31.7.05

Suggestions




Ai commencé le classement de ma documentation. Le plus long reste à faire, un tableau excel avec identification et localisation des informations... Quelques nouvelles de notre énigme linguistique "cane". Jérome me fait une suggestion : "pourquoi "cane" ne serait pas tout simplement une boîte de conserve, après il faut voir le format : les grosses boîtes d'haricots, boîte de soupe, ou beaucoup plus petite genre boîte de tabac à priser, boîte de cachous pouvant contenir autres choses."

Quant à Sylvain Gire, il confirme la proposition de Franck : Tout ce que je peux dire avec mes connaissances parcellaires, c'est que "cocaine" se prononce en américain co-cane, et que donc, oui, "cane" pourrait être un diminutif argotique de cocaïne (une apocope, donc, ou une aphérèse, je les confonds tout le temps et c'est pas pratique pour s'orienter)." [Piqure de rappel : dans le cas présent, il s'agit d'une aphérèse, chute d'un phonème ou d'un groupe de phonèmes au début d'un mot, exemple pitaine pour capitaine. L'opposé est l'apocope, chute à la fin d'un mot comme télé pour télévision.]

Concernant un monde rigalien ou rigaltien, c'est l'écrivain et correcteur Jacques Barbaut qui répond à cette interrogation cruciale :

"Jean-Luc Bitton, cher

Voici pour les autres finales en " O " :

-- pour Hugo, on dit " hugolien " (la puissance hugolienne) ;

-- pour Blanchot, " blanchotien " (une écriture blanchotienne)

(mais pour Marot (Clément), on dit " marotique ") ;

-- pour Rimbaud, on dit " rimbaldien " (une dérive rimbaldienne) ;

-- pour Queneau, " quenaldien " (des calculs quenaldiens).


Pour Rigaut, " rigaltien " me semble donc approprié, et aussi plus racé
(le mythe rigaltien) ; mais à toi d'imposer, de forger, de forcer ce
néologisme : " rigautique ", voire " rigautesque ", à ta convenance et selon
tes humeurs.

Au fait, connais-tu cette affirmation de Scutenaire (le grand auteur
de " Mes inscriptions ") :

" Je ne suis pas scutenairien, c'est bien plus fort : Je suis Scutenaire ! "


voici le simple résultat de mes cogitations dominicales pré-aoûtiennes

bien à toi, beaucoup (ou ma modeste contribution pour répondre aux
interrogations bittonniennes)


Jacques Barbaut -- compagnon du " bord de l'eau "


autres questions :
si, pour Charlot, on dit "chaplinesque ",
pour Artaud, que dit-on ?
et pour Harpo, Chico & Groucho ?..."

30.7.05

rimbaldien


Pierre de Massot à Pontcharra en 1928
@archives Fabrice Lefaix

Le 8 novembre 1929, Pierre de Massot apprend la mort de son ami Jacques Rigaut. Dans son "Cahier noir", un journal inédit, il note : « Je donne comme épitaphe à Lord Patchogue la phrase du Voyant : « Je suis réellement d'outre-tombe, et pas de commissions. » (Rimbaud)

Question : rigalien ou rigaltien?

28.7.05

"I want my cane" (suite)



En avant-première sur le blog Rigaut, la couverture du livre "Dada, la révolte de l'art" qui paraît à la rentrée dans la collection Découvertes chez Gallimard. Remerciements à Marc Dachy.

Concernant l'énigme linguistique du mot "cane", Franck me propose quelques réponses par mail :

to cane it :
a- s'enivrer
b- se sauver à toutes jambes
c- se battre à coups de bâton

cane - n. Raccourci de cocaïne.
"And if the street don't know/You're full of slang
cane pain"--U-God(Spot Rusherz[1995]).

came c'est l'héro, cane viendrait plutot de la fin du mot
un diminutif..

