26.4.10

"Cette passion de la possession..."


Lot n°519

RIGAUT Jacques

PUBLICATIONS POSTHUMES. MANUSCRITS AUTOGRAPHES. 7 pages in-4, in-8, in-12. Manuscrits autographes des « Publications posthumes » à l'encre et au crayon de Jacques Rigaut, comportant des ratures et des corrections. (7 pages). Mes cinq sens ne m'appartiennent pas. On a qu'une chose à soi c'est son désir. Je voudrais vivre à mon propre compte. » ... « Le plaisir est bien la chose au monde la plus difficile à imaginer (avec qui voulez-vous lutter !). Le désir c'est probablement tout ce qu'un homme possède. Je suis un homme qui cherche à ne pas mourir. » Publié dans « Ecrits » de Jacques Rigaut chez Gallimard en 1970. Jacques Rigaut se tire une balle dans le coeur en 1929, il a 31 ans. Son oeuvre se situe entre 1918 et 1929. On reconnaît Rigaut à son style « dénudé jusqu'à l'os », à ce ton inimitable qui lui valut l'admiration d'André Breton. De Rigaut on connaît les pensées, les aphorismes ; les manuscrits proposés ici sont exceptionnels, ce sont les plus longs qu'il ait jamais écrits, en particulier Lord Patchogue et E.L.

Estimation : 10 000 €

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Lot n°520

RIGAUT Jacques

PUBLICATIONS POSTHUMES. MANUSCRITS AUTOGRAPHES. 24 pages in-8 et in-4. Manuscrits autographes des « Publications posthumes » à l'encre et au crayon de Rigaut comportant des ratures et des corrections. (24 pages). Sur une page de télégramme Jacques Rigaut l'annote de la façon suivante : ... « Inconcevable, injustifiable, le commencement. D'où cet amour des choses rondes, tenté de les prendre pour la perfection, car on y voit pas de commencement. Et maintenant, réfléchissez les miroirs. ». Rigaut signe le manuscrit : « Fendue, cousine de Coco-folie ». ... « La malchance, nous sommes dans le même sens. Moi aussi je pose des questions. Je suis ici pour ça.... De mes 24h, de mes 70h, de mes 30 ans, de mes souvenirs, de mes anticipations, de mon amour et de mes amours, de ma solitude et de mes contacts. Au plus et de moins, je cherche à répondre. Il ne peut pas s'agir que de poser le problème et de s'arrêter ». QUELQUES INÉDITS ET QUELQUES VARIANTES publiés en partie dans « Ecrits ».

Estimation : 30 000 €




Lot n°521

RIGAUT Jacques

PUBLICATIONS POSTHUMES. MANUSCRITS AUTOGRAPHES. 11 pages in-8 et in-4. Manuscrits autographes des « Publications posthumes » à l'encre et au crayon de Jacques Rigaut comportant des ratures et des corrections. (11 pages). ... « A tort et à travers Ma Chère, allons fumer dans la nuit, ceci sans l'aide d'aucun alcool, d'aucun poison, d'aucun chagrin, d'aucune fatigue, d'aucune faim. Cette passion de la possession, cette démangeaison d'agir, j'achète 7 automobiles, connaissez-vous ma collection unique au monde de boites d'allumettes ... Quelle personnalité. La table des matières c'est l'homme. Plus je suis dépossédé, plus je me possède (chanson, paroles de l'auteur) ». NOMBREUSES VARIANTES ET INÉDITS.

Estimation : 15 000 €




Lot n°522

RIGAUT Jacques

LORD PATCHOGUE. 3 ENSEMBLES DE MANUSCRITS AUTOGRAPHES. I. LORD PATCHOGUE. Manuscrits autographes à l'encre et au crayon de Jacques Rigaut comportant des ratures et corrections. (39 pages in-4). ... « La chambre, les 4 murs, c'est intenable. Il faut bouger. On ne sait plus quelle rue éviter, celles qu'on connaît parce qu'on les connaît, celles qu'on ne connaît pas pour la même raison ou pour une autre. Je soupçonne mes semelles de n'avoir pas été faites pour ces trottoirs, mes jambes pour ces pantalons ni ma patiente pour cette attente. Hauts faits, bas faits, acrobaties, records. Le plus difficile c'est de respirer. La lâcheté c'est toute la dignité de Lord Patchogue. Qu'est ce qu'on pourrait accepter ? Le départ est honnête : toute proposition étant inacceptable, toute attitude indésirable, il ne reste qu'un refus paresseux et contracté, et les gestes, les désirs, la pensée s'éloignent de moins en moins de la coquille. La suite l'est moins : quoiqu'il fasse et quoi qu'il ne fasse pas, Lord Patchogue l'appelle sa lâcheté ; on ne peut plus se tromper ». Quelques inédits et variantes publiés dans « Ecrits » de Jacques Rigaut chez Gallimard. II. LORD PATCHOGUE. Manuscrits autographes à l'encre de Jacques Rigaut comportant des corrections (5 pages in-4). ... « Voici Lord Patchogue. Vous savez le reconnaître. Sinon lui vous sauriez en reconnaître un autre... A sa peau brune, son contour, son mouvement, un bel air, son visage ou malgré le caractère des traits, malgré le contrôle des expressions, subsiste une certaine faiblesse qu'on ne sait où placer, quelque chose de vulnérable ». UNE PARTIE EST INÉDITE, l'autre est publiée dans les « Ecrits » de Jacques Rigaut. III. LORD PATCHOGUE. Manuscrits autographes à l'encre et au crayon de Jacques Rigaut comportant des ratures et corrections. (21 pages in-4). ... « L.P. court s'assumer devant la glace qu'il est encore la. Pas lui vraiment, mais son nez, le nez qu'il s'est vu il y a quelques minutes. Ce n'est pas tant de son existence qu'il doute que de celle de chacun, de ses attributs et sinon de leur existence, de leur légitimité ». ... « Vous qui le connaissez, vous savez faire des différences, vous aimez ses cheveux mais vous n'aimez pas le son de sa voix... Vous ne me croirez pas, je n'ai pas de désir pour lui, son corps qui me donne plus de plaisir que je ne mérite, son corps dont chaque poil est chéri je ne le désire pas ». PASSAGES ÉCRITS EN MÊME TEMPS, VARIANTES ET INÉDITS.

