19.1.12

Madame Vichy


"Étoile sans lumière" 1946, Mila Parely, Marcel Herrand

L'actrice Mila Parely vient de disparaître à l'âge de 94 ans. Lors de mes recherches sur le comédien Marcel Herrand (ami de Rigaut), on m'avait conseillé de la rencontrer. Entre-temps, j'avais eu d'autres sources d'informations et avais délaissé la piste de la comédienne recluse à Vichy. Je le regrette aujourd'hui, tant la disparition de ces actrices oubliées, qui ont fait les beaux jours du cinéma français, me touche. Je me souviens avec émotion de ma conversation téléphonique avec Jacqueline Porel, fille de Jacques Porel, un ami intime de Rigaut. Je n'ai jamais osé la rappeler pour lui demander un rendez-vous.




12.1.12

SCHNOCK N° 2



p.175 Le Schnock des photos : « Rigaut & Man Ray » par Jean-Luc Bitton

5.1.12

Des nouvelles de Daniel (Bis Repetita Placent)



"Si. Je trainais avec des gens d’extrême droite. Même si je suis d’extrême gauche. Enfin j’étais… L’époque du punk, les gens s’en font une idée super cool, mais c’était pas du tout ça. Il y avait de tout, et ça se barrait dans tous les sens. Ce qui fait que tu pouvais très bien parler avec un maoïste et cinq minutes plus tard, avec un nazi. Et puis on se connaissait tous. C’est ce qui a pu se passer au Etats-Unis au tout début du bop ou même en France à Saint-Germain-des-Prés. Il y avait un truc à essayer, fallait le faire, on s’en foutait de ce qui se passait. C’est étrange. Je crois qu’avec Drieu, c’est ce qui s’est passé, d’ailleurs. Mais c’est surtout Jacques Rigaud [sic], pour moi. Comme pour Le Grand Jeu. C’est une revue avec Daumal, Roger Gilbert-Lecomte. Pour moi, ils ont un rôle assez proche de celui de Jacques Rigaud [sic], là-dedans. Daumal est plus articulé… Il y a ceux qui arrivent à s’adapter et puis les autres. C’est assez darwinien comme truc, en fait. Je sais plus ce que je voulais dire. C’est bien, parce que ça me touche, en fait… Ah oui, si, Drieu. Je l’ai connu par un mec d’extrême droite. Non, en plus c’est pas vrai, je me fais une sorte de légende, là. Je l’ai connu parce que je lisais. Mais la littérature est plus intéressante, pour moi, à l’extrême droite qu’à l’extrême gauche… [...] C’est comme courir un marathon. Moi, je fais du 100 mètres. C’est aussi lié à un mec que Miossec cite pas mal, qui est Henri Calet. Je l’ai découvert, et j’ai eu l’impression de lire Céline, mais sans la haine. Et ça fait du bien. Céline, petit nerveux, un peu. Il y a toute la beauté du monde à portée de main, mais il va pas aller voir, il a trop peur et il va rester à fixer le sol en disant : « Enculé de Juif, enculé de Juif ». Il y a Rigaud [sic] aussi. Dans Le Feu-Follet, il a une chance de s’en sortir, mais il ne s’en sort pas. Je pense que si Rigaud [sic] avait pu écrire, il s’en serait sorti. Mais je ne pense pas qu’il faille privilégier ceux qui n’y arrivent pas, même si j’ai tendance à le laisser entendre, des fois. Il faut arriver à faire son truc. Mais peut-être que je suis né pour décevoir."


L'intégralité de l'interview de Daniel Darc dans HARTZINE

2.1.12

La difficulté



"Un soir, Axler prit la parole, n'ayant pas connu, réalisait-il, un public aussi nombreux depuis qu'il avait renoncé à monter sur scène. "Le suicide, leur dit-il, c'est le rôle que vous écrivez pour vous-même. Vous l'habitez ou vous le jouez. Tout est mis en scène avec soin - où on vous trouvera, et comment on vous trouvera." Puis il ajouta : "Mais il n'y aura qu'une représentation." (...) Au cinéma, les gens passent leur temps à tuer, mais la raison pour laquelle on fait ces films, c'est que 99,9 % des spectateurs sont incapables de passer à l'acte. Et si c'est si difficile de tuer quelqu'un, quelqu'un que vous avez toutes les raisons du monde de vouloir détruire, imaginez la difficulté de réussir à se tuer soi-même."

(Philippe Roth, Le rabaissement, Gallimard, septembre 2011)