27.7.05

Enigme linguistique



Le 9 septembre 1924, J.R. envoie à une amie new-yorkaise un télégramme au contenu sibyllin : " I want my cane eh bien". "Cane" en anglais signifie canne, dans le contexte, ça ne fonctionne pas... Message codé, private joke? J'ai pensé évidemment à un mot d'argot américain relatif aux stupéfiants, le plus approchant trouvé dans un dictionnaire spécialisé, c'est le mot "can" (ounce of marihuana) ou "came" (cocaïne). Par ailleurs, le "Negro" poète américain Jean Toomer, l'un des représentants de la culture afro-américaine à NYC et du mouvement "The Harlem Renaissance", publie en 1923 son premier recueil de poésies dont le titre est "Cane"... A New York, aucun bibliothécaire n'a été capable de me donner la traduction précise de ce mot, rien dans les essais consacrés à Toomer. Bref, une énigme linguistique à résoudre...

Extrait du poème "Cane" de Jean Toomer

Wind is in the cane. Come along.
Cane leaves swaying, rusty with talk,
Scratching choruses above the guinea's squawk,
Wind is in the cane. Come along.

25.7.05

Mademoiselle Farnoux





Appel de Marc Dachy. Il est en train de relire les épreuves de ses archives Dada qui seront publiées en octobre prochain chez Hazan. 800 pages de textes (dont beaucoup d'inédits) et d'iconographies! Une somme dadaïste qui représente 20 ans de recherches... Il me demande une photographie de J.R. pour son encyclopédie. Nous nous retrouvons au Sélect pour une discussion à bâtons rompus. Il me signale un texte de Desnos ("Nouvelles Hébrides") dans lequel J.R. est mentionné. Doit m'envoyer un exemplaire de sa revue Luna Park.

Acheté (23 euros tout de même...) à la librairie Ciné Reflet le numéro 30 de "L'Avant-Scène" du 15 octobre 1963 où est publié le scénario in extenso du "Feu follet". On y trouve également l'article d'Antoine Blondin : "Nous sommes Alain". Je relis avec plaisir le découpage et les dialogues du film en songeant que je dois relancer Alexandra Stewart (Solange) pour notre entretien et contacter également Yvonne Clech qui tenait le rôle de Mademoiselle Farnoux.

Mademoiselle Farnoux : "Vous êtes rentré au jour. Il y a de belles personnes qui ont dû être bien heureuses de vous revoir."

Alain : "Les belles personnes ne sont pas difficiles."

Mademoiselle Farnoux : " Vous, vous êtes difficile."

20.7.05

"Parlez pour moi"



Suis passé sur le tournage du film "Le pressentiment", une adaptation du roman d'Emmanuel Bove portant le même nom. [Voir post du 8/07/05] Jean-Pierre Darroussin qui réalise le film et joue le rôle principal est très concentré. Entre deux prises, il me confie avoir pleuré à la fin de la biographie de Bove. Je ne pouvais rêver plus beau compliment. Je me souviens avoir aussi versé quelques larmes quand j'écrivais les dernières pages de "Emmanuel Bove, la vie comme une ombre". Des larmes d'émotion de revivre mot à mot la triste mort de l'auteur de "Mes amis", des larmes de bonheur également d'être arrivé au terme d'un travail de sept ans et d'avoir respecté les dernières volontés de mon ami Raymond. Tous les biographes au long cours doivent partager ces mêmes sentiments de joie et de tristesse au moment de la dernière ligne.




Ai reçu un mail de Fabrice Lefaix, responsable de l'Association pour l'Étude de Marcel Duchamp qui publie la très belle revue "Etant donné". F. Lefaix a eu l'excellente idée de créer un blog autour de l'Oeil Cacodylate, ce fameux tableau de Picabia constitué principalement de signatures et dédicaces des connaissances (dont Jacques Rigaut) du peintre. Cette oeuvre collective sera refusée au salon des Indépendants. L'histoire de l'Oeil Cacodylate est passionnante. Dans son blog "Au temps de l'Oeil Cacodylate", Fabrice Lefaix nous invite à suivre cette histoire à travers un "panorama bio-icono-bibliographique des soixante signataires de l'Oeil Cacodylate". Un blog très instructif qui regorge de documents inédits (photos, infos...) provenant des recherches effectuées par Lefaix. A découvrir!