Estimation : 80 000 €



Lot n°523

RIGAUT Jacques

E.L. MANUSCRITS AUTOGRAPHES. 21 pages in-8 et in-4. E.L. Manuscrits autographes à l'encre et au crayon de Rigaut comportant des ratures et corrections. (21 pages). ... « On vit alors E.L. s'empresser autour de la jeune fille, introduire dans leur amitié un soin autoritaire, un contrôle jaloux qui ne manqua pas de libérer l'espoir de sa partenaire. E.L. fut ignoble, il se fiança et ceci au mépris de la désolation de sa famille avec une jeune fille pauvre ; toutes les apparences étaient avec lui... » ... « C'est un taxi qui a fait sa fortune, c'est un taxi qui la défit. A l'angle de la rue de Provence et de la rue Mogador, la voiture où sa fiancée avait pris place fut proprement aplatie contre un immeuble... La fortune de la malheureuse passait à ses héritiers... Au retour du cimetière, E.L. à nouveau monta dans un taxi. Une femme y avait laissé son sac. E.L. le ramassa, et sans colère, le jeta par la portière. » PREMIER JET COMPLET DE E.L., QUELQUES VARIANTES ET INÉDITS publiés dans « Ecrits » de Jacques Rigaut.

Estimation : 30 000 €

Merci à Bernard Morlino et à François Martinet de m'avoir signalé cette prochaine vente aux enchères qui propose d'importants manuscrits de Rigaut. Des manuscrits qui proviennent toujours de la même liasse, celle avec laquelle Martin Kay avait préparé l'intégrale des Ecrits de J.R. chez Gallimard en 1970. A l'époque Kay avait consciencieusement relevé les variantes et inédits de cette liasse de manuscrits et les avait insérés dans ces notes en fin d'ouvrage en soulignant tout de même qu'il n'avait pas retranscrit certaines de ces variantes les trouvant négligeables. On le comprend étant donné l'énorme travail de sauvegarde littéraire qu'il avait déjà réalisé. Curieux de consulter ces "variantes et inédits", j'ai contacté Maître Jean-Claude Binoche et l'expert Claude Oterelo. Un rendez-vous a été fixé pour le 3 mai. Wait & see.

18.4.10

Rigaut vivant




"J’ai des cernes. Je mets mes lunettes noires. Je suis à la terrasse du Soleil de Ménilmontant. J’attrape les rayons UV pendant dix minutes et je me retrouve subitement dans l’ombre. J’enlève mes lunettes et je remets mes cernes. J’arrive au Baron pour le concert d’Open Space & Stars, sacrément en retard, et même pas sur la liste. Tout est très humain cependant et j’assiste à la fin du concert avec la belle Nina Lili qui chante ! Je prends un taxi pour me retrouver dans un embouteillage à 3 heures du matin. Je me rends au prix littéraire de la Closerie des Lilas. Ce cher Rigaut m’attend devant le lieu mythique, il brandit fièrement sa nouvelle acquisition, le roman Arthur Cravan, précipité de Bertrand Lacarelle. «Il y a un dossier Arthur Cravan au FBI, m’assure Rigaut. - Allons-y, dis-je. - Au FBI ? s’exclame-t-il. - Non ! On se fait la Closerie avant !» Mince, je ne suis à nouveau pas sur la fameuse liste… Je passe un coup de fil et les choses s’arrangent grâce à Marie. Nous entrons pour l’adoubement de Véronique Bizot pour Mon couronnement. Mon heure a sonné quand Alistair me reproche de ne pas avoir lu Montherlant. «C’est très humain», lui dis-je, inquiet… Et si Marjorie allait soudain me mordre l’oreille ? La Closerie a un côté vintage ce soir, avec les tailleurs Chanel qui swinguent sur la piste ! Sollers est de sortie. Claire Linda me récite du Ginsberg ! J’aime bien, mais je crois que le champagne me monte à la tête.

Je me retrouve avec Thibaut chez Paulina. Il ne faut pas faire de bruit, car un voisin psychopathe menace de sortir ses lettres de dénonciation au moindre bruit.

Je redescends à pas de loup en imaginant un fou armé d’une francisque.

Je me dis que la Gare aux gorilles va me sauver ! Manger une merguez sur une voie ferrée désaffectée est un pur plaisir !

Vision préraphaélite : Feten aux cheveux bouclés danse devant moi. Luis le Créaliste organise un jeu où chacun doit inscrire sa règle pour une nouvelle société. Je retiens deux règles : la danse du papillon ! Soulevez votre cavalière par la taille et laissez la battre des bras ! C’est onctueux. Et enfin le fameux baisemain érotique d’Aurélie. Délicieuse pratique quand elle passe délicatement sa langue entre mes doigts. Tout cela est très humain, car j’ai droit à un second baisemain."

Tristan Ranx / Libération du 17/04/2010