9.1.08

What else?



Mon cher éditeur est "ennuyé" par ma demande de rallonge financière concernant mes frais et me fait remarquer (injustement) que j'ai du retard dans la remise de mon texte. Nul besoin d'une calculette pour comprendre qu'en dépit de généreux a-valoirs, dans le cas d'un travail éditorial au long cours, c'est principalement l'auteur qui finance son ouvrage. Aux Etats-Unis, certains éditeurs salarient les biographes, mais nous ne sommes pas aux Etats-Unis et c'est tant mieux pour la plupart d'entre nous. Réaliser la biographie d'un écrivain qui n'a presque rien laissé derrière lui est une gageure mais également un combat long et difficile qui demande un engagement total. Avec mon regretté ami Raymond Cousse, nous avions déjà combattu pour Emmanuel Bove dont on ne savait rien. Je me souviens qu'un "journaliste parisien connu" avait eu l'éphémère velléité de réaliser cette biographie de Bove. Raymond l'avait malicieusement invité à venir lui rendre visite dans sa campagne. L'autre n'avait pas eu la politesse de se déplacer, comprenant avec effroi qu'il aurait fallu qu'il se donne corps et âme à de laborieuses recherches pendant plusieurs années. On me pose souvent la question : pourquoi Jacques Rigaut? pourquoi lui? Souvent ma réponse est une question : pourquoi pas lui? Mon cher éditeur me demande de le rassurer alors que je lui demandais de me soutenir. João Pinto de Figueiredo (1917-1984) a attendu d'avoir soixante ans pour publier deux biographies dont il avait accumulé les matériaux pendant toute son existence. La première s'intitule "La vie de Cesário Verde", un poète portugais. Quant au second et dernier livre, "La Mort de Mário de Sá-Carneiro", il s'agit également d'une biographie d'un autre poète portugais, ami de Pessoa. Bref, une vie d'auteur qui s'achève sur deux livres magnifiques d'une évidente chronologie. Mário de Sá-Carneiro est né à Lisbonne en 1890. Le 26 avril 1916, dans un hôtel parisien, il enfile son smoking, avale de la strychnine et attend la mort. Extrait de "La Mort de Mário de Sá-Carneiro" : " (...) son bref passage sur la terre, aussi dramatique que celui d'un Vaché, d'un Rigaut, ces spectateurs désenchantés de la folie de leur époque, qui n'ont vécu que pour se détruire." What else? Merci à Bertrand Delcour qui m'a conseillé cette lecture.