Fouillé aujourd'hui le fonds Man Ray (l'un des signataires du Cacodylate) à la bibliothèque Kandinsky. Importante correspondance, peu de lettres des années 20 malheureusement... ai tout de même mis la main sur un lettre en anglais de Jacques-Emile Blanche à Man Ray qui mentionne J.R. : "Thousand thanks for the beautiful photographs which Jacques Rigaut brouhgt my house." Les archives de Man Ray sont dispersées à travers le monde entier, dans des collections privées et publiques, d'où la difficulté d'y accéder. Je dois relancer le collectionneur Timothy Baum à New York qui m'avait dit au téléphone être "certainement le seul Américain à connaître Jacques Rigaut".

16.7.05

Dîner de famille chez les Mauriac


Drieu et Rigaut à Guéthary en 1924 ou 1925

Chaque bibliothèque a ses avantages. Celle du centre Pompidou est ouverte à tous, presque tous les jours, jusqu'à 22H... et les photocopies sont en libre service. A la bibliothèque Kandinsky spécialisée en art (toujours au centre Pompidou), les appareils photos numériques sont autorisés. Le chercheur va de l'une à l'autre au gré de ses besoins et de ses humeurs... Ne pas hésiter à varier pour éviter la lassitude. Ai entamé la laborieuse collecte de tout ce qui a été écrit sur Rigaut. On trouve des perles dans ces écrits qui se résument parfois à une citation ou mention comme celle de Claude Mauriac dans son Journal-fleuve "Le temps immobile" : " Vémars, mardi 14 juillet 1931 (...) Le soir, à table, papa parle de Katherine Mansfield et de Rigaut." Un peu court jeune homme!

12.7.05

Vacances permanentes



Henri Calet à Vence en mai 1956



Chaque fois que j'entends le mot vacances, je pense au premier film de Jarmush,"Permanent Vacation" (1980), une errance estivale dans un New York lunaire où l'on suit un adolescent à la dérive, étranger au monde du travail, sans toit ni attaches. Cette scène inoubliable dans laquelle Chris Parker danse autour d'un Teppaz, écoutant en boucle le même morceau.

Si vous cherchez un magazine à lire au bord de l'eau, je vous conseille le numéro d'été du Matricule des anges. Ce "mensuel de la littérature contemporaine" propose à ses lecteurs un important dossier sur l'écrivain Henri Calet. Ce spécial Calet a été concocté par Philippe Savary avec l'aide précieuse de Jean-Pierre Baril qui nous (ra)conte Calet dans un long et passionnant entretien : "Calet est tout entier traversé par cette horreur du temps qui passe, du temps fracassé. C'est ce qui fait sa mélancolie et sa grande tristesse".

Bonnes vacances permanentes à tous, à ceux qui partent et à ceux qui restent. Je passerai les miennes avec Jacques Rigaut.

10.7.05

Jusqu'au bout



Ai repris mes journées de labeur à la Bibliothèque nationale. A New York, j'avais repéré des travaux universitaires canadiens autour de Dada. Je comptais les faire venir par l'intermédiaire de la BN. La bibliothécaire de la bibliographie générale m'annonce l'absence de liaisons avec l'étranger. Je devrai passer par d'autres chemins. Eric Stetten m'avait signalé un texte de J.M.G. Le Clézio sur J.R. En fait je posséde la première page ce (très beau) texte dans ma documentation mais j'en avais oublié l'existence... d'où l'importance de classer et d'identifier chaque document, un travail supplémentaire mais qui me sera grandement utile pour la suite de mes recherches et surtout lors de l'étape cruciale (mais libératrice) de la rédaction. Je trouve donc le texte complet à la BN mais la personne affectée au service des photocopies juge que le document est trop fragile pour être photocopié. Une heure après une autre personne du même service effectuera les photocopies. Tout ça est de bonne guerre...mais la direction de la BNF devrait agir rapidement pour une politique de numérisation des documents ou d'assouplissement des régles comme par exemple autoriser les chercheurs à effectuer des reproductions à l'aide d'un appareil photo numérique (voir photo ci-dessus prise à la National Public Library de New York). Une politique d'autant plus urgente que les fondateurs de Google ont déjà passé des accords avec les principales bibliothèques américaines pour numériser quinze millions d'ouvrages en six ans...

