, nous entretenions cette amitié par Myspace, puis Facebook, e-mails et de longues conversations téléphoniques nocturnes. Je savais qu'il se battait contre un cancer comme le guerrier farouche qu'il était. Devant la maladie, B.D. me faisait penser à Don Lope de Aguirre aka Klaus Kinski dans Aguirre, la colère de Dieu, le film de Werner Herzog. Il y a quelques mois, il avait hurlé victoire après une belle rémission. D'ailleurs, il n'est pas sûr que ce soit le crabe qui ait gagné, puisque B.D. s'est juste endormi sans se réveiller. Mourir dans son sommeil chez soi entouré de ses livres (B.D. possédait 5000 ouvrages…) n'est pas la même chose que crever seul médicalisé dans la lumière verdâtre d' une chambre d'hôpital. C'est toujours triste pour ceux qui restent, mais c'est une belle mort pour celui qui part. B.D. avait quitté Paris au début des années 2000 pour se mettre "au vert", un isolement volontaire, mais on n'est jamais seul avec les meilleurs livres et sa connaissance littéraire était immense, ses goûts en la matière étaient sûrs. Il s'était même battu pour faire sortir des oubliettes littéraires certains écrivains qui ne méritaient pas ces cachots de l'oubli, comme par exemple le magnifique Georges Hyvernaud, pour lequel il avait une tendresse particulière. Son érudition littéraire était totalement subjective et passionnée, comme devrait l'être toute érudition. Il aimait aussi les poètes toxiques écorchés vifs comme Jacques Rigaut ou Roger Gilbert-Lecomte, l'âme brûlante des Phrères simplistes du Grand Jeu, explorateur de l'hypersensible avec les stupéfiants pour véhicules. Lors d'un pèlerinage du côté de Pernety dans le bar de la sainte Mme Firmat qui avait recueilli Roger Gilbert-Lecomte à la fin de ses jours, B.D. m'avait raconté, que le téléphone sur le comptoir avait sonné plusieurs fois, et qu'à chaque fois que le patron du bar décrochait, il n'y avait personne au bout du fil. Quand B.D. m'avait raconté cette anecdote, des frissons m'avaient parcouru l'échine. Un jour, j'ai suivi le conseil de Lautréamont : « Allez-y voir vous-même, si vous ne voulez pas me croire. » Le bar de Mme Firmat n'existait plus. Comme Roger Gilbert-Lecomte, B.D. ne cachait pas sa passion pour les opiacés. Il a écrit beaucoup de choses pertinentes sur un sujet rabâché, dont ces formidables rêveries d'un toxicomane solitaire parues chez Allia en 1997. Il s'est aussi penché sur l'Internationale situationniste, se permettant même de se moquer du pape situationniste Guy Debord, qui n'a pas bien compris l'insistance presque amoureuse de ce jeune homme halluciné. On le retrouvera alors en protagoniste actif du mystérieux mouvement de la Banalyse qui tenait ses congrès chaque année au mois de juin dans une gare presque désaffectée du Puy-de-Dôme. B.D. trouvait le temps d'écrire des romans noirs comme le beau Mezcal Terminal, objet littéraire non identifié dans l'univers très cloisonné du polar. Son plus beau livre paraît-il s'appelle Pourquoi nous sommes morts. J'ai la chance de ne pas l'avoir encore lu. Il est introuvable, épuisé ou pilonné. J'espère qu'un éditeur intelligent et audacieux lira ces lignes et entamera la réédition des livres et des textes inédits de B.D.. Ce serait lui rendre le plus bel hommage. Je n'ai jamais rencontré Bertrand Delcour, mais il fut pour moi un de mes amis les plus précieux. Ce soir, il me manque terriblement. Sans lui ce monde sera très probablement encore plus médiocre qu'il ne l'était auparavant.

JLB




COMMUNIQUE DE SON AMI JÉRÔME BOUCHET
"Bertrand est mort dans son sommeil dans la nuit du 7 au 8 avril .Je lui avais parlé l'après-midi il était de très bonne humeur, c'est donc une "consolation" plutôt qu'une affreuse agonie à l'hosto. La crémation a eu lieu ce matin, j'ai fait jouer "sad song" de Berlin et la 7ème de Beethoven deux de ses musiques fétiches.Ca a été très dur évidemment...Son urne sera mise au caveau familial de Vendeuvre du Poitou à 16h ce lundi. Le même cimetière que Foucault!!!! Voilà je sais qu'il a beaucoup d'amis à Paris, je vous engage à vous réunir pour faire une soirée joyeuse et punk comme il aimait. Voilà heureusement il y a ses livres et son souvenir marquant d'intelligence, d'érudition et de gentillesse entre autres. Bien sur nous allons faire en sorte que ces notes, écrits divers, conférences, etc...soient gardés et accessibles en une forme encore à définir avec sa famille. N'hésitez pas à me laisser des messages. Amitiés à tous."


