16.10.07

Un village


Entrée d'Angoisse par Edouard Levé

"L'écrivain plasticien Edouard Levé se serait suicidé
lundi 15 octobre en soirée. Peu de temps auparavant,
il a remis à son éditeur P.O.L. (qui aurait beaucoup
aimé) un manuscrit retraçant un suicide dont tous les
détails se sont révélés volontairement prémonitoires
donc précisément mis en acte..." (courriel de F.C.)

"Adolescent, je croyais que La Vie mode d'emploi m'aiderait à vivre, et Suicide mode d'emploi à mourir. " (Edouard Levé)


Presque simultanément, deux amis ce soir m'apprennent le suicide d'Edouard Levé. Je l'avais croisé plusieurs fois sans oser lui dire que son travail me plaisait. Il avait entre autres réalisé une série de portraits homonymes d'artistes et d'écrivains avec prénoms et noms trouvés dans l'annuaire comme celui d'Emmanuel Bove...

"Cherchant son chemin sur un atlas routier, une amie remarque un village nommé Angoisse. L'atlas refermé, elle ne parvient pas à le retrouver.Un mois plus tard, je me rends dans un bureau de poste. Je retrouve Angoisse. Je m'y rends. J'y passe trois jours. Je photographie les lieux : l'entrée d'Angoisse, l'école d'Angoisse, les maisons d'Angoisse. Le terrain de sports d'Angoisse, la base de loisirs d'Angoisse, la discothèque d'Angoisse...Rien d'extraordinaire si ce n'est le nom. Ce village français est moyen : un archétype sans qualités comme en traversent souvent les routes départementales.Pourtant, à regarder de plus près ces rues vides, ces maisons aux façades muettes, ces abords neutres, il suffit de prononcer "Angoisse" pour que les choses se parent d'une inquiétante étrangeté.
Le village entier obéirait-il à son nom comme une injonction ?" [Edouard Levé)