Extrait du texte de Le Clézio :

"(...) Jacques Rigaut n'a pas fini de troubler notre monde. (...) Un héros est un homme qui accomplit quelque chose, jusqu'au bout. Il y a des héros en mal comme en bien. Jacques Rigaut est un héros de la négation. (...) Mais Rigaut est un homme vivant. Il y a quelque chose d'autre en lui, quelque chose de mystérieux, un charme, une grâce, qui font qu'il est beaucoup plus qu'un mathématicien de la mort."

8.7.05

La valise de J.R.



Une bien belle journée... Tout d'abord une longue conversation téléphonique avec le comédien Jean-Pierre Darroussin qui réalisera une adaptation cinématographique du roman "Le Pressentiment" d'Emmanuel Bove. C'est lui également qui interprétera Charles Benesteau, l'anti-héros du roman qui décide de tout quitter, famille, amis, travail, pour entamer une nouvelle vie. Qui n'a jamais eu ce fantasme de disparaître pour resurgir ailleurs? Il m'invite à venir sur le tournage qui commence dans une dizaine de jours. C'est la première fois que Bove est adapté pour le grand écran. Chapeau bas!

Pas mal de monde pour la projection (entre autres) des films de Man Ray au cinéma Le Panthéon. J'y retrouve Stéphane et Mathilde, mais également Béatrice Mousli (la biographe de Valery Larbaud et de Max Jacob) avec laquelle je communiquais depuis un an par e-mails. Deux anecdotes amusantes (voires troublantes) de cette soirée. Le film "Emak Bakia" où apparaît J.R. est projeté inversé. Le générique et le carton (La raison de cette extravagance) qui annonce l'arrivée de Rigaut sont illisibles. Clin d'oeil involontaire aux effets d'inversion de Man Ray... Enfin, à la sortie du cinéma, un certain Jean-Pierre M. m'affirme être l'heureux possesseur de la valise de J.R.! D'après Mathilde qui connaît ce monsieur aux allures de dandy, cette incroyable affirmation pourrait se révéler véridique. J'ai envie de mettre tous ces heureux hasards qui émaillent mes recherches sur le compte du fameux phénomène de la synchronicité décrit par le psychiatre Carl Jung : " Il y a longtemps déjà que le problème de la synchronicité m'occupe : de façon sérieuse, plus précisément depuis le milieu des années 20, le temps où, étudiant les phénomènes de l'inconscient collectif, je rencontrais sans cesse des connexions séries ou thèmes groupés que je ne parvenais plus à expliquer par le hasard. Il s'agissait en effet de coïncidences dont l'apparition présentait un tel caractère de sens que, dans leur cas, l'improbabilité de hasard ne pourrait s'exprimer que par un nombre d'une grandeur immense. "

1.7.05

Fichez-moi la paix!






Mathilde et Stéphane me signalent la projection exceptionnelle du cinépoème "Emak Bakia" ("fichez-moi la paix", en basque) de Man Ray dans lequel Rigaut fait une apparition fulgurante. Ce sont les seules images animées connues de J.R., à ne pas rater donc. Cette projection aura lieu le jeudi 7 juillet 2005 à 19H au cinéma Le Panthéon / 13, rue Victor Cousin 75005 Paris. Métro Luxembourg. Vous pouvez consulter le programme détaillé de cette soirée sur le site de CinéDoc.