E-MAILS DE BD. à JLB
"ce 6 novembre 2009 ...
J'y pense tous les jours.
J'ai revu le "Feu Follet" il y a 4 jours, j'ai été malheureux comme les pierres : c'est une "hypothèse de moi"; que je ne connais que trop; mais dont j'ai bifurqué.
Le suicide reste à la boutonnière, mais j'ai froid, elle est retournée.
B*D*"


t'es toujours vivant ????
...je voudraIS avoir de tes nouvelles.
bertrandelcour@aol.fr
à la boutonnière,
B*D*


"...comment on fait pour écrire sur ton mur.....
....espèce de Préservé, va.
Avec tout mon Amour,
El Hombre Invisible.
ps - My next Opus is down maybe chez Allia in June. Enjoy."



Mon cher J.LB.
...si tu savais ne serait-ce qu'un dixième de ce QUE J'AI APPRIS à SAVOIR sur Parvulesco, et dont le gros dossier dort chez un mien avocat, tu serais moins enthousiaste....
ce qui est fort plaisant.....
...c'est que pour un conspirateur chevronné qu'il prétendait être, il m'a fallu 15 jours pour avoir son adresse, son numéro de code, et sa ligne privée. Idem pour Debord, du reste."
...pour Debord, c'était du Courteline : le FACTEUR du centre-ville d'Arles était alcoolique ( comme celui de Van Gogh je suppose ) et amoureux de ma belle-sœur de l'époque, laquelle briefée par mes soins l'a saoulé et enturbanné.... Le lendemain, Papy Debord j'avais ses 4 numéros de téléphone, ses adresses multiples et variées.... Et pendant UN AN il a demandé à Martos si j'émargeais à la DGSE ou à la CIA.
J'émargeais à l'anisette.
...pour sûr que ce genre d'élément "qu'on ne saurait négliger" (etc...etc...) ne se trouve ni dans un Kriegspiel, ni au Jeu d'Echec, ni au Go, ni à queue ni caisse.
Ca fait trop Second Empire et/ou Général Boulanger.
.beaucoup trop, hélas. S'il avait été moins génétiquement OAS, il aurait été totalement génial dans ses esciptzs.
Mais ceci est, naturellement, une autre paire de couilles.



Mon Cher J.L.B.
Puisque vous achevez cet Ouvrage "essentiel" sur J. Rigaut, prenez bien GARDE d'une chose, que j'ai constaté parfois en ces Revisites Extrèmes :
N'allez pas imiter votre Héros jusqu'au bout !!!
Sur Quatre individus qui voulurent écrire une Bio de BOVE, 2 se sont sioucidé et un 3e est fou. Le 4e a pu survivre.
Du CALME cependant -je ne Veux Point vous terroriser : J'ai moi-même écrit un Essai (tjrs Non Publié) sur F. Augiéras; et je ne suis ni à l'Hospice ni Cardiaque au dernier degré.
Avez-vous lu l'Autobiographie de Ronet ? (publiée dans années 70, invendu total).
Enfin, gare... N'oubliez pas de VOUS EJECTER de la "Trajectoire" au BON moment -et vous aurez Réussi...
Cordialement Vôtre,
B*D**


Mon Cher J.L.B.
Avez-vous lu le magnifique livre de Joao Pinto de Figueiredo : "La Mort de Mario de Sà-Carneiro" (Ed; de la Différence - "Latitudes" -1992). Bcp de similarités dans l'obsession, bcp de points communs dans "L'Esprit du Suicide" avec J.R. C'est même un livre assez terrifiant.
Vous trouverez à peu près tout Sà Carneiro mort en 1916 à 26 ans, Grand Ami de Pessoa, (dont la Mort a BRISé la Vie...) chez La Différence....
(au cas Où...évidemment!)
B*D**

Mon Cher J.L.B.
Vous savez que j'ai "failli" écrire un Livre sur Gilbert-Lecomte. J'ai pu connaître le Café vers Pernety où il a fini ses jours, avant sa Destruction...Et il s'est passé des "Phénomènes Paranormaux" assez Gigantissimes... Ca m'a choqué - j'ai Tout arrêté (du livre sur)...
B*D**




QUELQUES STA-TUES FB DE B*D** + OU - CHRONOLOGIQUES
"Quand j'écoute du Chostakovitch, j'ai envie d'envahir la Crimée..." (25 mars 2014)

Je remercie cordialement tous ceux et celles qui ont bien voulu se souvenir que j'avais atteint l'âge canonique de 52 ans..... (15 octobre 2013)

Si vous souffrez d'un cancer vous êtes confrontés à deux types de toubibs.
1 - Les Waffen S.S., qui détiennent le pouvoir et dont le rôle est de vous écraser la gueule, et c'est très facile.
2 - Les êtres humains, dont le job consiste à vous maintenir vivant le plus possible, et à vous comprendre.
Vous oscillerez toujours entre ces deux partis, l'essentiel étant de passer de l'un à l'autre le plus rapidement possible." (22 février 2013)

"Les deux premières chimios ont été excellentes. Les marqueurs sont tombés de 500 à 180. Venceremos !!!" (9 avril 2013)

