Le choix de Jean
Octobre 2003, Jean Aebischer, 59 ans, est atteint de tumeurs cérébrales incurables. En stade terminal du cancer, certes, mais pas diminué. Excepté des moments de grande fatigue, il ne ressent aucun symptôme. Il vit presque normalement dans sa maison à Fribourg, en Suisse. Il sort un peu avec sa jeune compagne, Dan, et passe beaucoup de temps en consultation à l’hôpital. Sans espoir de guérison, Jean a pris sa décision : il veut choisir le moment de mourir. Mourir avant de perdre connaissance ou de tomber dans le coma. Mourir avec l’aide d’une association, puisqu’en Suisse l’assistance au suicide a été dépénalisée. Un nouveau diagnostic de ses médecins, prévoyant l’altération prochaine de ses fonctions vitales, va accélérer la mise en œuvre de sa décision.
Il y a dans cette poignante chronique des derniers mois de la vie de Jean des scènes surréelles comme celle du calendrier : avec le Dr Sobel de l’association Exit qui l’accompagne dans cette démarche, Jean fixe la date de son suicide sur un calepin. Après les fêtes de Noël, mais pas trop tard non plus : le 6 janvier 2004. Et bien sûr sa mort, dans la douceur, avec ses derniers mots à Dan : « J’aurais jamais cru que c’était aussi bien. » Acte militant ? Oui, même si Jean ne cherche à convaincre personne. Dignité extrême, liberté et courage surtout. Sans voyeurisme, Stephan Villeneuve et Stéphanie Malphettes ont filmé la fin de la vie et la mort de Jean, mais aussi son amour de la vie quand elle est belle… Ce magnifique film, sobre et bouleversant, aurait mérité d’être accompagné d’un débat.
(Emmanuelle Skyvington)