8.3.08

L'ami américain à Paris


Jacques Rigaut par Man Ray, 1922

PARIS (AFP) - Peintures, sculptures, photographies, objets, dessins... L'exposition "L'Atelier Man Ray" à La Pinacothèque de Paris présente jusqu'au 1er juin toutes les facettes de cet artiste américain façonné par le dadaïsme et le surréalisme.Man Ray, né à Philadelphie en 1890 et mort à Paris en 1976, est surtout connu du grand public pour son travail de photographe - portraits d'artistes ou la célébrissime photo de 1924 de Kiki de Montparnasse, dont le dos nu est orné vers le bas de deux ouies de violon.

L'exposition, qui rassemble près de 250 oeuvres, suit les quatre grandes étapes de la vie américaine et parisienne de Man Ray, vite fasciné par l'avant-garde artistique européenne. Sa rencontre à New York en 1915 avec Marcel Duchamp et Francis Picabia fut déterminante.

Avant même de venir s'installer en France en 1921, ses premières oeuvres sont déjà marquées par l'influence du cubisme ou du dadaïsme comme sur un autoportrait de 1916 (lithographie) où son visage est "remplacé" par une main rouge. Son folio "Portes tambour", dont la première page est une baguette de pain bleue, en est un autre exemple.

Dès le départ également, il fait vagabonder son imagination débordante sur tous les supports: photos, lithographies, collages, peintures, clichés-verre, pièces d'échecs, fer à repasser et passoire compris.

Quand Man Ray (né Emmanuel Radnitsky) s'installe à Paris -en 1921 puis définitivement en 1951-, "il va être accepté comme artiste à part entière. On le laisse devenir sculpteur, peintre etc, ce qui n'était pas le cas aux Etats-Unis", explique Françoise Kunzi, directrice adjointe de la Pinacothèque. "Man Ray comprend que la France c'est la liberté", résume-t-elle.

Duchamp présente Ray aux dadaïstes parisiens. Il croisera aussi pêle-mêle le couturier Paul Poiret, Jean Cocteau ou Erik Satie.

Les artistes passent devant son objectif comme Picasso dont le profil semble en relief. La photo "Les Surréalistes" où prennent la pose notamment Breton, Tzara, Dali, Ernst, Tanguy, Eluard.. et Man Ray, est un témoignage unique du bouillonnement intellectuel du moment.

"Noire et blanche" (1936), tête de Kiki couchée sur une table à côté d'un masque africain Yorouba, symbolise son amour des femmes, nombreuses dans sa vie et ses inspirations.

L'idée étant plus importante que l'oeuvre, il s'attachera souvent à reproduire un même thème comme la sculpture d'Herma, un bronze de 1919, dont les mouvements sont repris dans une lithographie de la même année "Les trois nus".

Le fameux Violon d'Ingres, photo noir et blanc au départ, est devenue en 1969 une lithographie couleurs. Le thème de l'abat-jour se retrouve à la fois dans une encre sur papier, en carton ondulé ou épreuve gélatino-argentique.

L'oeuvre de Man Ray peut être également admirée à la Tate Modern de Londres où se déroule jusqu'à fin mai une exposition consacrée au trio dadaïste Marcel Duchamp, Man Ray et Francis Picabia.

(Pinacothèque de Paris, 28 place de la Madeleine, 75008, tlj de 10h30 à 18h00, entrée 7 euros)