19.5.05

L'absent




En février 1925, dans le N° 2 de "La Révolution surréaliste", les membres du mouvement surréaliste répondent à une question qui les taraude depuis longtemps : "Le suicide est-il une solution?". Rigaut est à New York. Ses anciens amis n'ont pas pu ne pas penser à lui en ouvrant cette enquête à laquelle il avait déjà repondu à maintes reprises dans ses textes et déclarations.

"Le suicide est, quoi qu'on veuille, un acte-désespoir ou un acte-dignité. Se tuer c'est convenir qu'il y a des obstacles effrayants, des choses à redouter, ou seulement à prendre en considération." (Procès Maurice Barrès)

"Il n'y a pas de raisons de vivre, mais il n'y a pas de raisons de mourir non plus. Le seule façon qui nous soit laissée de témoigner notre dédain de la vie, c'est de l'accepter. La vie ne vaut pas qu'on se donne la peine de la quitter." (Je serai sérieux...)

"Je suis un homme qui cherche à ne pas mourir." (Pensées)

Dans cette même enquête, on notera la réponse de son ami René Crevel qui mettra fin à ses jours le 18 juin 1935 : " Une solution? ...oui. (...) Les réussites humaines sont monnaie de singe, graisse de chevaux de bois. Si le bonheur affectif permet de prendre patience, c'est négativement, à la manière d'un soporifique. La vie que j'accepte est le plus terrible argument contre moi-même. La mort qui plusieurs fois m'a tenté dépassait en beauté cette peur de mourir d'essence argotique et que je pourrais aussi bien appeler timide habitude. (...)"

Tentative de négociation avec les archivistes intransigeants, en vain. Ils ne veulent pas déroger à la règle qu'ils ont établie : ne rien communiquer. Point de méchanceté dans cette attitude rigide, juste une méfiance concernant l'utilisation des informations divulguées. Ils évoquent la crainte d'éventuels procès des ayants droit. Je leur dis que nous devrons trouver un terrain d'entente puisqu'il s'agit d'archives publiques. Et que la décision finale appartiendra à la direction des archives de France que je devrai solliciter s'ils s'obstinent à me refuser l'accès à leur fonds d'archives. A suivre encore une fois...