"Au fond, tout ceci n'a aucune espèce d'importance sur Facebook." (6 mars 2013)
"J'aime par dessus tout les chats, parce qu'il n'y a pas de chats policiers." (statut du 15 janvier 2013)

"recherche un éditeur pour republier "Pourquoi nous sommes morts". S'adresser ici, à la maison mère..." (statut du 15 janvier 2013)

"Je me suis amusé à mettre 6 ou 7 morceaux de musique pure pour voir où Facebook en était avec ses oreilles. J'ai volontairement choisi des pièces extraordinaires : l'adagio assai du concerto en sol, le 9 eme quatuor de Chostakovitch, La Muse et le Poète de Saint-Saens etc... Le résultat est un triple zéro. Je suis ravi. Vous êtes tous des porcs et méritez de finir comme des cochons. Mangez vos patates et soyez sourds." (statut du 29 janvier 2013)

"La France, en tête des suicides par tête de pipe en Europe et des consommations de neuroleptiques. Avec ça la prise d'alcool qui fait plus de 40.000 morts par an. Mais Dieu merci, les drogues sont interdites. Circulez, il y a rien à voir." (statut du 8 février 2013)

"Maintenant je suis dans ma tombe d'un cimetière de village.

Maintenant je suis Mort, je suis là, immobile, et j'avance, immobile, j'avance vers vous, qui commencez déjà à m'oublier.

Mais je suis déjà si près de vous que je pourrais encore vous toucher." (statut 7 janvier 2013)

"Je suis fatigué que mes meilleurs livres disparaissent des plate-forme de vente. La vérité est qu'ils n'ont pas été réédités. Mais c'est une chose qui n'aura qu'un temps. On sait bien à partir de quand on réédite les ouvrages d'auteurs momentanément oubliés." (statut du 7 janvier 2013)

"Depuis trois mois que je bois comme un Templier et fume comme un pompier, je passe au scanner hier, et j'ai strictement RIEN, ça va même mieux qu'avant, proportions gardées. Moralité : immoralité totale, Sadienne & tutti quanti..." (statut du 25 octobre 2012)

"Pour savoir écrire, il faut avoir lu, et pour savoir lire, il faut savoir vivre." (statut du 28 aout 2012)
"POUR le moment je suis toujours vivant, caramba !" (18 aout 2012)

"Je me souviens de l'an 1984. La schnouffe, le champagne et les top models amies au Café Costes. Les longues nuits dans le délire des libertés grandes. Les rencontres hautement situationnistes; jusqu'au bout de la nuit. Le speed, l'opium, les flics complices sur la place des Innocents. J'ai eu mon compte de Liberté Libre." (statut du 12 décembre 2012)

"Je ne vous souhaite pas une "bonne année", ça ne sert à rien. Certains d'entre vous feront des choses abjectes, d'autres mourront, d'autres survivront mais pire que morts, enfin le monde continuera dans sa folie ploutocrate, et vous serez les pantins plus ou moins heureux de cette folie misérable. ainsi soit-il." (30 décembre 2011)

"s'est encore foutu sur la gueule avec un jeune paire de famille dans un bar, pour des raisons de haine sociale totalement évidentes. Et ainsi de suite. Je pense pas qu'on cesse jamais d'être punk, même cinquantenaire." (30 décembre 2011)

- "Connais-tu quelque chose de l'imbécile qui signe B. Delcour ? Il vient d'essayer TROIS FOIS, malgré des refus très offensants, de me téléphoner à Champot. Et comment peut-il avoir le numéro ? Classe cet insistant taré dans tes archives" - Guy Debord, lettre à JF Martos de 1989." (16 décembre 2011)

"- j'ai sonné, et quand Hubert Selby Jr m'a ouvert la porte c'était, voyez-vous, VRAIMENT comme si Dostoievski ou Nerval m'ouvraient; et là, j'ai tout à fait cru que j'allais me trouver mal." (15 décembre 2011)

"se souvient de la chambre de Jean Genet à l'Hôtel du Banquier, quand il allait lui ramener du Nembutal, l'hiver. C'était il y a fort longtemps, ailleurs, et presque partout -hors du monde." (4 décembre 2011)

"....dormir...nous dormirons les skis aux pieds (Jacques Rigaut )." (3 décembre 2011)

"....quand je sors dans la rue, "génocide" est le premier mot qui me vient à l'esprit." (14 janvier 2011)

"est mort demain, raide mort." (14 avril 2009)

"........je crois que la dévaluation du mot, sa pourriture, n'a jamais été aussi flagrante que sur FaceBook. J'étais venu pour vérifier ça. J'en repars plein de documents précieux sur tout et tous. J'ai comme Zola mes dossiers. Continuez à manger votre merde en "faisant des mines". Now, j'appuie sur le siège éjectable avant le crache; bastante; ******************" (8 avril 2009)

"se complait comme Lacenaire en la plus détestable compagnie : Soi même." (22 aout 2009)
"C'est une chose fameuse que d'être infâme dans un monde abject" -- B*D* (22 février 2009)
"Dans un sfumato propice j'aiguise mes textes délétères et répugnants , non-politiquement corrects... Juin 2008." (22 novembre 2008)