Annie Le Brun détestait les anniversaires et commémorations, elle avait refusé de participer aux préparatifs du centenaire du surréalisme. En revanche, elle avait accepté de rééditer ce recueil de 465 citations surréalistes, comme des « balises lumineuses » qui nous invitent à changer de chemin, 465 preuves irréfutables que « non seulement il était une fois mais que toujours il sera une fois ». Des preuves qui nous questionnent et nous rappellent qu’il nous appartient d’énoncer urgemment « la médiocrité de notre univers ». C’est le premier livre posthume d’Annie Le Brun, il y en aura d’autres, quelques jours avant sa disparition qui nous a laissés esseulés en plein milieu de l’été, Annie finalisait un livre sur l’intelligence artificielle. En attendant, lisons ces mots qui font l’amour en compagnie de Rigaut (« Je vous aime assez pour n’avoir rien à vous dire »), Breton (« Le cœur humain, beau comme un sismographe »), Cravan (« Désirs, vous m’avez laissé à moitié mort sur une chaise » et de bien d’autres.